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Micka Mawem nous raconte ses Jeux Olympiques !

Micka Mawem repars des Jeux Olympiques de Tokyo avec le sourire © IFSC

Micka Mawem a fièrement représenté la France lors des premiers Jeux Olympiques d’escalade à Tokyo. Après avoir remporté les qualifications, il terminait finalement 5ème de cette compétition, passant à un cheveu d’une médaille.

Tout juste rentré en France et alors qu’il prépare l’ouverture de sa salle d’escalade en Alsace, Micka Mawem a accepté de revenir en exclusivité pour nous sur cette folle aventure qu’ont été les J.O.


Alors Micka, comment te sens-tu après ces premiers Jeux Olympiques ?

Je me sens libéré, parce que ça fait beaucoup de temps qu’on s’entraîne spécialement pour cet objectif là avec mon frère, d’autant plus qu’avec le Covid, ça a rallongé encore plus la période d’entraînement. Donc oui, je me sens libéré. Et je peux maintenant passer à autre chose et à un autre objectif. Mais sinon, ça va plutôt bien et je suis très occupé en ce moment !

Raconte-nous comment tu as vécu la journée de repos entre les qualifs et la finale. Comment t’es-tu préparé ?

Entre les qualifications et la finale, la priorité c’était de récupérer du mieux possible pour être en forme. Le programme c’était donc : des bains froids, du sommeil, bien manger, faire des séances de kiné, etc etc… Récupérer était devenu ma seule priorité. J’ai aussi organisé un peu la suite avec mon frère, par rapport à sa blessure, parce qu’il y a du boulot à faire pour qu’il se remette vite et bien. Et j’ai aussi essayé de répondre à un maximum de personnes sur les réseaux sociaux, parce que dès les qualifications, il y a eu un engouement incroyable. Donc je ne me suis pas ennuyé !

Micka Mawem a brillé au pays du soleil levant © IFSC

Mentalement, ce n’était pas trop difficile avec ton frère blessé ?

C’est sûr que ce n’était pas facile de voir mon frère blessé après la qualif. Je l’ai vu après mon run de diff. Il n’était pas bien, c’était vraiment pas top. J’ai dû cacher tout cela devant les médias et faire comme s’il ne s’était rien passé. C’était vraiment dur. Mais avec Bassa, on va de l’avant depuis toujours, c’est-à-dire qu’on peut pleurer, on peut être déçu, on peut ressentir de la tristesse, mais tout de suite, on se projette vers l’avenir et on se dit « ok qu’est-ce qu’il faut faire ? ». Moi je devais me concentrer sur la finale, mais on a tout de même discuté ensemble sur la suite des événements pour Bassa: que faire ? Quand se faire opérer ? Où ? etc etc. On s’est tout de suite tourné vers l’avenir.


Je ne suis pas déçu du tout. Bien sûr, on veut toujours plus, mais je suis content de ma performance. »


En finale, la médaille ne se joue à rien… Pas de regret ?

Oui, la finale ne se joue à rien ! À seulement une petite place en bloc… Le combiné a fait que ça n’a pas été les grimpeurs les plus polyvalents qui ont été sur le podium. Les médaillés sont ceux qui ont remporté chacun une épreuve: Alberto, vainqueur en vitesse, Nathaniel, vainqueur en bloc et Jakob, vainqueur en difficulté. Il fallait donc remporter une discipline. Et je suis vraiment passé à pas grand chose de le faire, mais c’est le jeu de la compétition. Tout le monde s’est battu, tout le monde s’est entraîné pour avoir cette médaille. Je ne suis pas déçu du tout. Bien sûr, on veut toujours plus, mais je suis content de ma performance, je suis content de notre performance avec mon frère. Nous sommes allés loin dans cette compétition, on a fait vibrer tout le monde, on a vibré nous-même, il y avait plein d’émotions, tout était possible ! Et une cinquième place aux Jeux Olympiques ? Je n’ai pas à m’en vouloir : c’est top !

La médaille s’est peut-être jouée sur ce mouvement, dans le bloc 2 des finales, que Micka Mawem a presque réussi à contrôler © IFSC

La bonne entente entre grimpeurs était-elle la même que sur les autres compétitions ou est-ce qu’au contraire tu sentais de la rivalité ?

