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Le ressemelage : une pratique qui séduit les grimpeurs

La clinique du chausson - Photo C. Mulsant

Conscience écologique, avantages économiques ou simple attachement à ses chaussons : les raisons sont nombreuses pour avoir recours au ressemelage. Cette pratique des cordonneries s’est développée en parallèle de l’augmentation des pratiquants de ce sport. Il est vrai que des chaussons d’escalade s’usent vite : comptez 3 mois environ avec une pratique régulière. Pour éviter un achat trop fréquent de ceux-ci, les grimpeurs se tournent vers leur cordonnier ou directement vers leur salle dont la majorité propose désormais ce service.

Quand penser au ressemelage ?

C’est la question que se pose tous les grimpeurs. Il faut ressemeler dès qu’une partie de la semelle n’a plus d’épaisseur ou est abimée. L’usure se localise, la plupart du temps, sur la pointe avant ou le carre interne du chausson. Attention à ne pas attendre trop longtemps : certains chaussons, une fois troués, ne peuvent plus être réparés.

Il est visible que la ligne de la semelle est interrompue sur le devant : c’était le moment de les déposer pour une mise en beauté.

Comment ça marche un ressemelage ?

Bien que le ressemelage de chaussons ne connaisse aucune formation, sa réalisation demande un savoir-faire particulier et c’est pour cela que tous les cordonniers ne sont pas disposés à en réaliser un de qualité.

Pour découvrir un métier, rien de mieux que d’échanger avec des professionnels. Deux entreprises nous ont ouvert leurs portes pour partager leur passion.

A Villeurbanne d’abord, dans la banlieue de Lyon, Yvan Jacques et Maia Albert de La Clinique Du Chausson (et du matos) nous ont accueilli pour parler de leur entreprise artisanale.

Yvan nous à bien fait comprendre qu’être ressemeleur ce n’était pas une mince affaire :

Il n’y a aucune formation spécifique pour ce métier, pas de catalogue, pas de fournisseur dédié. Nous avons dû tout apprendre de nous-même, et pour chaque matière première, chaque outillage, nous avons dû enquêter et chercher ce qu’il nous fallait. Il a fallu tâtonner, bricoler : ce métier n’est pas encadré. Nous sommes même allés en Italie au plus proche de la production pour trouver notre fournisseur de colle.

Première étape : déposez vos chaussons dans chez votre cordonnier ou dans un point de collecte en salle.

Lors du ressemelage, rien n’oblige à remettre la gomme d’origine. Il est alors tout à fait possible d’en demander une plus épaisse, plus résistante ou plus souple pour se faire un chausson sur-mesure.

Deuxième étape : le cordonnier chouchoute vos chaussons

L’artisan procède à une vérification des chaussons. Dans la majorité des cas, ils ne nécessitent qu’un ressemelage, en voici les étapes :

 

La vidéo a été réalisée dans l’atelier parisien Galoche & Patin. En plein cœur du 17ème arrondissement de Paris, l’entreprise de cordonnerie possède un petit atelier. Tous les chaussons y sont réparés sur place par leur équipe de professionnels. Leur concept vise à rendre plus accessible et moins contraignant tous les aspects du métier de cordonnier. Ils travaillent en collaboration avec plusieurs salles à Paris et dans toute la France.

Pour ceux qui auraient attendu le dernier moment pour prendre soin de leurs chaussons, il faudra compter plus cher pour le changement de l’enrobage et le ressemelage. En voici les étapes réalisées dans l’atelier lyonnais par Yves :

Troisième étape : récupérez vos chaussons

Une fois passés entre les mains du cordonnier, les chaussons ont la même durée de vie que des neufs (sous réserve qu’ils n’étaient pas troués avant la réparation).

Bonne nouvelle : vos chaussons n’ont pas seulement deux vies mais trois : vous pouvez passer par ce genre de service à deux reprises pour les mêmes chaussons ! Au-delà, d’autres parties du chausson commencent à fatiguer à leur tour, telles que les coutures, et empêchent une remise à neuf.

Et si on parle prix et délai ?

Pour un ressemelage, comptez entre 30 et 40€. Une nouvelle fois, si vous avez trop tardé à vous occuper de vos chaussons, il faudra s’attendre à une facture d’une cinquantaine d’euros.

Les délais de réparation varient selon les entreprises. C’est pour cela qu’il est parfois nécessaire d’avoir une seconde paire de chaussons au placard si l’on veut continuer à grimper.

De ce problème de délai, Galoche & Patin en a fait sa force : ils assurent un délai d’une semaine depuis le jour où les chaussons sont déposés dans la salle d’escalade partenaire.

Avis des grimpeurs

Nous sommes allés à la rencontre des grimpeurs qui sont passés par ce service et ils sont nombreux. Les amateurs ne trouvent aucun inconvénient : la sensation dans le chausson change peut-être légèrement au début mais sans impacter la qualité de grimpe.

Pour les grimpeurs pro, la conclusion est moins unanime. Plutôt motivés par l’intérêt écologique que par l’intérêt économique, de par leurs partenaires qui leur fournissent (dans la plupart des cas) des chaussons, la différence est visible. Un chausson ressemelé ne vaut pas un chausson neuf.

Conclusion

Le ressemelage séduit de plus en plus les grimpeurs réguliers qui souhaitent faire un geste bénéfique pour la planète et leur porte-monnaie. Pour une seule paire, cela peut représenter jusqu’à 250€ d’économie. Vous n’avez donc plus d’excuses pour ne pas faire ce petit geste écolo et redonner une deuxième (et troisième) vie à vos chaussons.