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Training: Quand l’équipe de France jeune rencontre l’équipe du Japon

© FFME

Du 29 janvier au 2 février dernier, les jeunes espoirs français du bloc et de la difficulté ont partagé un stage avec l’équipe jeune du Japon, entre Fontainebleau et Paris.

Entre circuits spécifiques, travail analytique et « circuits contests » individuel et par équipe, la semaine fut chargée et intense pour tous ces jeunes espoirs de l’escalade internationale. Convivialité, partage, apprentissages, perspectives positives sont assurément les mots clés qui résument ce stage organisé de main de maître par Corinne Théroux, entraîneur de l’équipe de France jeune d’escalade de difficulté. Il s’est achevé dans la salle Edenwall à Macon, où se dérouleront dans 15 jours les Championnats de France d’escalade jeune de bloc 2019. Le résumé complet du stage est à lire sur le site de la FFME.

De notre côté, nous avons posé quelques questions à Corinne Theroux et à Nina Artaud (membre de l’équipe de France jeunes), et on lance les hostilités avec Nina qui nous livre un peu ses impressions…

Rappelle nous quels sont tes objectifs cette année?

Mes objectifs pour cette année sont principalement centrés sur la difficulté, aller en haut de toutes les voies. Mais je reste opportuniste pour les compétitions de blocs.

Que retiens-tu de ce stage Franco-Japonais organisé à Paris?

Ce stage à Paris avec quelques jeunes de l’équipe Japonaise était très enrichissant. Je retiens principalement les moments de partage entre les deux équipes.

Vois-tu une grande différence dans ton approche de l’escalade et du haut niveau par rapport aux Japonais?

Les Japonais ont la capacité de s’entrainer beaucoup avec une grande rigueur et de ne jamais abandonner : de vrais Ninjas ! Cette manière de s’entraîner était très inspirante.

Ces stages t’aident-ils à organiser ton entraînement différemment par la suite?

Bien sûr ce stage et mon séjour au Japon en Octobre avec Team K-You m’ont apporté différentes pistes pour la suite de mes entraînements. Privilégier beaucoup la grimpe (plutôt que la préparation physique) par exemple.

Enfin, les JO 2024, tu y penses ?

Les JO de 2024 sont un projet éventuel pour la suite. J’adore les 3 disciplines en escalade et ce que chacune d’elle apporte aux autres. Alors pourquoi pas…


On poursuit avec quelques questions posées à Corinne Theroux, entraîneur de l’équipe de France jeune de diff.

Rappelle nous quel est ton poste cette année sur les équipes de France ?

Depuis un an et demi, je suis entraîneure nationale de l’ Equipe jeune de Difficulté. J’ai constitué une équipe d’entraîneurs investis et compétents (Benjamin Bouissou, Sébastien Casado, Fabien Viguier et d’autres intervenants ponctuels) et nous partageons un projet commun. Je suis aussi naturellement associée à la formation des jeunes, projet coordonné par Laurent Lagarrigue. L’idée est de permettre une meilleure organisation entre les trois disciplines et de ne pas surcharger le calendrier des jeunes en stages et en compétitions tout en conciliant leur parcours scolaire et leurs nécessaires loisirs.

Depuis longtemps, tu t’es investie dans des liens avec l’étranger (Espagne, Angleterre, Allemagne, Suisse, Autriche et plus récemment le Japon). La semaine dernière, la fédération a reçu les meilleurs Japonais à Paris et Fontainebleau (Karma). En tant qu’entraîneur, qu’as-tu retiré de ce stage « Franco-Japonais » ?

Une grande rigueur…. Tant chez les sportifs que chez les entraîneurs. C’est culturel : ce sont de gros bosseurs (grosses séances, beaucoup d’heures). Ils font, refont et refont encore. Ils sont à la fois individualistes et très sociables (politesse, écoute, respect des aînés, des profs, de l’entraîneur). Ils restent intuitifs, créatifs. C’est inspirant.

Quelle(s) différence(s) peux-tu voir entre les deux équipes nationales ?

Une organisation très différente : l’entraîneure nationale japonaise est plus sélectionneure et organisatrice que Coach ou entraîneure. Les grimpeurs sont livrés à eux-mêmes et soumis à une grande concurrence. Ils prennent en main leur parcours, payent leurs coachs et leur préparateur physique. Les moyens financiers sont essentiellement privés (famille, sponsors) : pas d’aide fédérale ni du ministère comme en France.

Et quelle différence vois-tu au niveau de l’entraînement ?

Chaque matin, les sportifs étaient échauffés par Ogata (leur préparateur physique) pendant plus d’une heure, au sol sans toucher les prises. Il associe l’échauffement et une forme de préparation physique centrée sur les placements, la résistance à la déformation, souvent en situation d’équilibre précaire ou de déséquilibre et très centré sur les aspects musculaires et articulaires (hanches et épaules surtout). C’est une forme classique au Japon et qui rappelle ce qui se fait dans tous les pays en gym. Les jeunes sportifs français ont appris énormément de choses et reviennent convaincu de l’efficacité de ce genre d’échauffement.

Pour l’escalade, nous étions sur du travail spécifique avec beaucoup de situations analytiques. Les jeunes grimpeurs y sont très rapides avec une grande mobilité sur le haut et le bas du corps. Ils sont rès axés sur le « déplacement » : Rapidité d’exécution, prise de risque, coordinations nouvelles, qualités physiques correspondantes (vitesse, force, qualité de freinage, de résistance à la déformation, de contorsion, …), … Technique plus variée (tenir les prises mais aussi ne pas tenir les prises, force de motricité mais aussi force de freinage), le rendement c’est dans des hautes intensités (Position de Max Effort !)

Au détour d’une conversation, tu nous parlais d’un jeune japonais qui vous a impressionné, tu peux nous en dire plus?

Keita Dohi est champion olympique jeune (JOJ) et il est vraiment fort. Il a contribué à la saine émulation du groupe et a permis à nos jeunes de s’identifier et d’apprendre à son contact.

Aujourd’hui, il y a encore des équipe de France jeune de bloc, diff et vitesse, comment s’organise alors la préparation du combiné dans la perspective de Paris 2024 ?

C’est une bonne question car l’enjeu pour nous est bien de former les jeunes à une grande variété de pratique, dont les trois disciplines car elles alimentent chacune une façon « moderne » de grimper qui est assez différente de celles du passé. Qu’un ou plusieurs formats de compétition changent, qu’elles soient combinées (ou pas) dans les futures épreuves des Jeux de 2024, ça ne change pas grand-chose pour l’instant, à ce stade de préparation des jeunes. De toute façon, il faudra s’adapter d’ici un an aux formats retenus par l’IFSC et le CIO.