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Voyage autour du Monde: acte II pour Svana Bjarnason et Axel Ballay!

Quand Axel m’a dit qu’il voulait débuter notre voyage de 5 mois par un tour à Taghia j’étais super contente. Je ne savais pas trop comment c’était mais je savais que c’était au Maroc et, du peu que j’en avais entendu, on m’avait toujours dit que c’était bien. Après m’être un peu renseignée j’ai compris que Taghia voulait dire « grandes voies », « longues marches d’approche », « voies engagées », « du gaz », etc… Axel m’avait bien dit qu’il y avait déjà 2h de marche pour arriver au village mais honnêtement je pensais que c’était une blague (parce qu’il sait que je déteste marcher). Mais non. J’ai donc commencé à avoir super peur. Parce qu’en tant que « grimpeuse de salle » qui commence doucement à se faire à la falaise, tout ce programme était un terrain inconnu qui ne me disait rien qui vaille. J’aime de plus en plus la falaise, j’essaie d’y aller le plus souvent possible mais comme je suis un peu flemmarde je choisis tout le temps des endroits avec moins de 30min de marche d’approche et, bien évidemment, que des couennes. Alors le combo grandes voies + longues marches, perso ca ne m’enchantait pas plus que ca. Mais bon on était partis pour et puis comme on dit il faut savoir sortir de sa zone de confort!!

Le premier octobre nous voilà donc partis vers ce beau pays qu’est le Maroc, prêts à découvrir Taghia et ses grandes voies. Arrivés à Marrakech on loue une voiture et 5h de route plus tard nous atteignons Zaouia Ahansal, le « gros » village avant Taghia dans lequel nous laisserons la voiture. Dépaysement direct, on nous accueille avec la mule qui va porter nos sacs jusqu’à Taghia! Finalement plus de peur que de mal pour les 2h de marche, on va au rythme de la mule (qui n’est pas très rapide malgré les coups de bâton de notre guide) et c’est plutôt plat. On a donc le temps d’observer le paysage (magnifique) et de rêver (ou paniquer pour moi) sur les grandes parois qui s’élèvent devant nous. L’accueil à Taghia nous mettra bien dans l’ambiance des 10 jours suivants, thé à la menthe (beaucoup trop) sucré, pain à tremper dans un bol d’huile (oui c’est bizarre comme goûter mais c’est trop bon) et les grimpeurs qui rentrent au gite petit à petit, toujours avec la même phrase « c’était trop bien! ». S’ajoute à cela le couscous du soir, un délice, et nous voilà complètement immergés dans la vie berbère!

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Question grimpe nous avons décidé de faire beaucoup de faciles avant de nous attaquer à notre projet du séjour, Les rivières Poupres (500m – 7b+ max et 7a obligatoire). Ayant tous les deux peu grimpé cet été et moi n’étant pas du tout habituée à faire des grandes voies on préférait y aller doucement. Et vu le premier jour on a eu raison! Nous avons commencé par Belle et berbère, 6b+ max. D’après ce qu’on nous avait dit c’était une « petite » grande voie très bien pour commencer. En voyant les 10 longueurs j’ai vite détesté ceux qui m’avaient promis une petite voie 😉 Cette première expérience a été difficile pour moi. Déjà je ne randonnais pas du tout dans les voies en 6 et puis j’avais des chaussons beaucoup trop petits. A la moitié j’ai donc été obligée de grimper sur les bords des chaussons tellement j’avais mal (pas si pratique pour une grimpe en dalle-vertical). Oui parce qu’on m’avait dit de prendre des grands chaussons donc j’avais pris du 36 au lieu de mon 35.5 habituel…. (grimpeuse de salle je vous dis!) Forcément ca n’a pas bien marché! Mais à part ça la voie était très belle, le rocher un peu glissant au début mais ensuite très bon. Et c’était effectivement une bonne première voie pour se faire au style! La marche de retour était moins sympa en revanche, on arrive juste au dessus du village mais c’est long, assez raide et ce n’est pas si évident de trouver le bon chemin malgré les cairns. En général pour les grandes voies plus longues et plus dures, il est d’ailleurs assez important de repérer les descentes en avance pour ne pas se faire piéger. Notamment lorsqu’on sort à la tombée du jour.

