Le contenu

Victor Guillermin réalise la première répétition d’Avaatara 9a, célèbre voie libanaise

©Lea El-Medawar

Première répétition de la mythique voie libanaise, Avaatara 9a, par Victor Guillermin. La première ascension remontait à 2015 et avait été réalisée par David Lama, 4 ans avant son accident mortel. Le grimpeur de 25 ans à l’époque avait laissé une trace de son passage au Liban par une vidéo de sa perf. Au-delà du décor exceptionnel, Victor avait, à l’époque, tout de suite été attiré par cette ligne.

Reb Bull a produit la vidéo et elle est juste incroyable. A l’époque, je n’étais pas assez fort pour envisager de la faire mais l’année dernière, avec mon père, on a commencé à en discuter et je savais qu’elle était accessible désormais.

Tout s’enchaîne très rapidement, il monte le projet et prévoit même de contribuer au développement de l’escalade au Liban. A sa petite échelle, il veut que son voyage soit utile et emporte avec lui, grâce au soutien de Tenaya et Petzl, des chaussons et du matériel d’escalade à distribuer sur place aux jeunes grimpeurs.

Ça me tenait à cœur d’avoir un impact positif et à mon petit niveau ça passait par le fait d’emmener une grosse vingtaine de paires de chaussons de toutes les tailles et environ 80 spits.

Une fois sur place, la voie se révèle plus compliquée que prévu :

Dès la première séance j’ai rapidement fait tous les mouv et débloqué les sections. Lors de mes premiers runs, je tombais dans le crux, où il faut aller chercher une petite arquée bouchée. Durant 5 séances et près de 20 runs, je tombais à chaque fois à ce mouv. Au bout d’un moment, c’était trop pour moi, je commençais à en avoir marre de travailler cette voie.

Trois jours avant son départ, il opte alors pour une autre méthode qui lui permet de continuer son ascension. Avec le placement d’un talon, le mouv lui correspond davantage et devient moins aléatoire. C’est lors de la dernière après-midi sur place qu’il valide enfin Avaatara malgré des condi plutôt mauvaises.

Rien de tel que ses mots pour comprendre la complexité de la voie :

La voie est une voie mythique de par sa difficulté et sa beauté mais aussi de part sa localisation. Ce n’est pas une voie classique : le fait que ce soit très proche d’un gouffre de 100m de profondeur avec une marche d’approche très compliquée ajoute un stress non négligeable avant de mettre chaque séance et essai. De nombreux touristes étaient aussi de passage et rendaient l’endroit consommateur en énergie et concentration. Le travail de cette voie aura été un gros combat mental.

La voie par elle-même est super cool à grimper avec des mouvements très dynamiques, et non rési comme je le pensais.

©Lea El-Medawar

Il est indispensable de dire quelques mots sur le protagoniste qui risque encore de faire parler de lui. A seulement 17 ans, Victor s’illustre déjà de plusieurs ascensions prestigieuses telles que « Estado Critico » 9a à Siurana, « Sachidananda » 9a+, « Le Bronx » 8c+ et « Les mollahs du mur » 8c+ à Orgon. Il est impossible d’expliquer ses croix précoces par une enfance au pied des falaises : l’havrais grimpe exclusivement sur de la résine jusqu’à ses 14 ans.

En Normandie, il n’y a pas de rocher. Je fais surtout de la résine et je me déplace pendant les vacances pour avoir un peu de rocher. Avant le confinement, je faisais surtout de la compétition et très peu de falaise. J’ai commencé les gros projets en extérieur en 2020/2021 parce que j’avais passé mon confinement à regarder des vidéos en falaise.

Pour la suite, il vise « Les Yeux Plus Gros que l’Antre » 9a+/b à Russan ou encore « Stoking the fire » 9b à la grotte de Santa Linya.

C’est LA voie qui me fait rêver et qui me motive à l’entrainement. Je ne lâcherai pas le morceau avant de l’avoir grimpé.