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Fanny Gibert: Je mets toutes les chances de mon côté pour le dernier ticket aux JO

© coll. Gibert

Alors que la désillusion a été grande pour Fanny Gibert suite au TQO (première grimpeuse non qualifiée pour les JO), Nous sommes allés à sa rencontre pour faire le point avec elle, reparler de ce qu’elle à vécu lors de ce tournoi de qualification olympique, et évoquer ses prochaines ambitions. 

Comme vous pouvez l’imaginer, le TQO s’est assez mal passé… Durant toute la préparation j’étais vraiment à fond et je me se sentais vraiment en forme malgré la super longue saison que j’ai faite, c’était dément et j’étais contente d’aller sur cette compet, là-dessus j’ai 0 regret.

Pour revenir sur le déroulement, ça a commencé avec la vitesse où j’ai tapé des supers runs, j’ai battu mon record perso, ça faisait longtemps que mes runs de vitesse ne s‘étaient pas aussi bien passés, donc génial! J’ai beaucoup galéré en vitesse entre les championnats du monde et le TQO, les entraînements étaient très durs, donc j’étais vraiment contente que ça fonctionne au TQO.

Donc je pars remontée à bloc pour le bloc! Franchement quand j’arrive en forme sur une compét de bloc, je suis juste surexcitée, j’adore tout, du début à la fin, l’isolement, attendre derrière les blocs, se demander ce que va être le bloc suivant, …  Du coup je rentre sur le circuit avec un premier bloc à-vue, le 2ème bloc je m’entête dans une méthode très dure qui ne me convenait pas trop mais je sentais que ça pouvait marcher, néanmoins j’ai tapé des supers runs dommage que de minis erreurs m’empêchent de concrétiser. Mais malgré cet échec du B2 je suis restée complètement mobilisée et je tape le 3eme bloc à-vue. Dans le dernier je fais une petite erreur de méthode en bas, mais j’y suis allée à fond, j’étais relâchée ce qui est dur à mettre en place avec l’enjeu.

Mais en sortant du circuit je réalise que je suis passée à coté d’une méthode dans le bloc 2 et ça me coute très très cher, que c’était 2 ans de préparation qui partait en fumée. Mon relâchement dans le dernier bloc aussi me fait perdre un petit essai qui est rédhibitoire sur le classement final. Je finis 5ème bien en dessous de ce que je suis capable de faire, grosse déception car à ce moment je savais que le résultat final du combiné était très mal engagé. Mais je m’y étais préparée et je devais rebondir, il restait la diff et au vu de mes dernières perfs en diff l’exploit était complètement envisageable.

Ça n’a pas été simple j’ai attendue une bonne heure en isolement, à entendre tout ce qu’il se passait à côté, c’était assez long … Et finalement quand vient mon tour, j’étais prête à relever le défi, et à me mobiliser à 100%. J’ai plutôt bien grimpé, on est nombreuses à tomber au même endroit, j’étais focus sur la méthode que j’avais prévu à la lecture, j’ai fait un mouv dur juste avant de tomber qui n’a pas pu être récompensé, car beaucoup de filles me passent devant en relançant sur une prise de pied… c’est le jeu de la compèt il faut réussir à savoir très vite s’il vaut mieux ne pas hésiter et foncer, ou réadapter sa méthode. Donc même avec toute la bonne volonté que j’ai mis, c’est un bon run mais le résultat reste pas incroyable et surtout pas suffisant pour assurer une qualif. Mais cela dit, même en faisant ces places je pouvais choper ma qualif. En combiné ta place dépend énormément de ce que font les autres. Mille sénarios possibles, il suffisait qu’une fille soit devant une autre sur la diff et c’était bon pour ne citer qu’un exemple.

À cet instant je sentais que ça allait être juste pour le résultat final du combiné. Des gens sont venus me dire que c’était bon pour les JO, d’autres que ça ne passait pas, donc là ça a été le moment le plus difficile car je ne pouvais pas tout lâcher dans un sens ou dans l’autre. J’aurai voulu pouvoir pleurer et être déçue, ne pas réfléchir, juste lâcher tout ce que j’avais, mais non j’étais dans l’attente, avec aussi une réclamation sur ma perf en diff, et tout le monde qui te regarde sans savoir quoi dire, ça a duré super longtemps, ça dénature totalement l’esprit de la compétition.

Ce qui me fait vibrer dans le sport de compet c’est de vivre des émotions. Que ce soit dans la réussite ou l’échec j’aurai tellement aimé pouvoir vivre ce moment « dignement ». Ce temps d’attente des calculs, a tout simplement été horrible pour moi. Et c’est finalement pendant les 24h qui ont suivi que j’ai été submergée par toutes les émotions. 24h sans pouvoir croiser le regard de quelqu’un sans pleurer c’est long. J’ai réalisé à quel point j’étais passée proche de réussir, que je n’aurai pas l’opportunité de grimper dans les blocs des JO à Tokyo en 2020, que c’était 2 ans de préparation réduite au silence. Ce qui m’a finalement consolé c’est de regarder les finales mecs et de réaliser que JO ou pas ça ne changeait rien à qui j’étais et ce que j’étais capable de faire, des blocs durs!

Je n’ai jamais reçu autant de messages de soutien qui m’ont tous fait chialer un peu plus les uns que les autres… J’ai réalisé la chance que j’avais d’être entourée de gens aussi touchants. Par la suite j’ai fait le bilan de cette compétition. Même s’il s’agit d’un échec il y a énormément de choses dont je suis fière. C’est vrai que cette petite part de réussite n’a pas joué en ma faveur cette fois ci. Le scénario est dur, mais c’est la loi du sport. Ce qui est sur c’est que si j’avais sorti les 4 blocs, il n’y aurai eu aucun problème et j’aurai largement pu le faire. Alors ma motivation reste entière.

Maintenant la vie continue, il y a pleins d’autres objectifs qui me font vibrer. Tout d’abord j’ai potentiellement une dernière chance pour me qualifier aux JO grâce au championnat d’Europe. Et même s’ il est possible qu’Anouck soit d’ici la qualifiée par l’IFSC et qu’il ne reste donc plus de quota pour l’équipe de France, ça serait incroyable pour elle et bien triste pour moi mais c’est le jeu. Je me suis remise à l’entraînement une semaine après le TQO pour ne pas perdre de temps dans ma préparation. J’ai conscience qu’il y a pleins de facteurs qui ne dépendent pas de moi et que la qualif est très peu probable mais j’ai tout de même décidée de me donner toutes les chances pour y arriver. Donc voilà, je vais faire tout ce que je peux pour être la plus forte possible sur les championnats d’Europe, il paraît que tout ce qui ne te tue pas, te rend plus fort, donc a priori je devrai être vraiment très forte! 😉 Et puis quoiqu’il arrive mon rêve ultime de gagner une coupe du monde de bloc est droit dans le viseur. 2020 …

Publié le : 17 janvier 2020 par Charles Loury

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