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Mejdi Schalck remporte la Coupe du Monde de bloc d’Hachioji, Paul Jenft 3ème !

© IFSC

Au terme d’une incroyable finale, Mejdi Schalck s’est imposé sur la Coupe du Monde de bloc d’Hachioji, décrochant la deuxième médaille d’or de sa carrière. Il a été rejoint sur le podium par le deuxième français engagé dans cette finale, Paul Jenft, qui remporte la médaille de bronze et monte sur son premier podium mondial.

Mejdi Schalck et Paul Jenft réunis ensemble sur un podium de Coupe du Monde, on en a rêvé. Voilà qu’ils l’ont fait, lors de la première Coupe du Monde de bloc de la saison 2023.

« En finale, j’arrive souvent à vraiment bien m’exprimer », nous confiait Mejdi Schalck, après avoir gagné le titre de Champion de France 2023. « J’ai envie de tout faire pour gagner et partager ça avec le public. À Salt Lake City en 2022, quand je prends l’or, c’était déjà la même chose. Je fais mon podium grâce au dernier bloc où je suis comme possédé. Ça va tout seul dans ces moments et c’est vraiment génial. Le public me porte énormément. »

Cet état second, celui dans lequel il est plongé au moment d’une finale de Coupe du Monde, celui qui lui permet de se transcender et d’aller chercher une victoire mondiale, Mejdi l’a retrouvé aujourd’hui. En étant le seul à enchaîner deux blocs, le français de 18 ans s’est offert l’or sur cette première manche de la saison 2023, deux ans après son premier podium international et un an après sa première victoire.

Pour Paul Jenft, cette Coupe du Monde aura été tout aussi incroyable. Lui qui rêvait de son premier podium mondial l’a fait lors de l’ouverture de cette saison 2023, le partageant aux côtés de son fidèle ami Mejdi.

Retour en détails sur les finales de la Coupe du Monde de bloc d’Hachioji. Voyez comment nos deux Français Mejdi et Paul ont réalisé l’exploit en terre japonaise.

Bloc 1 : Mejdi Schalck donne le ton !

Dès le premier bloc, Mejdi Schalck allait donner le ton. Les ouvreurs avaient fait le choix de proposer un bloc très électrique d’entrée de jeu. Après un début en run & jump où il fallait compresser une énorme prise pour valider la position de départ, les compétiteurs devaient effectuer un jeté latéral dans un trou peu profond. Un mouvement difficile à gainer dans ce profil déversant à 45°. Il fallait ensuite aller chercher en épaule une grosse prise, puis réaliser une dernière coordination pour aller jusqu’au top.

Alors que les premiers finalistes se cassent les dents dans ce bloc, Mejdi valide la zone dès son deuxième essai. Notre jeune Français se bat comme un lion pour tenir la prise en épaule. On sent que tout son corps est en tension maximale. Mejdi donne tout ce qu’il a, physiquement et mentalement, si bien que deux essais plus tard, il est accroché à la dernière prise. Dans un puissant cri mêlant joie et soulagement, le jeune français saute du bloc. Acclamé par le public japonais, il hurle de bonheur. Il le sait, alors que la finale vient seulement de débuter, il vient déjà d’accomplir quelque chose de grand.

Quelques minutes plus tard, c’était au tour de Paul Jenft de se présenter face à ce premier bloc. Premier des demi-finales, Paul était le dernier concurrent à s’élancer dans les blocs de finale. Le Chambérien réalise un énorme premier run, où il parvient à tenir la zone du premier coup et à aller chercher la prise suivante en épaule, mais il chute peu après. Vue la facilité avec laquelle Paul a effectué les premiers mouvements, on se dit qu’il ne va faire qu’une bouchée de ce bloc. Mais lors de ses essais suivants, il ne parvient plus à réitérer sa prouesse, et devra se contenter de la prise de zone uniquement.

À l’issue du premier bloc, Mejdi Schalck était donc en tête et comptait déjà une sacrée longueur d’avance sur les autres grimpeurs : il était le seul à avoir enchaîné ce premier tracé et avait donc un bloc d’avance sur toute la concurrence !

