Yu Okumura : qui est donc ce mystérieux grimpeur japonais qui a dompté son premier 9b ?

© Shinta Ozawa
Par une fraîche journée de décembre, un grimpeur discret se faufile parmi les ombres imposantes de la Cova Gran, à Santa Linya. Venu du Japon, Yu Okumura n’a pas l’habitude d’attirer les regards. Pas de caméras, pas d’équipe de communication pour immortaliser ses gestes. Juste lui, son sac de magnésie et son amour du rocher.
Mais dans cette tranquillité apparente, un exploit se prépare. Ce grimpeur en apparence ordinaire s’apprête à accomplir ce que peu ont réalisé avant lui : enchaîner « Stoking the Fire », une voie emblématique de Santa Linya, cotée 9b.
Ses premiers mouvements sont méthodiques. Yu semble danser sur le rocher, chaque prise trouvant sa place dans une partition maîtrisée. Sous les plafonds immenses de la Cova Gran, il avance avec la précision d’un horloger. Et puis, vient ce dernier pas, celui qui fait toute la différence.
Pas un cri de triomphe, aucun bruit. Yu Okumura vient de réussir son premier 9b. Une performance majeure. Pourtant, il ne s’arrête pas là. Deux jours plus tard, il s’attaque à une autre ligne iconique : « Fuck the System » 9a. Cette fois, il ne lui faut que deux essais pour triompher. Pas un murmure ne s’élève dans la grotte ; Yu retourne à l’ombre, satisfait.

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L’histoire d’un passionné
Pour Yu Okumura, grimper n’est pas une quête de gloire. Ce n’est pas non plus une stratégie de carrière. C’est une passion brute, une obsession presque sacrée. À seulement 22 ans, ce jeune Japonais est déjà passé par certaines des falaises les plus emblématiques d’Espagne.
En 2022, il s’était aventuré à Oliana et Margalef, où il avait enchaîné des chefs d’oeuvres comme « Joe Mama » 9a+ et « Gancho Perfecto » 9a+. Un an plus tard, il explorait le sud, gravissant le classique « Chilam Balam » 9a+/b à Villanueva del Rosario. Et cette année, c’est à Santa Linya qu’il a laissé son empreinte.

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Le grimpeur de l’ombre
Dans le monde de l’escalade, on le qualifierait de dark horse. Ce terme, qui évoque un outsider qui surgit de l’ombre pour triompher, lui sied à merveille. Yu n’a ni sponsors majeurs, ni présence sur les réseaux sociaux pour amplifier ses exploits. Ce qui le guide, ce n’est pas la reconnaissance, mais une soif insatiable de défis personnels.
Quand il s’attaque à « Stoking the Fire », il marche dans les traces des légendes. Équipée par Tomáš Mrázek et libérée par Chris Sharma en 2013, cette voie est une pierre angulaire de l’escalade moderne. Aujourd’hui, elle compte huit répétitions seulement, et Yu en fait désormais partie. Pourtant, quand il a quitté Santa Linya, il n’a pas cherché à faire la une des médias ou à capitaliser sur son exploit. Non, pour lui, il s’agissait simplement d’un pas de plus dans sa quête personnelle.
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