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Rencontre avec Mejdi Schalck, la révélation de cette saison 2023 !

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Mejdi Schalck est incontestablement l’homme de ce début de saison 2023. Après avoir décroché le titre de Champion de France, notre jeune tricolore brille maintenant à l’international. Au Japon, lors de la première Coupe du Monde, Mejdi décrochait la médaille d’or, la deuxième de sa jeune carrière. Une semaine plus tard, il prouvait au monde entier que cette victoire n’était pas due au hasard, en remportant de nouveau l’or en Corée du Sud.

Deux Coupes du Monde, deux victoires. Les mathématiques sont plutôt simples avec Mejdi. Le grimpeur de 19 ans a réussi son début de saison au point de s’affirmer comme l’actuel numéro 1 mondial. L’équipe japonaise est sous le choc. La meilleure nation du monde n’a pas encore réussi à détrôner notre jeune français, qui s’impose aujourd’hui comme l’un des grands espoirs de médaille en vue des J.O de Paris 2024.

Nous sommes donc allés à la rencontre de Mejdi Schalck, afin d’en apprendre plus sur les dessous de ces performances. Entretien.


Mejdi, par où commencer… Tu remportes les deux premières Coupes du Monde de la saison de manière magistrale. T’attendais-tu à un tel démarrage en trombe ?

Non, c’est sûr que je ne m’attendais pas à un tel démarrage ! Même si avant les étapes je sentais que j’étais très très en forme, c’est dur de dire que je m’y attendais.

Tu commençais déjà fort l’année 2023 en remportant le titre de Champion de France. Est-ce que cette victoire t’a mise en confiance pour la saison internationale ?

Oui, ce titre m’a mis en confiance et m’a encore plus motivé pour aller de l’avant, car il m’a montré que j’étais sur la bonne voie au niveau de ma préparation.

La première Coupe du Monde de l’année n’est jamais simple à aborder. Après la trêve hivernale, difficile de jauger de son niveau par rapport aux meilleurs mondiaux. Dans quel état d’esprit as donc tu abordé la première étape au Japon ?

Comme je le disais, je me sentais bien en forme avant cette tournée asiatique, mais forcément il y avait un peu d’appréhension. Tout d’abord concernant mon niveau par rapport aux autres, et ensuite au niveau de mon escalade, car j’avais vraiment envie de grimper avec les crocs et la même fougue qu’avant.

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Tu as pourtant eu chaud lors des qualifications de cette Coupe du Monde, où tu prenais l’avant-dernière place qualificative de ton groupe. Comment as-tu rebondi ?

Personnellement, je n’ai pas vu ça comme un “rebondissement”. Après le tour de qualification où je passe à côté d’une zone (que je rate en faisant une erreur de méthode) je sentais que comparé au niveau global, j’étais largement capable de rivaliser avec les meilleurs. Forcément, j’avais envie de montrer que ce n’était pas ma place et ça m’a mis dans un bon mood pour la demi-finale.

C’est sûr qu’en passant dans les premiers grimpeurs de cette demi, j’avais moins de pression, les prises étaient propres etc. Mais j’ai quand même réussi à très bien grimper, en étant à 100% et à fond dans chaque bloc !

Lorsque tu es en finale, tu sembles plongé dans un autre état. Tu es extrêmement concentré, ton regard est intense, tu parais presque possédé. Comment fais-tu pour plonger dans cet état ?

C’est vrai que très souvent, voire même presque tout le temps, pendant les finales, j’arrive à me mettre dans un état de “grâce” où je grimpe au-dessus de mon niveau. Je pense que c’est dès qu’il y a un peu d’ambiance et de public, je suis très réceptif à ça, et là où certains voient ça comme une pression, moi ça me pousse vraiment positivement.

Tu es monté sur le podium avec ton acolyte Paul Jenft, pour qui c’était le premier podium en Coupe du Monde. Est-ce que cela a décuplé le goût de ta victoire ?

Oui c’est sûr ! C’était quelque chose qui nous tenait vraiment à cœur. On était passé à rien l’année passée à Meiringen et on l’avait un peu gardé en travers de la gorge haha.

