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À 15 ans, Lilian Bonniot enchaîne « The Big Island », 8C bloc

© Coll. Bonniot

En mai 2023, le jeune Sam Richard (15 ans) défrayait la chronique en venant à bout de « Big Island » 8C, à Bleau, devenant au passage certainement le plus jeune grimpeur à atteindre ce niveau. Il est aujourd’hui rejoint par Lilian Bonniot, 15 ans également, qui répète à son tour ce bloc mythique du secteur de Coquibus. Pour l’occasion, nous sommes allés lui poser quelques questions afin de recueillir ses impressions…

Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Salut ! Je m’appelle Lilian Bonniot, j’ai 15 ans, je suis de Lyon et aujourd’hui je viens d’enchaîner « Big Island ».

Quel est ton palmarès en compétition et tes plus belles croix en falaise/bloc ?

J’ai gagné deux fois le TAB, j’ai été  Champion de France U16 et finaliste des Championnats du Monde à Séoul en U16 également. En extérieur, j’ai fait « Le vent dans la plaine » 8A et « Atrésie » 8A à Bleau, « To Fakie to Gamel » 8A à Ailefroide, et « Créatura » 8B à Targassone. Et donc maintenant « Big Island » en 8C.

Justement, raconte-nous comment s’est déroulé ton enchaînement de « Big Island » ?

J’y suis allé avec Anael Testud sur deux jours. Aujourd’hui, on est arrivé au pied de Big autour de 10h30. Après m’être échauffé, j’ai assez vite commencé à mettre des essais du bas. Ils étaient plus ou moins réussis… Ensuite, vers 12h15, je fais un essai où je tombe à la fin, ne parvenant pas à contrôler le balant, ce qui m’a fait perdre la main droite. Puis, aux alentour de 13h00, après que le ventilateur soit tombé en rade, après plus de 2h30 d’essais (et une autre séance dedans la veille) et malgré un talon droit qui me faisait mal en le posant, je me retrouve finalement au sommet de « Big Island ».

Quel a été ton processus de travail dans ce bloc ?

Je n’ai pas vraiment eu de processus de travail : j’y suis allé une première fois courant décembre 2023 (avec Anael mais également avec Sylvain Roche), où j’avais pu caler tout le bas du bloc, jusqu’à la grande claque main droite. Et puis là, j’ai eu une opportunité pour revenir mettre les doigts dedans. Donc hier, on a fait la route le matin, puis je me suis réhabitué au caillou de Bleau, aux méthodes que j’avais trouvées puis j’ai calé assez vite le haut du bloc. Je n’ai pas été loin d’enchaîner durant cette deuxième séance, il m’en a juste manqué un peu. C’est donc aujourd’hui, après quelques runs, et d’assez longs repos entre que le top est arrivé.

Pourquoi avoir choisi ce bloc comme projet ?

Cette ligne m’avait toujours donné envie, notamment de par son ampleur : quand tu arrives devant, c’est juste magnifique et vu qu’Anael montait à Big, il m’a proposé et c’est immédiatement devenu mon projet.

Ce n’est pas impressionnant de choisir ce genre de bloc à seulement 15 ans ?

Pour être honnête, j’ai mis les doigts dedans en me demandant si j’avais le niveau de bouger, car 8C bloc, même en imaginant que ça pouvait me convenir, ça reste 8C ! Je ne savais absolument pas ce que je pouvais faire dans ce niveau.

Quelles difficultés as-tu rencontré principalement ?

Il n’y en a pas eu énormément en fait, en tout cas aucune insurmontable même si on n’a jamais eu les conditions parfaites.  Ce qui m’a posé le plus de difficulté finalement, c’est mon talon droit. Car à partir d’un certain nombre de runs, enfiler mon chausson me faisait mal à la peau et donc ça devenait compliqué lorsque que je le posais et que j’y mettais presque tout mon poids.

Quels sont tes objectifs et projets cette année ?

Maintenant, je vais me concentrer sur le sélectif jeune qui approche, histoire d’essayer de prendre une sélection pour la saison internationale en compétition. En extérieur, je ne sais pas encore, mais ce qui est sûr c’est que l’objectif sera d’aller plus régulièrement dehors et de trouver un équilibre avec l’entraînement pour la compétition.

Un dernier mot à ajouter ?

C’est une performance que j’ai eu du mal à atteindre tout en étant très vite proche du but. L’essai qui a fait la différence, c’est celui où j’ai réussi à ne penser à rien et à faire le vide : juste faire les mouvs un par un, pour finalement prendre la dernière prise. J’ai ressenti un tel sentiment de plénitude et d’apaisement une fois en haut… C’est juste merveilleux à vivre !