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Oriane Bertone décroche le titre de vice championne du Monde derrière Janja Garnbret !

© Vladek Zumr

« C’est la première fois que je grimpe dans une salle avec autant de monde. Je n’en reviens pas… Le Championnat du Monde était un gros objectif pour moi cette saison, et je suis heureuse de décrocher cette deuxième place ce soir« , déclare Oriane Bertone, fraîchement couronnée du titre de vice-championne du Monde de bloc 2023.

Nos Français ont continué de nous faire rêver ce soir. Depuis le début de la compétition, les tricolores ne cessent d’époustoufler la planète entière. Après l’incroyable performance de Micka Mawem et Mejdi Schalck, qui décrochaient hier les deux premières places du Championnat du Monde de bloc, ce sont maintenant Zélia Avezou et Oriane Bertone qui ont fait briller les couleurs de la France. Oriane, championne de France en titre, ajoute à son palmarès le titre de vice-championne du Monde de bloc, se classant juste derrière l’indétrônable Janja Garnbret, qui aura réalisé l’une des finales les plus époustouflantes de tous les temps.


Bloc 1 : une entrée tout en douceur 

Les finales féminines de ce Championnat du Monde 2023 s’ouvrent avec l’arrivée de notre Française Zélia Avezou. Elle qui s’était transcendée lors des demi-finales quelques heures plus tôt n’en est pas à son coup d’essai lorsqu’il s’agit de disputer un championnat mondial. En 2021, puis en 2022, elle avait décroché le titre de championne du monde jeune. Mais pour la première fois, elle dispute ce soir une finale mondiale dans la catégorie reine des seniors. Et Zélia démarre fort, en enchaînant le premier bloc à vue. Ça part bien pour l’équipe de France !

 

Comme toujours, Ai Mori ruse pour passer le bloc de la manière la plus statique possible. Sa souplesse lui permet d’atteindre le top lors de son premier essai. Ça passe aussi à vue pour Natalia Grossman et Oriane Bertone. Brooke Raboutou réussira à être encore plus statique que Mori. Elle offre une véritable démonstration de force pour atteindre la dernière prise tout en douceur, et rejoint les autres compétitrices au sommet du tableau.

Ayant compris que toutes les finalistes avant elle ont enchaîné ce premier passage à vue, Janja Garnbret ne veut commettre aucune erreur. Elle assure donc chacun de ses mouvements, quitte à forcer un peu plus que prévu. Elle ne se fera pas piéger et atteindra le top à son tour.

Ce premier bloc ne bouleversa donc pas le classement, puisque les six finalistes réaliseront toutes le même score.

© Vladek Zumr

Bloc 2 : concentration, précision et… action !

C’est dans le second bloc de ces finales que le match allait réellement commencer. Comme hier, direction le côté gauche du mur pour voir nos finalistes s’affronter dans le bloc le plus finaud de la soirée. Zélia met deux essais avant de valider la zone. Il faut dire que la prise est microscopique, courte de 2 centimètres à peine. Lors de son quatrième essai, elle tombe les doigts dans la prise finale. Là encore les ouvreurs se sont amusés à visser un double mono-doigt en guise de fin, qu’il faut viser à la perfection. Zélia le loupe mais descend le sourire aux lèvres. Elle a compris le mouvement et il lui reste encore quelques secondes pour pouvoir mettre un essai supplémentaire. Cette fois, notre jeune française arrive parfaitement dans la préhension et valide le bloc, pour le plus grand bonheur des 6000 spectateurs présents sur place.

Ai Mori passe ses quatre minutes à essayer d’atteindre la prise de zone, en vain. Elle perd l’équilibre au moment de se redresser sur le pied. Il en est de même pour Brooke Raboutou, qui lutte dès le départ dans ce bloc, ne parvenant pas à poser son pied gauche correctement. Les secondes défilent, et l’Américaine devient nerveuse. Lors de son sixième essai, elle réussira enfin à accomplir le mouvement, mais n’aura pas la chance d’aller plus loin, stoppée par le chrono. Il en sera de même pour sa compatriote Natalia Grossman. Au moment d’envoyer sur la prise finale, Natalia hésite, et manque la préhension. Il ne lui reste que 15 secondes au compteur et alors que le public a déjà tourné la tête, Natalia décide de s’élancer pour un ultime essai. Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle arrivera jusqu’au mouvement final, mais manquera la prise de nouveau.

Le premier essai d’Oriane est impressionnant. Elle est la première grimpeuse à valider la zone du premier coup, mais chute en manquant la prise finale. La voilà déjà repartie dans un second essai. Arf, ses doigts tapent à côté de nouveau. Que ce dernier mouvement est frustrant ! À peine redescendue, Oriane repart déjà sur le mur, prête à en découdre une troisième fois avec cette satanée prise finale. Cette fois, ses doigts arriveront précisément au bon endroit, et Oriane sera couronnée d’un top, acclamée par tout le public.