Bloc 2 : domination française

Changement de style, c’est maintenant une dalle old-school qui attendait nos six finalistes. Équilibre et sensations étaient donc de rigueur dans ce deuxième passage, composé de grosses prises zébrées. Des nouveautés de la marque 360 Holds, qui a conçu ces prises dans le but de créer de la confusion chez les grimpeurs. En effet, difficile de distinguer la différence entre le grain et la partie lisse sur ces prises en dual texture.

Si Kokoro Fujii, premier grimpeur à s’élancer, ne parvient pas à monter au sommet du bloc, le Belge Hannes van Duysen réalise un incroyable essai, durant lequel il manque de tomber, puis se rattrape de justesse (sans même comprendre comment), et saute jusqu’au top. Le jeune Belge de 18 ans venait de signer son premier top en finale d’une Coupe du Monde.

Arrive ensuite Mejdi Schalck. Quand nous l’avions questionné le mois dernier sur ses points faibles en escalade, le Chambérien nous avait confié avoir « des styles de dalle que je n’aime pas trop ». Alors cette deuxième dalle de finale était-elle dans son style ? La réponse ne se fera pas attendre. Après un premier essai où il tente de jeter sur l’avant-dernière prise, Mejdi opte pour une méthode plus statique et parvient, lors de son troisième essai, à atteindre la prise finale. En descendant du bloc, Mejdi exulte une nouvelle fois. C’est comme s’il était possédé. Son regard est profondément intense, il semble plus déterminé que jamais à aller chercher la deuxième médaille d’or de sa carrière.

Les compétiteurs suivants ne parviendront pas à aller chercher la dernière prise. Le jeune japonais Sorato Anraku chute à plusieurs reprises dans le dernier mouvement, ne réussissant pas à viser la prise finale, que les ouvreurs avaient pris soin de boucher, afin de rendre le mouvement plus aléatoire.

Arrive ensuite Paul Jenft, dernier concurrent de cette finale. Il mettra deux essais à chercher les bons placements et trouver les bonnes sensations et finira par enchaîner le bloc lors de sa troisième tentative. Nouveau top français ! En terre japonaise, les Européens prenaient le contrôle de cette finale face aux Asiates, puisqu’à la fin de ce deuxième bloc, Mejdi était toujours en première position, suivi du Belge Hannes van Duysen et de Paul Jenft.

Bloc 3 : l’envolée !

Le troisième passage semblait taillé pour Mejdi Schalck, grand adepte des coordinations les plus folles. Le bloc commençait par une mise en place délicate sur deux micros prises de main. Puis, à mi hauteur, il fallait réaliser une longue envolée, un triple jeté latéral qui permettait d’atteindre le top. Kokoro Fujii et Hannes van Duysen multiplient les essais mais ne parviennent pas à maîtriser cet impressionnant enchaînement de mouvements.

Arrive ensuite Mejdi Schalck, sur qui nos espoirs reposent. Mais surprenamment, notre Français lutte dans la mise en place du bloc. Il tombe au premier mouvement lors de son premier essai, puis au second et au troisième. Mejdi se reprend alors, respire un grand coup et se lance pour un quatrième essai. Cette fois, il réussira à atteindre la zone, qui marquait la prise d’élan pour la grande coordination sommitale. Malheureusement, même en multipliant les essais, Mejdi ne réussira pas à vaincre cette série de mouvements.

Les compétiteurs après lui non plus. Sorato Anraku semblait proche également, tout comme Paul Jenft, qui enchaîne les essais dans l’espoir de réussir cette coordination, en vain.

Finalement, ce troisième bloc n’aura pas bouleversé le classement. Tous les compétiteurs valideront la zone mais n’iront pas chercher la dernière prise. Ainsi, Mejdi était toujours en tête, devant Hannes et Paul.

Bloc 4 : la croix de fer de l’extrême !

Le dernier bloc qui attendait nos six finalistes semblait extrême, pour ne pas dire… impossible ! Vissé dans un dièdre et composé de gros plats, il débutait dos au mur, face à la foule. Il fallait ensuite réaliser une croix de fer impressionnante pour atteindre la zone et continuer encore quelques mouvements pour aller jusqu’au top. Une nouvelle fois, les ouvreurs avaient décidé de placer la barre très haute. Si haute, que Kokoro Fujii et Hannes van Duysen ne comprennent pas comment aller chercher la prise de zone.

