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Pourquoi Fanny Gibert ne participera pas au Championnat de France de bloc ce week-end ?

Six fois championne de France, Fanny Gibert ne concourra pas pour un septième titre ce week-end à Valence © Marco Kost

« Je ne sais pas si tu te rends compte de ce qu’est un Championnat de France. C’est LA compet, tout le monde arrive au top de sa forme le couteau entre les dents notamment pour choper sa sélection en équipe de France. Chaque année le niveau augmente. Il y a tellement de grimpeurs HYPER forts qui n’ont jamais gagné un Championnat de France. Monter six fois tout en haut de cette put*** de boîte et entendre « Fanny Gibert Championne de France ! »… J’en pleure, c’est inévitable ». Ce sont les mots de Fanny Gibert, au lendemain de sa victoire au Championnat de France de bloc 2022. À Plougoumelen en Bretagne, la Réunionnaise savourait son sixième titre national, les larmes aux yeux, au sommet de la boîte.

Gagner un championnat de France est déjà une consécration, mais en remporter six, sur une période de huit ans, relève du génie. Pourtant, Fanny Gibert a réussi cet exploit. Toutefois, cette année, elle ne raflera pas une septième couronne. Bien qu’elle considère le Championnat de France comme sa compétition préférée, la grimpeuse qui vient de fêter ses 30 ans a fait le choix de ne pas s’aligner au départ de l’édition 2023. Ce week-end à Valence, elle encouragera ses compatriotes depuis le banc des spectateurs. Le titre de Championne de France lui succédera inévitablement.

Mais alors pourquoi ce choix ? Pourquoi se priver de sa compétition préférée à quelques semaines du lancement de la saison internationale ? Nous avons rencontré Fanny pour en savoir plus.

Fanny Gibert avait fondu en larmes l’an dernier en décrochant son sixième titre de championne de France.

Salut Fanny ! Alors que tu es la championne de France en titre et que tout le monde attendait de voir avec impatience si tu réussirais à décrocher un septième titre national, tu annonces que tu ne participeras pas à cette édition 2023 du Championnat de France de bloc. Pourquoi ce choix ?

Il y a plusieurs facteurs qui ont joué dans cette décision. La première, c’est que ma saison internationale 2022 a duré longtemps et s’est étendue jusqu’en octobre, où j’ai dû maintenir un niveau de forme pour le combiné à Laval. J’ai donc attaqué mon entraînement pour 2023 très tard, et le Championnat de France étant fin février, ça ne m’aurait laissé qu’une très courte période de préparation.

De plus, en vue des sélections aux J.O, il faut prendre en compte la deuxième discipline, la difficulté, ce qui fait encore plus de choses à faire. Au début du mois, je me suis donc posé la question : « Est-ce que je fais le Championnat de France ? ». Mais il m’est paru évident que ce n’était pas vraiment un objectif pour moi. Même si c’est une de mes compétitions préférées, j’ai des objectifs ambitieux cette année et j’assume les décisions qu’il faut prendre pour me donner les chances d’y arriver.

Finaliste des Championnats d’Europe la saison dernière, Fanny Gibert nous avait fait vibrer © Samm Pratt

Le Championnat de France est toutefois un bon moyen d’affiner certains réglages avant la saison internationale. N’as-tu pas peur de te lancer sur les premières Coupes du Monde sans avoir participé à aucune autre compétition auparavant ?

C’est vrai qu’en général, j’aime bien faire une compétition « test » avant de participer aux premières Coupes du Monde, mais je pense que j’aurais l’occasion d’aller sur des masters internationaux si besoin. Pour le moment, ma priorité c’est l’entraînement. Tant pis si je ne peux pas faire de compétition juste avant, ce n’est pas grave. Ce qui compte pour l’instant, c’est vraiment l’entraînement de fond pour préparer la saison qui arrive.

Tu es donc en plein cycle d’entraînement pour la saison 2023. Quel est ton état de forme actuel ? Comment te sens-tu physiquement et mentalement ?

Oui, je suis actuellement en pleine préparation pour 2023. Le fait de ne pas participer au Championnat de France me permet de me lancer dans un cycle d’entraînement à cette période là et de pouvoir en faire un nouveau d’ici la première Coupe du Monde. Physiquement et mentalement, je me sens bien, je suis plutôt sereine. Comme toujours, il y a des hauts et des bas dans la préparation, mais là c’est plutôt cool. Je suis bien motivée et j’ai vraiment hâte de la suite !

Fanny Gibert ne perd pas de vue son objectif premier : décrocher sa place pour les J.O de Paris 2024.

La saison dernière, tu es restée aux portes des finales de toutes les Coupes du Monde auxquelles tu as participé. Qu’as-tu mis en place ces derniers mois pour réussir à concrétiser cette saison ?

Je travaille sur plein de trucs, plein de petits détails qui vont finir par payer. Il faut être patient et continuer à bosser. J’espère que la récompense de tous mes efforts sera pour bientôt. C’est vrai que l’année dernière je n’ai pas réussi à m’exprimer pleinement, notamment lors des finales du Championnat d’Europe, mais j’ai montré un gros potentiel donc c’était méga encourageant. Je travaille sur plein d’aspects et il y a des choses qui progressent, même si ce n’est parfois pas visible sur les résultats papiers. Rien que l’année dernière, j’ai passé un gap et le niveau que j’avais sur le Championnat d’Europe c’était quelque chose qui était bien mieux qu’auparavant, même si ça n’a pas forcément payé en terme de résultat. Je continue là-dessus et j’espère que 2023 sera encore mieux.

Tu sévis sur le circuit international depuis plus de dix ans. Est-ce que tu as changé quelque chose dans ta manière de te préparer pour cette saison 2023 qui s’annonce déterminante pour les Jeux de Paris 2024 ?

Oui, je vais par exemple essayer de participer à moins de compétition, car la saison va être longue, il faut donc bien l’anticiper. Je vais donc sélectionner rigoureusement les compétitions auxquelles participer et où placer mon focus. Ce sont des choix stratégiques qui ne sont pas faciles mais qui sont importants à faire. C’est par exemple le cas avec le Championnat de France ce week-end.

La difficulté fait maintenant partie intégrante de la préparation de Fanny Gibert pour les J.O de Paris 2024 © Gael Bouquet des Chaux

En 2019, tu avais été particulièrement affectée par ta non-qualification pour les J.O de Tokyo. Mentalement, as-tu fait le deuil de cet échec ? Vas-tu te servir de ton expérience de 2019 pour rebondir et aller décrocher le précieux sésame ?

C’est clair que rater la sélection aux Jeux Olympiques d’une place c’était très dur. Ça a d’ailleurs été le sujet d’un film [à voir ci-dessous]. Mais j’ai fait le deuil de tout cela, maintenant j’ai juste un énorme avantage d’avoir vécu cette expérience et de savoir comment gérer des événements de cette ampleur. J’ai déjà rebondi et je suis relancée à fond dans la quête pour Paris 2024.

Pour terminer, risquons-nous au jeu des pronostics. Sur qui mises-tu pour te succéder ce week-end ?

Arf, ça va être très serré chez les filles. J’ai vraiment hâte de les voir grimper parce qu’elles ont toutes énormément progressé. Ça va être un beau fight, que la meilleure gagne !


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