Comme Oriane, Janja Garnbret valide la zone d’entrée de jeu. Quelques secondes plus tard, la voici prête à s’élancer sur la dernière prise. La Slovène prend son temps et verrouille du regard la dernière prise, tel un sniper. Elle s’élance et ne rate pas sa cible, étant la seule concurrente à valider ce bloc à vue ! La foule est en délire.

J’ai beaucoup travaillé ce type de bloc parce que c’est le genre de mouvements qui me posaient parfois problème. Je me suis déjà sentie en difficulté lors de compétitions dans ce style et je ne voulais plus que ça se reproduise. J’ai donc bossé vraiment, vraiment, dur pour parvenir à un meilleur niveau et finalement je flashe cette dalle de finale, alors c’est énorme pour moi ! En retournant dans la zone d’isolement, j’avais en tête tous les entraînements et les efforts que j’ai donnés là-dedans.

Janja Garnbret

À ce moment des finales, un trio de tête se détache, dont fait partie nos deux Françaises. Elles comptent, avec Janja, un bloc de plus que les autres finalistes. Les coachs de l’équipe de France ne tiennent plus en place.

© IFSC

Bloc 3 : quand l’impossible devient possible…Le troisième bloc rythmera littéralement cette finale. Une première coordination permettait d’atteindre la prise de zone, un bac sur lequel il fallait se balancer de toutes ses forces pour ensuite effectuer une énorme coordination, mêlant mouvements de bras et de jambes.

Zélia atteint la prise de zone à son troisième essai et frôle, à trois reprises, la dernière prise, en vain. Pas très à l’aise dans ce style, notre Française repart tout de même le sourire aux lèvres, appréciant le moment. Elle est en finale des Championnats du Monde et n’y aurait jamais crû ce matin en se levant ! 

Face à ce bloc dans son anti-style le plus total, quelle(s) astuce(s) Ai Mori va-t-elle trouver pour shunter les mouvements dynamiques ? Impossible ! La Japonaise lutte et parvient tant bien que mal à atteindre la zone lors de son cinquième essai. Malheureusement pour elle, la coordination suivante est encore plus complexe et Mori retourne en isolement bredouille. Comme la Japonaise, Natalia Grossman est en difficulté dans ce bloc. Elle valide la zone au cinquième essai, mais tombe dans les premières prises de la coordination suivante, comme Brooke Raboutou. On prend alors conscience que Zélia Avezou a réalisé un run incroyable.

Tout s’accélère à l’arrivée d’Oriane. Dès son premier essai, elle atteint la zone, puis frôle le bac final. Le ton est donné, l’enchaînement semble n’être qu’une question de temps. D’ailleurs, en parlant de temps, un incident technique lié au chrono surviendra et Oriane sera renvoyée en isolement le temps que le problème soit résolu. Quelques minutes plus tard, c’est reparti. Oriane va-t-elle se remettre dans le rythme du bloc après son premier essai prometteur ? La réponse est oui ! De nouveau elle touche du bout des doigts la prise finale. Déterminée, elle s’élance pour un nouvel essai. Cette fois, elle s’envole et arrive à la perfection sur la première prise, puis la deuxième, la troisième et…….. la quatrième et dernière prise ! Oriane la tient fermement, le public est en feu, et notre Française est consciente de la performance qu’elle vient d’accomplir !

© Vladek Zumr

La performance de Janja Garnbret dans ce bloc sera tout droit sortie d’un autre monde. Aussi impossible que cela puisse paraître, la Slovène réalise la coordination tout en douceur, en s’arrêtant quasiment sur chacune des prises. C’est comme si elle avait grimpé au ralenti. Les ouvreurs l’assurent : cela semblait impossible ! Mais c’est là tout le génie de Janja Garnbret, qui rend possible l’impossible. 

Avant d’entamer le dernier bloc de ces Championnats du Monde, Oriane était donc deuxième du classement provisoire, devant Zélia et derrière Janja, qui figurait largement en tête après avoir réussi les trois premiers blocs à vue.

Bloc 4 : le sacre final

La finale s’achève au même endroit où étaient sacrés Micka Mawem et Mejdi Schalck hier soir. L’issue allait-elle être la même ?

Zélia tombe la main dans la prise finale lors de son premier run. « C’est bien Zélia », lui répète Nicolas Januel, entraîneur de l’équipe de France, qui l’encourage depuis le banc des coachs. Son deuxième essai sera identique. De nouveau, elle chute la main dans la dernière prise. La pression est à son comble : si elle fait le bloc, elle est assurée d’être sur le podium. Jusque dans les dernières secondes, Zélia donne tout, mais tombe à chaque fois sur le bac final, sans réussir à contrôler le balant.

Encore un jeté, ce qui n’est pas pour satisfaire notre Japonaise Ai Mori. Elle enchaîne les essais, mais ne réussira pas ce premier mouvement. Natalia Grossman, dangereuse dès son premier essai, tombe au dernier mouvement du bloc et se fera rattrapée par la gravité à cet endroit pendant ses quatre minutes. 

