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Trouble alimentaire en escalade : l’IFSC met en place une nouvelle politique

Après le séisme qui a ébranlé l’IFSC la saison dernière (les démissions successives de deux médecins de l’IFSC et les prises de paroles mouvementées de Janja Garnbret) à propos des problèmes de poids en escalade, la fédération internationale a adopté de nouvelles mesures pour l’année 2024. La responsabilité en incombe principalement aux fédérations nationales.

Critiquée pour ne pas en faire assez dans la lutte contre les troubles alimentaires, l’IFSC a décidé de mettre en place de nouvelles mesures cette année. En direct devant la presse, la fédération internationale, présidée par Marco Scolaris, a tenu à rappeler que la santé des athlètes était une priorité. Pour cela, elle a publié ses nouvelles lignes directrices en matière de santé, dans le but de mieux protéger les athlètes, notamment au sujet des troubles alimentaires. Ces nouvelles mesures prendront effet dès le 15 février 2024.

Des voix se sont élevées pour demander que l’indice de masse corporelle (IMC) soit utilisé comme critère, mais en soi, un simple test d’IMC ne donne pas une image précise de la santé d’une personne et, surtout, ne serait pas juridiquement défendable. En outre, l’IMC varie considérablement d’un pays à l’autre. Exclure des athlètes de la compétition sur la seule base de l’IMC constituerait donc une violation flagrante de leurs droits.

Piero Rebaudengo, directeur général de l’IFSC

C’est pourquoi, l’IFSC a entrepris d’élaborer une politique plus complète, liée au déficit énergétique relatif dans le sport, souvent appelé RED-S (de l’anglais Relative Energy Seficiency in Sport). Il est le résultat d’un apport calorique insuffisant et/ou d’une dépense énergétique excessive et peut avoir un impact profond et durable sur la santé des athlètes, quel que soit leur sexe.

Étant donné que le RED-S n’est pas identifiable à l’aide d’un seul test ou d’une seule méthode de dépistage, la commission médicale de l’IFSC, dirigée par le docteur Naama Constantini, qui fait également partie du groupe d’experts du CIO sur le RED-S, a conclu qu’une procédure de dépistage plus complète était nécessaire pour obtenir des informations précises sur l’état de santé d’un grimpeur.

Le principe du RED-S © Swiss Olympic

Ainsi, la nouvelle politique de l’IFSC prévoit un processus en plusieurs étapes, afin que les athlètes puissent obtenir leur licence pour participer aux compétitions internationales. Cela confère une responsabilité particulière aux fédérations nationales, qui sont à la base de ce processus.

Les fédérations nationales sont la clé du succès de la nouvelle politique, car la santé et le bien-être des athlètes relèvent de leur responsabilité au niveau national.

Marco Scolaris, président de l’IFSC

La nouvelle politique sera mise en œuvre avant le début de la saison internationale 2024, dont le coup d’envoi sera donné à Keqiao, en Chine, le 9 avril, et sera pleinement opérationnelle pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 et les Séries de Qualification Olympique, qui se dérouleront à Shanghai en mai et à Budapest en juin 2024.

Le nouveau protocole mis en place par l’IFSC

Voici en détails la nouvelle procédure mise en place par l’IFSC qui permettra d’identifier des grimpeurs à risque :

  • Dans un premier temps, les athlètes devront remplir deux questionnaires, visant à accumuler des données personnelles telles que leur taille, leur poids, leur fréquence cardiaque et leur pression artérielle. Y figurent également des questions sur leurs variations de poids, l’intensité de leurs entraînements ou encore sur les cycles menstruels pour les femmes.
  • Sur la base de ces informations, les fédérations nationales devront identifier les personnes à risque et leur faire passer des examens médicaux complémentaires et des tests de laboratoire (densité osseuse, taux de testostérone ou lipoprotéine LDL, par exemple).
  • Ces résultats seront ensuite introduits dans le calculateur RED-S du Comité International Olympique, qui établit un niveau de risque pour la santé de l’athlète : si le voyant est vert (risque nul ou très faible) ou jaune (risque léger), le grimpeur pourra participer aux compétitions. S’il est orange (risque modéré à élevé), le grimpeur est autorisé à participer aux compétitions à condition d’être évalué et traité par le personnel médical de la fédération nationale avant les compétitions et tout au long de la saison. Ce n’est qu’en cas de voyant rouge (et donc de risque très élevé pour la santé) que la licence du grimpeur est suspendue. Selon la politique, cela s’applique « jusqu’à ce que l’athlète ait démontré un rétablissement suffisant et ait été autorisé à participer par le personnel médical de sa fédération nationale ».