Les jours suivants nous avons fait Canyon apache (6c+ max) – Au nom de la réforme (6c max, un bijou) – Susurre berbère (7b+ max) et un peu de repos quand même. Entre les marches et la grimpe cela faisait de longues et fatigantes journées. A la fin du séjour, nous avons finalement été dans Les Rivières Pourpres, qu’Axel voulait vraiment faire. J’avais bien essayé de repousser le moment fatidique parce que les « 15 longueurs dont 8 entre 7a et 7b+ » m’inquiétaient au plus haut point. On avait fait Susurre berbère avec 3 longueurs dans le 7 deux jours avant et ca m’avait déjà achevée, j’avais en plus une tendinite sous le pied qui me faisait mal en marchant donc je n’étais pas très rassurée à l’idée de m’embarquer dans cette nouvelle aventure. Mais le dernier jour était arrivé et nous avions retrouvé notre pote Nicolas Nastorg qui était motivé pour venir avec nous donc j’ai décidé de me traîner avec eux! Et je ne le regrette pas du tout 🙂

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Réveil matinal pour pouvoir arriver tôt au pied de la voie, un petit déjeuner magistral avec pain et crêpes à volonté à 6h, un peu de marche dans un canyon pour rejoindre la voie et hop 8h top départ! C’est parti pour les 15 longueurs : 6b+, 6c, 7a+, 7b, 6b+, 7a+, 7a, 7b, 7a+, 7b, 7b+, 5a, 6b puis deux autres 5a.C’est moi qui attaque en tête les deux premières longueurs qui sont plus faciles. 3 petites zipettes m’auront bien fait peur mais ça passe! S’en suivront des longueurs plus dures mais toutes plus belles les unes que les autres. Comme dirait Axel « y’a aucune longueur à jeter! » Le rocher est incroyable, hyper solide et d’une couleur rouge – orange magnifique. La grimpe y est souvent assez fine, sur petites prises et mouvements parfois un peu aléatoires dans lesquels il faut rester concentré. Notamment dans la dernière longueur en 7a+, avec un départ vraiment pas facile. Mais c’est que du bonheur et Axel réussira à tout enchaîner à vue et moi flash, nous ressortirons donc de là bien contents! Une voie parfaite et c’est une grimpeuse de salle qui n’est, à la base, pas très grande voie qui dit ça 😉 Au total nous aurons passé 10h dans la voie en étant 3 et en ne s’accordant que 5min de pause sur la dernière vire avant le 7b+, ne voulant pas sortir de nuit vu qu’il y avait encore 1h30 de redescente derrière. Plutôt long donc! En grimpant dans la voie nous avons vraiment été impressionnés par Alex Honnold qui était encore là quelques jours avant notre arrivée et qui a enchaîné la voie en solo… Grand respect!
Notre aventure à Taghia s’est donc terminée de la plus belle manière qui soit avec la réalisation de ces Rivières pourpres. Un grand merci aux ouvreurs pour cette merveille 🙂

Une très belle expérience en grandes voies donc, pour ceux qui aiment ca n’hésitez pas une seule seconde à faire un tour la bas. Dépaysement et plaisir garantis! Pour les débutants comme moi dans ce type d’escalade, finalement ca fonctionne aussi assez bien, il faut juste quelques jours pour s’habituer. Et puis au pire il y aura le tajine du soir pour vous réconforter

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  • Pour y aller:

Vol jusqu’à Marrakech puis voiture jusqu’à Zaouia Ahansal. Il est possible de louer une voiture à l’aéroport comme nous avons fait puis la laisser au village moyennant une vingtaine de dirhams par jour (environ 2 euros). Sinon le propriétaire du gite dans lequel nous étions, Said, propose de venir vous chercher directement en taxi à l’aéroport ce qui est plus simple. Depuis Zaouia il faut compter 1h30-2h de marche selon la
Vitesse de la mule jusqu’à Taghia. La mule coûte 100 dirhams et est bien efficace pour porter les gros sacs! Une fois à Taghia il y a plusieurs solutions pour les gîtes, nous avons choisi celui de Said qui est souvent le plus complet. Il y a des chambres de 2 ou 3, l’électricité et l’eau chaude (ce qui n’était pas le cas il y a quelques années). Possibilité de venir en demi-pension ou pension complète. Nous prenions le petit déjeuner et le dîner, c’est très copieux et délicieux. S’ajoutent à cela le thé à la menthe et le pain et l’huile plusieurs fois dans la journée! Pour 120 dirhams par personne par jour c’est vraiment intéressant. Les topos sont tous disponibles sur place, notamment les feuilles avec les voies plus récentes. Pour la saison nous y étions du 1er au 10 octobre et il faisait encore assez bon. La doudoune était parfois nécessaire aux relais les jours de vent mais au soleil il faisait vite trop chaud pour grimper. A l’ombre c’était parfait! Cette période ou un peu plus tôt est donc idéale, ensuite il commence à faire trop froid et la neige peut vite arriver.

Photos: Axel Ballay/Svana Bjarnason

Publié le : 28 octobre 2016 par Nicolas Mattuzzi

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