Quand on regarde quelques années en arrière on a fait énormément de chemin ensemble et ce podium est un vrai accomplissement pour nous deux.

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Une semaine après s’enchaînait la deuxième manche de la saison. Bien sûr, tous les regards étaient rivés sur toi… Et là, tu réitères l’exploit, en trustant d’abord la première place des qualifications, puis la première des demi-finales (qui faisait office de finale). Un moment incroyable ! Raconte-nous cette compétition ? Comment l’as-tu vécu ?

Après ma première victoire, je savais que la deuxième étape allait vite arriver et j’ai fait l’effort de directement switcher mentalement sur la compète qui arrivait (même si j’ai quand même pris le temps de savourer, je ne suis pas un robot haha). 

L’année dernière, après avoir gagné à Salt Lake City, je me suis un peu laissé submerger par la victoire et j’ai eu beaucoup de mal à me mettre dedans sur la compétition suivante, je m’étais mis de la pression et je n’avais pas non plus totalement récupéré physiquement. Cette fois-ci, j’ai pris ça comme un “défi” et je voulais me prouver que c’était possible de gagner deux fois d’affilée. Je voulais aussi montrer que je n’avais pas gagné sur un hold-up à Hachioji.

Comment expliques-tu ces résultats ? Penses-tu avoir débloqué quelque chose mentalement ? Est-ce dû à une progression physique et/ou technique cet hiver ?

Je me suis énormément entraîné pendant tout l’hiver, chaque jour j’étais à 300% et j’ai mis beaucoup de rigueur et de discipline dans mon entraînement. Je pense que ce sont premièrement les efforts qui payent, mais il y a forcément aussi de l’expérience qui se crée et j’arrive à gérer de mieux en mieux la pression en compétition.

Après le podium, tu disais ne pas réussir à réaliser ce qu’il se passait. Y arrives-tu maintenant ?

Oui, je commence à redescendre de mon petit nuage, même si parfois quand j’y repense ça me semble encore fou. 

Après tes victoires, est-ce que des grimpeurs comme Tomoa Narasaki ou d’autres grimpeurs japonais sont venus te voir ?

Oui, forcément ils sont venus me féliciter, comme moi je les aurais félicités s’ils avaient gagné. 

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Tu es maintenant dans le viseur de tous les grimpeurs comme étant « l’homme à abattre ». Comment gères-tu ce statut ?

C’est un statut auquel j’ai déjà fait face quelques fois depuis que j’ai commencé la compétition, que ce soit en jeune ou en senior au niveau national (par exemple aux championnats de France 2022).

C’est forcément quelque chose qui allait arriver, mais je pense que ce n’est pas quelque chose qui doit me préoccuper l’esprit. La seule chose sur laquelle je dois me concentrer, c’est ma grimpe et mon état d’esprit.  

Tu es rentré en France il y a peu, as-tu fêté tes victoires avec tes proches ?

Oui, j’ai brièvement eu le temps de rentrer voir ma famille. Avec tous ces déplacements, c’est assez compliqué de trouver du temps pour profiter de ma famille et de mes amis, mais j’essaye de libérer du temps au mieux.

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La prochaine Coupe du Monde aura lieu à Salt Lake City, l’endroit même où tu as remporté ta première médaille d’or mondiale. Quel goût aurait une nouvelle victoire là-bas ? 

Eh bien malheureusement, je ne serais pas présent à Salt Lake City. Avec les très bons résultats sur les premières étapes j’ai fait le choix de prendre le mois de mai comme un mois d’entraînement pour la suite de la saison, étant donné que l’objectif principal reste les Championnats du Monde à Bern, il ne faut pas l’oublier !

Quel est donc ton programme de ces prochains jours ?

Après une petite semaine un peu plus tranquille pour me remettre du décalage et de la compète, j’ai repris l’entraînement en début de semaine et je suis en route pour quelques jours d’entraînement à Paris, avant de rentrer de nouveau à la maison.

Publié le : 12 mai 2023 par Nicolas Mattuzzi

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