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L’efficacité de cette nouvelle directive dépend donc principalement de sa mise en œuvre. La question est maintenant de savoir si les fédérations nationales vont interdire leurs athlètes les plus performants si leur risque est jugé trop élevé. Ce qui est certain, c’est que les règles internationales n’ont jamais été aussi drastiques.

Le nouveau système souligne notre engagement en faveur de la santé de nos athlètes. Cette politique nous aidera non seulement à déterminer quels sont les athlètes les plus à risque, mais aussi à sensibiliser le public à cette question, à apporter de l’aide à ceux qui en ont besoin et à veiller à ce que les droits de chaque athlète soient protégés.

Marco Scolaris, président de l’IFSC

Des contrôles aléatoires tout au long de la saison

La fédération internationale procédera également à des contrôles aléatoires et ciblés des paramètres que sont la taille, le poids, l’IMC, la fréquence cardiaque et la pression artérielle tout au long de la saison de compétition. L’IFSC conservera également les informations fournies par les fédérations nationales.

Si les valeurs limites critiques sont dépassées, le grimpeur sera soumis à un comité consultatif externe. Celui-ci vérifiera les cas suspects, comparera les données collectées avec les certificats de santé des fédérations nationales et prendra ensuite une décision quant à l’autorisation de prendre part ou non à la compétition. L’IFSC s’acquittera de son devoir de protection des athlètes en limitant leur participation à une compétition si le comité estime qu’ils sont en danger.

À titre d’exemple, voici les scores et les mesures qui permettent de savoir qui sera autorisé à participer aux compétitions ou si des tests supplémentaires sont nécessaires

IMC : Hommes de 18 ans et plus < 18,5 ; Hommes de 15 à 17 ans : < 18
Femmes de 18 ans et plus < 18, Femmes de 15 à 17 ans : < 17.5
Fréquence cardiaque : 18 ans et plus < 40bpm ; moins de 18 ans < 50bpm
Pression artérielle : < 90/60 mm Hg)

Voici quelques exemples d’IMC :
(L’indice de masse corporelle (IMC) est le poids d’une personne en kilogrammes divisé par le carré de sa taille en mètres).
61 kg / (180 cm * 180 cm) = 18,8
54 kg / (170 cm * 170 cm) = 18,7
46 kg / (160 cm * 160 cm) = 18,0
40 kg / (150 cm * 150 cm) = 17,8


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Les dés sont lancés !

Alors, cette nouvelle mesure va-t-elle réellement permettre de réduire les troubles alimentaires présents dans notre sport ? Nous le découvrirons au cours de la saison, si des grimpeurs seront exclus des compétitions pour leur propre protection. Les fédérations nationales sont-elles vraiment disposées à interdire leurs athlètes les plus performants si nécessaire ?

La santé, le bien-être et la sécurité des athlètes ont toujours été et resteront une priorité pour la Commission des Athlètes. La politique annoncée aujourd’hui marque le début d’une démarche visant à rendre notre sport plus sûr en abordant un sujet complexe et sensible.

Je continuerai à travailler avec mes collègues membres de la Commission pour m’assurer que la voix des athlètes est entendue et qu’ils sont soutenus lors de la mise en œuvre de ces nouvelles politiques. Je tiens à remercier la commission médicale et le département des sports pour le travail acharné et le dévouement dont ils ont fait preuve dans l’élaboration de cette politique. Nous pensons qu’il s’agit d’une étape positive pour la protection des athlètes.

Shauna Coxsey, présidente de la Commission des Athlètes au sein de l’IFSC


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Publié le : 26 février 2024 par Nicolas Mattuzzi

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