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VAUTOUR : Le nouveau projet fou par Hugo Parmentier et Seb Berthe

© Julia Cassou

Après « Bleau Dans La Peau » et leur défi des 100 x 7A l’année dernière, Seb Berthe et Hugo Parmentier rêvaient tous les deux de relever ensemble un nouveau projet d’endurance ultime — un défi qu’ils ont conçu spécifiquement pour atteindre leur ultime limite. Pour cette nouvelle aventure, c’est dans le Verdon que les deux compères ont fait escale.

Nous avons nommé ce projet « VAUTOUR » : Verdon – Abrasif – Ultimate – TOUR. Notre objectif était de grimper 5 grandes voies majeures (les 5 parmi les plus dures du Verdon) en moins de 24 heures, totalisant 1500 mètres d’escalade, plus de 50 longueurs dont 9 dans le 8ème degré, 25 longueurs dans le 7e degré, et beaucoup de 6c/+ retors.

Hugo Parmentier

Les cinq voies prévues (de redoutables classiques avec 250 à 350 mètres de grimpe), étaient composées de longueurs allant jusqu’à 8b :

  • El Topo (300m, 8a),
  • Le Pornographe (350m, 8a),
  • Jolie Fleur (250m, 8b),
  • Dame Cookie (200m, 8a+),
  • Mingus (350m, 8a).

Afin de comprendre un peu plus ce projet de fou, nous nous sommes entretenus avec l’un des deux protagonistes, Hugo Parmentier.


Avant de rentrer dans le vif du sujet, peux-tu revenir sur le déroulement de cette dernière année pour toi ? 

Je suis devenu kiné !! L’automne dernier j’ai mis un gros coup d’accélérateur pour finir mes études ! Pour le moment je n’ai pas vraiment commencé à travailler dans ce domaine… et du coup j’ai pu prendre du temps pour m’investir à 100% dans mes projets grimpe et profiter d’un mode de vie dont je rêve et qui me correspond. J’essaie aussi de développer mes activités de sportif ! Ou encore de dédier du temps aux causes qui me sont chères.

Il y a un peu plus d’un an, tu lançais déjà un projet hors norme avec Seb Berthe, « Bleau Dans La Peau » avec l’objectif de réaliser 100 7A à la journée. Aujourd’hui, ce sont des projets comme ça qui te font vibrer, avec des défis physiques et mentaux tournés vers des aventures hors du commun ? 

À fond! L’aventure à côté de chez soi ! J’ai toujours aimé me pousser au bout, dans tous les sports en général, j’adoooore jouer, découvrir de nouveaux trucs, voir ce qu’il y a là, au bout du chemin. Ces projets sont ultra grisants, ils me font sortir de ma zone de confort comme jamais et ils te laissent des souvenirs immuables. Je reproche toujours au travail de voies/blocs extrêmes de la nécessité d’être reposé tout le temps, de multiplier les jours de repos, de diminuer le nombre d’essais chaque jour etc.  Là, au contraire c’est toujours plus !!

Il y a aussi un côté créatif qui te rend vraiment acteur de ton projet. Ça pousse à rêver, créer et à s’imaginer. Étant passionné de grimpe depuis toujours, j’aime me dire qu’aujourd’hui je peux créer mes propres règles. Je suis hyper content de ces deux expériences en question, c’était indéniablement les plus intenses et extrêmes de ma vie de grimpeur.

© Hugo Parmentier

Après « Bleau Dans La Peau », vous avez tout de suite réfléchi à un nouveau projet avec Seb ? Comment en êtes-vous arrivés à cette nouvelle idée folle dans le Verdon ? 

Pendant le circuit des 100 7A on réfléchissait déjà au prochain projet! Les sensations sont tellement dingue que ça prend aux tripes.

On cherchait des lieux qui nous faisaient rêver, historiques aussi. Mais on ne savait pas encore quoi faire exactement. On a pas mal pensé au peak district qu’aucun de nous deux connaissait. Mais après de longues discussions on n’a pas trouvé de défis qui nous semblait logique et Surmotivant. Parce que, pour se mettre dans des états pareil, il faut vraiment que le projet te parle, qu’il évoque  quelque chose de fort en toi. Il faut  « avoir envie de se faire mal » (rire).

Finalement on a pensé à 24H de grandes voies dans le Verdon. Ça c’est le feu ! Puis on s’est imaginé pas mal de défis, pas tous très aboutis. Finalement Seb est allé y faire un tour en mai. Il avait trouvé le projet ! 5 des grandes voies dans le 8, les plus connues et mythiques des gorges.

Peux-tu nous décrire un peu plus précisément ce projet ?

Réaliser les 5 grandes voies suivantes en 24H :

  • El Topo (350m, 8a),
  • Le Topographe (350m, 8a),
  • Jolie Fleur (250m, 8b),
  • Dame Cookie (200m, 8a+),
  • Mingus (350m, 8a).

Pour un total de : 1500m de grimpe, 50 longueurs : 9 dans le 8, 25 dans le 7, et une quantité astronomique de 6c/+ retors (dans des gouttes d’eau béantes qui te massacrent les pieds).

Quelle a été la préparation pour ce projet ?

Trois séances de volume : muscu à l’appart, diff à Karma ainsi qu’un circuit montagne ! On avait un calendrier assez chargé, nous obligeant à nous préparer puis à tenter l’enchaînement dans la même semaine. En 24h on avait déjà repéré 3/5 voies puis les deux dernières en deux jours.