Mejdi tente de jeter directement jusqu’à cette prise, mais ça ne fonctionne pas. Il passe ses quatre minutes à tenter plusieurs méthodes en vain. Lui non plus ne parviendra pas à atteindre le top de cet ultime passage. Si hier, lors de la finale féminine, Brooke Raboutou avait gagné la compétition en enchaînant le dernier bloc, le scénario était tout autre aujourd’hui : le suspense restait entier et il allait falloir attendre la fin de la compétition pour savoir qui serait le grand vainqueur de cette Coupe du Monde.

Mais le Japonais Sorato Anraku et le Coréen Jongwon Chon resteront eux aussi incrédules face à ce passage. Eux non plus ne parviennent pas à atteindre la prise de zone, qui semble inaccessible.

Seul Paul Jenft pouvait encore faire la différence. Dernier grimpeur à s’élancer, tous les regards étaient rivés sur lui. S’il parvenait à enchaîner le bloc, alors la médaille d’or passait du cou de Mejdi Schalck au sien. Paul tente à son tour plusieurs méthodes, en vain. Lors des dernières secondes, il opte pour le fameux mouvement de croix de fer. Dans un puissant cri, il donne tout ce qu’il a physiquement pour réussir à se dresser sur ses triceps. Il n’aura pas manqué grand chose pour qu’il aille au bout du mouvement, mais ça ne sera pas suffisant.

Comme dans le bloc précédent, aucun finaliste ne parviendra au sommet de ce tracé. De nouveau, le classement restera inchangé. Mejdi Schalck venait donc de remporter la deuxième Coupe du Monde de sa carrière, devant le Belge Hannes van Duysen et notre deuxième français de ces finales, Paul Jenft.

Je n’ai pas réussi à enchaîner le dernier bloc, alors j’ai une pointe de frustration et je n’ai pas réalisé à la fin de ce bloc que j’avais gagné. Mais c’est fou ! Je me suis entraîné très dur durant tout l’hiver pour ça.

J’étais surmotivé à l’idée de grimper dans ces blocs de finale, un peu dommage que j’ai galéré autant au début du bloc 3, mais je suis super heureux dans ma performance.

C’est mon premier podium avec Paul en Coupe du Monde. L’année dernière on avait déjà été très proche de le faire à Meiringen [NDLR, Mejdi avait terminé 3ème et Paul 4ème]. C’était un vrai objectif pour nous d’être réuni ensemble sur un podium, alors je suis très content de partager ce podium avec lui aujourd’hui.

Mejdi Schalck

Nos deux tricolores démarrent donc la saison de la plus belle des façons, en montant sur le podium de cette première Coupe du Monde.

Les résultats complets des finales :

Pos.GrimpeurTop et Bonus
1FRA Mejdi Schalck2T3z 7 7
2BEL Hannes Van Duysen1T3z 2 11
3FRA Paul Jenft1T3z 3 3
4JPN Kokoro Fujii0T3z 0 9
5JPN Sorato Anraku0T3z 0 11
6KOR Jongwon Chon0T3z 0 13
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La suite de la saison

  • 1ère étape (du 21 au 23 avril) : Hachioji (Japon) – bloc
  • 2ème étape (du 28 au 30 avril) : Séoul (Corée du Sud) – bloc et vitesse
  • 3ème étape (du 6 au 7 mai) : Jakarta (Indonésie) – vitesse
  • 4ème étape (du 19 au 21 mai) : Salt Lake City (Etats-Unis) – bloc et vitesse
  • 5ème étape (du 2 au 4 juin) : Prague (République Tchèque) – bloc
  • 6ème étape (du 9 au 11 juin) : Brixen (Italie) – bloc
  • 7ème étape (du 14 au 18 juin) : Innsbruck (Autriche) – bloc et difficulté
  • 8ème étape (du 30 juin au 2 juillet) : Villars (Suisse) – difficulté et vitesse
  • 9ème étape (du 7 au 9 juillet) : Chamonix (France) – difficulté et vitesse
  • 10ème étape (du 14 au 15 juillet) : Briançon (France) – difficulté
  • 11ème étape (du 1 au 2 septembre) : Koper (Slovénie) – difficulté
  • 12ème étape (du 22 septembre au 22 septembre) : Wujiang (Chine) – difficulté et vitesse

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