Comme elle, Oriane se fait emporter dans le dernier mouvement de son premier essai. Quoi qu’il en soit, elle a accumulé suffisamment d’avance pour être assurée de monter sur le podium de ce Championnat du Monde. Elle se tourne vers le public, demandant le soutien des 6000 spectateurs, tente une nouvelle méthode à la fin, mais tombe de nouveau. Gonflée à bloc elle repart pour un ultime essai, mais chute de nouveau.

Dans ce dernier tracé, Brooke Raboutou réalise le run parfait, enchaînant le bloc à vue.

 

La jeune américaine remplace donc Zelia sur le podium, qui décroche la quatrième place de cet événement.

C’était ma première finale sur une compétition internationale seniors, et j’ai trouvé tous les blocs magiques. À chaque fois que je faisais des essais, c’étaient les meilleurs blocs du monde pour moi.

Après être passée dans le dernier bloc, je savais que je n’allais pas être sur le podium parce qu’il était totalement dans le style des Américaines. Mais je suis super contente de mon résultat final.

Zélia Avezou

Le destin de cette finale tenait entre les mains de Janja Garnbret. La Slovène, arrive au pied du bloc, bien déterminée à en découdre. Elle réalise le premier jeté, puis atteint la prise de zone sans la moindre difficulté. Le dernier mouvement ne sera que la cerise du gâteau pour elle, qui enchaîne ce dernier bloc. Rendez vous compte de sa performance : en finale des Championnats du Monde, elle n’est pas tombée une seule fois, ayant réalisée les quatre blocs à vue !

Il est difficile de mettre des mots sur ce que je ressens en ce moment. Pour être honnête, je ne m’habitue jamais à gagner. Je ne m’habituerai probablement jamais à monter sur la plus haute marche du podium parce que c’est incroyablement dur d’être constante, tant les autres filles sont fortes et poussent fort derrière. Chaque victoire représente donc beaucoup pour moi, c’est comme si c’était la première.

Les blocs étaient exigeants, il était donc facile de tomber, mais aujourd’hui, j’étais « la bonne Janja », comme j’aime l’appeler, c’est à dire dans ma propre bulle. Je n’ai rien vu ni entendu parce que j’étais dans le moment présent et que je m’amusais sur le mur, alors je n’ai pas douté que je tomberais une fois, tout simplement parce que je m’amusais.

Janja Garnbret

© Vladek Zumr

Janja Garnbret, indétrônable, remporte donc haut la main la médaille d’or, juste devant notre Française Oriane Bertone et Brooke Raboutou complète le podium.

Je suis super contente, parce que c’était mon gros objectif de l’année. Je reste concentrée pour l’épreuve de difficulté de demain. J’ai percé d’un doigt ce soir, mais normalement ça devrait être rétabli d’ici là.

Concernant ces finales, le bloc 3 avec ces deux coordinations a été exceptionnel ! Franchement c’était trop cool, même s’il y a eu un petit problème au début. J’ai mis un run et ensuite mon chrono ne s’affichait plus, je ne savais plus où j’étais. On me disait de continuer en regardant le téléphone d’une juge. Mais finalement, ils m’ont fait retourner derrière, puis on m’a dit que Brooke allait probablement passer avant moi. Finalement non, je suis revenue et j’ai enchaîné. C’était un grand moment parce que je savais que je devais faire ce bloc. C’est comme s’il y avait marqué « Oriane » dessus ! À la lecture il me donnait déjà très envie : je voulais le faire. Et je me suis sentie tellement bien en le faisant que franchement c’était ouf comme sensation.

Oriane Bertone

Les résultats complets des demi-finales

Pos.GrimpeurTop et Bonus
1SLO Janja Garnbret4T4z 4 4
2FRA Oriane Bertone3T4z 7 4
3USA Brooke Raboutou2T4z 2 11
4FRA Zélia Avezou2T4z 8 10
5USA Natalia Grossman1T4z 1 9
6JPN Ai Mori1T2z 1 6
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La suite du programme

Dimanche 6 août 10h00 – 12h30 : Demi-finale difficulté hommes et femmes
18h30 – 20h30 : Finale difficulté hommes et femmes
Lundi 7 août Repos
Mardi 8 août 9h00 – 19h00 : Qualifications handi-escalade
Mercredi 9 août 9h00 – 11h30 : Demi-finale bloc femmes du combiné
13h00 – 15h30 : Demi-finale bloc hommes du combiné
20h30 – 22h30 : Demi-finale difficulté hommes et femmes du combiné
Jeudi 10 août 9h00 – 12h00 : Qualifications vitesse hommes et femmes
13h00 – 18h00 : Finale handi-escalade hommes et femmes
20h10 – 21h00 : Finale vitesse hommes et femmes
Vendredi 11 août 19h00 – 22h00 : Finale femmes du combiné
Samedi 12 août 19h00 – 22h00 : Finale hommes du combiné

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