L’ambiance était top, on était en petit comité, j’étais presque surpris. C’était très amical, comme d’habitude et comme on le connaît en escalade. Ça reste une petite communauté, très familiale, basée sur l’entraide. Après, on sentait qu’il y avait un peu plus d’envie et un peu plus de stress que par rapport aux autres compétitions, mais ça ne changeait aucunement les rapports qu’on avait entre nous.


Je ressors des Jeux en me disant « ok, je méritais cette place là » et ça me booste à fond pour la suite ! »


Une petite anecdote à nous raconter sur ces J.O ?

Une petite anecdote ? On nous a pris pour des skateurs ! Avec Bassa nous avions tous les deux nos skates électriques et on se baladait comme ça dans le village olympique, qui était d’ailleurs immense ! Et c’était marrant, toutes les autres équipes pensaient qu’on était des skateurs, vu que le skate faisait sa première apparition aux Jeux Olympiques cette année. On avait donc la double casquette : skateurs et grimpeurs.

La cohésion entre les Frères Mawem est sans doute l’une de leurs plus grandes forces © Jon Glassberg / Louder than 11

Quel est ton plus beau souvenir ? Ta plus belle rencontre ?

Ces trois semaines passées avec le staff français, composé de Sylvain Chapelle, Cécile Avezou, Laurent Lagarrigue, Pascal notre kiné, Damien You et Pierre-Henri Paillasson, ainsi que les athlètes, Julia, Anouck et Bassa, vont rester gravées. On a passé des moments extraordinaires ensemble. Nous étions dans une bulle olympique tous ensemble et c’était génial. On a appris à se connaître encore plus et c’était vraiment top de vivre ça ensemble. Il y avait un gros objectif, certes, mais les à-côtés étaient top. Tous les japonais ont aussi été d’une aide énorme et précieuse.

Est-ce que ces J.O vont changer quelque chose pour toi ?

Pas énormément. Pour moi les Jeux Olympiques ont confirmé ce que j’ai toujours voulu avoir en compétition. Avec mon frère on s’entraîne énormément et on se considère comme des sportifs de très haut niveau. Et ce qu’on a vécu aux à Tokyo confirme tout le travail que l’on met en place chaque jour. Donc je ressors des Jeux en me disant « ok, je méritais cette place là » et ça me booste à fond pour la suite ! J’étais déjà motivé avant, mais là je le suis encore plus !

Pour Paris 2024, ça sera vitesse ou combiné bloc/diff ?

Pour Paris 2024, ça va être le combiné bloc/diff pour moi. J’étais tenté de me mettre au défi et de me concentrer exclusivement à la vitesse, mais aujourd’hui, le niveau est vraiment trop élevé pour que je puisse espérer en un an et demi ou deux ans rattraper les meilleurs et prétendre à une médaille. Donc je m’axe sur le bloc et la difficulté.

Micka Mawem n’a pas fini de clipper des dégaines : il se lance dans le projet Paris 2024 avec l’objectif de s’aligner au combiné bloc/difficulté © IFSC

Quel va être ton emploi du temps de ces prochaines semaines ?

Cette semaine c’était déménagement pour amener mes affaires en Alsace. Donc beaucoup beaucoup de boulot. Jeudi et vendredi, c’est grimpe au programme. Mais grimpe plutôt tranquille. Et à partir de lundi, je reprends l’entraînement, car il y a les Championnats du Monde en septembre à Moscou et je veux être en forme pour le bloc. J’espère pouvoir participer à l’épreuve de difficulté également, ce qui me permettra de lancer mon projet Paris 2024. Donc ça va être entraînement, peaufinage des détails et réaffûtage, parce que j’ai quand même bien profité ces derniers jours…

En même temps, je prépare l’ouverture de notre salle d’escalade avec mon frère. Normalement, le 1er septembre, on est à 97% sûr d’avoir notre salle de grimpe. Même si tout n’est pas encore signé, ça sent bon ! Donc je ne m’ennuie pas, je gère plein de projets. Je croule sous le boulot, mais j’aime ça !

Un dernier mot à ajouter ?

Comme d’habitude, je vais remercier tous mes partenaires: Arkose, AirBnB, la FDJ Sport Factory, Beal, Madrock, Nutrimuscle, Respire, Panda Tea, Up2it, PrivateSportShop et Seazon. Et aussi les personnes qui nous ont suivis, qui ont cru en nous, qui nous ont poussés, qui ont rêvé, et qui ont eu autant d’émotions que nous. Je vous remercie à fond !

Publié le : 12 août 2021 par Nicolas Mattuzzi

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