Le gros du travail de repérage était de caler les mouvs et s’en souvenir! Au vu de la quantité de longueurs à faire le jour J, on devait au minimum avoir des méthodes correctes (sur une échelle d’ignobles à excellentes).

Pour espérer enchaîner les voies de nuit on a « magnéser » les prises, c’était aussi chronophage mais essentiel. Enfin, on a pris 2 jours de repos qui nous ont semblé hyper courts au regard de cette grosse semaine de préparation. Au final, on a dû grimper 3000m d’escalade soutenue en 8j. C’est beaucoup !

© Jean Elie Lugon

Peux-tu nous raconter le déroulement de la journée quand vous vous êtes enfin lancés ?

  • Levé 1H du matin :

Petit déjeuner colossal pour tenir la journée, course à pied puis installation et descente des rappels qui nous serviront aussi pour la 2eme descente.

  • Départ dans « El Topo » à 2H du matin :

En faisant de la corde tendue on a pu arriver à R10 en tirant seulement deux longueurs. Ce qui nous faisait gagner monstre de temps. Il faut dire aussi que grimper en même temps que ton partenaire dans des 7b+ est assez hallucinant, j’avais l’impression que toute mes années de grimpe sur tous les types de terrains aboutissait à ça ! On avançait bien mais avions de l’appréhension pour le dernier 8a qu’on n’avait pas pu repérer lors de la préparation. Surtout quand ma frontale s’est éteinte et qu’il faisait encore nuit.

Sortie à 6H du mat : Enchaînement à vue du 8a avec les premières lumières ! C’était juste ouf, c’est ces sensations là qui sont inoubliables…

Course -> ravitaillement -> course -> rappels.

  • Départ dans « Topographe » à 7H du matin :

Un 8a plein dévers de bon matin et encore 5 longueurs en 1. Perso j’en chiais sévère, je me sentais brassé et sans énergie, le cailloux me faisait mal et pourtant je devais être très concentré dans ce lead d’une grosse heure en corde tendue. Quand tu grimpes comme ça tu engages plus que d’habitude, ça fait peur aussi et une chute nécessite beaucoup de logistique pour remettre un essai. La concentration est à son maximum. Au milieu du topographe on avait déjà 500m de grimpe dans les pattes, à 9h du matin!

Quand on s’est retrouvé pour tirer une par une les longueurs dures, on avait un peu échangé notre mal être. Seb était dans le dur et moi je reprenais du poil de la bête. On forme ensemble une super équipe, on se soutient toujours et on sait surfer sur l’expérience et le caractère de chacun pour continuer à avancer, dans la bonne humeur.

Sortie à 11H30 sous des gouttes de pluie.

De nouveau, on avait pas vraiment repéré la dernière longueur sordide en 7c commune à Pichenibule, qui m’a valu un essai de calage. Mais la vue du sommet et de notre pote Jean Elie pendu sur la stat pour prendre des images nous a sorti du tunnel !

On était déjà détruits et on se demandait sérieusement si on serait capable d’aller au bout du challenge.

Ravitaillement -> 25min de course à pied -> rappel -> course à pied.

  • Départ dans « Jolie Fleur », 13h30, grande voie la plus dure du planning. Pour la suite de notre aventure, vous pourrez prochainement la découvrir avec une belle vidéo en préparation. Je vous laisse imaginer la suite …

Vous n’avez pas réussi à boucler la dernière voie, j’imagine que physiquement vos corps ont dit stop ? À quel moment et comment avez-vous pris la décision ?

Tu imagines assez bien ! (rires) On vous montre ça bientôt en vidéo !

© Coll. Parmentier

Après deux projets comme tu viens de réaliser, as-tu encore d’autres idées en tête pour te renouveler et repousser encore les limites de l’aventure ?

Oui ! J’ai plein d’idées de projets dans ce style ! Le principal frein pour les réaliser, c’est le temps et la fatigue qu’ils entraînent. On va franchement loin dans l’effort, tu tapes dans le muscle et agresse ton esprit infiniment plus qu’en couenne ou qu’en compète. Le temps de récupération étant plus long, il faut espacer ces projets dans le temps.

Un film est donc en préparation autour de cette aventure, peux-tu nous en dire plus ?

Grâce à la motivation et l’enthousiasme de Solidream, Jean Elie Lugon et Julia Cassou on a pu prendre quelques images de cette journée ! On a sans doute pas assez de contenu pour réaliser un vrai film mais une vidéo sortira ! On cherche encore des moyens financiers pour la réalisation ! Si vous êtes intéressé en lisant ces lignes n’hésitez pas ! (rires)

Un dernier mot à ajouter ?

Ces projets d’endurance sont dans l’air du temps, pas besoin de traverser le monde ou l’Europe pour trouver de quoi repousser ses limites. Ça pousse à redécouvrir les spots autour de chez soi. Et puis on se marre bien à imaginer et créer ses propres défis, ça s’adapte aussi à tous les niveaux!

Par exemple, des grimpeurs de Lyon se sont lancés dans l’enchaînement à la journée de tous les blocs bleus des salles MRoc, en reliant les salles à Vélo!

Les projets de link-up refont surface et sont bien mis en avant. Il y a un réel engouement qui se développe, à l’image de la performance  de Kilian Jornet sur les 82 4000 des alpes. Je pense qu’un sport de haut niveau plus éco-responsable pourrait prendre cette direction. C’est stylé et enviable !


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Publié le : 18 septembre 2024 par Charles Loury

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