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Seb Bouin enchaîne le Chilam Balam français : « les yeux plus gros que l’antre » 9a+/b !

© Raphaël Fourau

Énorme performance de la part de Seb Bouin ! Le falaisiste français est venu à bout de l’un de ses plus gros projets : « les yeux plus gros que l’antre », une voie qu’il surnomme le Chilam Balam français.

Plus de 60 mètres de grimpe dans un plafond monstrueux, situé à Russan.

Avec cette croix, Seb Bouin fait de cette voie la quatrième plus dure de France, après « CRS » 9b, « Eagle 4 » 9b, et « Akira » 9b

Et qui de mieux pour en parler que Seb Bouin en personne, qui nous décrit en détail cette voie :

Le nom et l’histoire de la voie

Cette voie est constituée de deux parties qui n’ont pas été équipées à la même époque.

La seconde partie de cette voie se nomme « Les yeux plus gros que le ventre » et possède une entrée indépendante. Cette partie a été équipé par Pierre Rouzeau apparemment pour reprendre contact avec le monde de l’escalade suite à la mort d’Hugues Beauzille. C’est donc, pour l’époque, assez audacieux d’ouvrir cet immense ventre, d’où le nom.

La première partie a été équipée récemment (cette année) et rallonge le départ des yeux plus gros que le ventre. Il permet de grimper toute la baume en entier. Cela rajoute 20 -25 mètres de développé en plafond avant de rejoindre la seconde partie « les yeux plus gros que le ventre ».

Il restait cependant à trouver un nom pour cette intégrale, « Les yeux plus gros que l’antre » m’a paru pas mal !

Le nom était pour moi !

Lorsque j’ai entendu parler de cette voie, c’est tout d’abord le nom qui m’a interpellé. En effet, mon plus gros défaut et ma plus grande qualité en escalade est que je voie toujours au-dessus de ce que je suis capable de faire. « Les yeux plus gros que le ventre », c’est moi. Je veux toujours plus gros, plus dur.

Et puis ensuite, quand j’ai vu la baume et la ligne, mon coeur a dît c’est partie, c’est encore mieux que dans mes pensées!

Description de la voie :

Cette voie peut se décomposer en plusieurs parties. Tout d’abord il y a un 8b+ de 20-25m pour rejoindre un très bon repos. Ensuite il faut faire tomber sa corde pour pouvoir continuer. En se vachant « mou » (le grimpeur reste libre, technique utilisé en Norvège, à Flatanger) à une dégaine avec un cabestan, on peut tirer la corde jusqu’au sol. L’assureur prend ensuite le relais et tire le reste pour le faire passer dans les dégaines. On repart donc sur une dégaine pour avoir le moins de tirage possible.

De ce changement de corde, il y a de suite un pas de bloc sur monodoigt pour atteindre un autre repos. Ce qui fait monter la cotation générale à 8c. Suite à cela, il reste un 9a très résistant à réaliser avec des pas de blocs en haut. On pourrait le décrire ce dernier 9a de cette façon : une approche sur bonnes colonnettes, puis un 7A bloc, un autre 7A bloc, un 7C+/8A bloc, et un 7B bloc. Tous ces derniers pas de blocs sont somptueux.

Le clou du spectacle est le jeté final du 7C+/8A bloc. Ce jeté représente le red point de la voie. Je suis tombé 4 fois à ce jeté (après 60 m d’escalade…).

Une First Ascent

Cette voie n’avait jamais vraiment été essayée (même la seconde partie, « les yeux plus gros que le ventre »).

Cependant, lorsque j’ai vu la ligne, c’était une évidence pour moi d’essayer.

Une FA est toujours plus compliquée à réaliser, car il faut nettoyer, trouver les prises, les méthodes… ça prend plus de temps, c’est sûr!

Mais c’est un processus obligatoire pour moi en France si je veux trouver de nouveaux projets à me mettre sous la dent.

L’équipement est aussi obligatoire pour faire monter les cotations et le niveau français 😉

Des conditions compliquées

Cette voie résurgeait tout l’hiver dans le plafond. J’ai donc pris la décision de la faire avec les résurgences. Par chance, la fin était toujours sèche.

Cotation

En comparant cette voie à d’autres que j’ai essayées ou réalisées je propose timidement le 9a+/9b. Je pense que cette voie est bien plus dure que Chilam Balam (9a+/b) ou bien Pachamama (9a+ dur, proposé à 9a+/b par Patxi Usobiaga).

Cependant, je n’ai pas une grande expérience dans le 9b, et j’espère que d’autres grimpeurs viendront répéter ce bijou français.

La 4ème voie la plus dure de France

C’est la 4ème voie la plus dure de France après « CRS » 9b (que j’ai équipé), « Eagle 4 » 9b, et Akira 9b?

Cependant je pense que c’est de loin la plus belle 😉

Publié le : 04 avril 2018 par Nicolas Mattuzzi

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