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Quand Janja Garnbret survole les finales de ses premiers Championnats du Monde de bloc !

Janja Garnbret a une nouvelle fois marqué l’Histoire de l’escalade !

Janja Garnbret a de nouveau ajouté son nom dans l’Histoire. Elle est devenue la première grimpeuse à avoir été titrée Championne du Monde de difficulté (à Paris, en 2016) et Championne du Monde de bloc (à Innsbruck, hier soir).

Il faut dire que cette saison, la slovène avait fait en sorte d’arriver particulièrement prête pour son premier Championnat du Monde de bloc. Après avoir dominé les qualifications puis les demi-finales, c’est en dernière position que Janja s’élançait hier soir.

Retour bloc par bloc sur ces finales, où la médaille d’or est revenue à Janja Garnbret, qui s’impose devant Akiyo Noguchi et Stasa Gejo.

Bloc 1

Quelle démonstration d’escalade de la part de Janja ! Les minutes commençaient à se faire longues dans le premier bloc des finales. Une à une, les cinq premières grimpeuses se faisaient renvoyer au tapis, sans réussir le premier mouvement. Il faut dire que les ouvreurs avaient opté pour une entrée en matière très intense: un premier mouvement dynamique, où il faut rebondir sur une prise de main, puis sur une prise de pied avant d’effectuer une nouvelle coordination menant sur un gros jeté, le tout dans le même mouvement !

Seule la serbe Stasa Gejo réalise cette première séquence, avant de chuter quelques secondes plus tard pour aller chercher la dernière prise.

L’arrivée de Janja Garnbret allait bouleverser la compétition. Après deux essais de calage, la jeune slovène réalise à la perfection le premier mouvement de coordination. Puis elle prend le temps de se placer correctement et envoie sur la dernière prise: ça tient pour Janja, qui, dès les premières minutes de la compétition, venait de prendre une avance considérable au classement, en étant la seule à enchaîner le premier bloc.

 

Bloc 2

Le thème du deuxième bloc était complètement différent du premier tracé, mais la difficulté encore plus élevée. Depuis deux bi-doigts, il fallait se retourner complètement pour être la tête en bas et envoyer ses pieds en contrepointe sur une grosse prise plate située plus haut, puis aller chercher la zone, avant de se redresser sur un talon et s’envoler sur la dernière prise.

Une nouvelle fois, toutes les compétitrices se font rattraper par la gravité. Envoyer ses deux contrepointes la tête en bas est extrêmement difficile.

En bonne grimpeuse de difficulté qu’elle est, Jessica Pilz opte pour une autre méthode, qui impressionne les spectateurs: elle tente un Yaniro, mais quelques centimètres lui manqueront pour atteindre la prise.

Une méthode toute en contorsion pour Jessica Pilz | © Erich Spiess

Arrive alors Janja Garnbret, qui n’avait pas fini de nous épater. Tête en bas, elle parvient lors de son deuxième essai à bloquer ses contrepointes sur cette grosse prise. Janja se redresse, valide la prise de zone, mais chute juste après, sous le top final. Personne n’aura enchaîné ce deuxième problème mais une fois encore, seule la slovène aura validé la zone, prenant une deuxième longueur d’avance au classement.

Bloc 3

Nouveau changement de style pour ce bloc sur un profil plus vertical. Tout commençait par un gros mouvement d’épaule de type « scorpion », suivi d’une fin un peu plus aléatoire, où plusieurs méthodes étaient possibles.

Un bloc décisif car c’est lui qui allait décider du podium de ces Championnats du Monde. Pour cause, trois grimpeuses atteindront la prise finale.

Tout d’abord, c’est Stasa Gejo qui se lance dans un run à vue impressionnant ! Très solide, ce bloc ne semble être qu’une formalité pour la jeune serbe, qui attrape la dernière prise et valide son premier top des finales.

Puis, c’est Akiyo Noguchi qui fait parler toute son expérience dans ce bloc pour en venir à bout lors de son deuxième essai.

Enfin, c’est de nouveau Janja Garnbret qui sera la troisième grimpeuse à enchaîner le tracé. Même si les premiers mouvements lui posentquelques difficultés, la slovène enchaînera ce bloc à son quatrième essai. L’essentiel venait d’être fait. Avec ce top, Janja venait d’accumuler assez d’avance au classement pour remporter le titre de Championne du Monde avant même de se rendre dans le dernier bloc !

À ce moment, Janja Garnbret venait de remporter le titre de Championne du Monde | © Syste van Slooten / IFSC

Bloc 4

Un dernier bloc qui n’allait donc pas décider du titre mondial, mais de la médaille d’argent. En effet, seule Akiyo Noguchi réalisera ce bloc, tandis que ni Janja Garnbret ni Stasa Gejo ne valide la zone. Il faut dire que la serbe n’a plus les armes physiques pour se battre: le bout de ses doigts est complètement en sang et le juge officiel lui demande de les recouvrir de strap pour continuer.

La japonaise sera donc la seule à dompter ce dernier bloc. Elle réussit à coordonner sa main droite avec son pied gauche pour gainer le premier mouvement, puis parvient à effectuer les derniers gestes physiques du bloc pour s’octroyer une belle médaille d’argent… 11 ans après sa première médaille sur un Championnat du Monde !

Un top dans le bloc 4 qui vaudra le titre de vice-championne du Monde à Akiyo Noguchi | © Eddie Fowke

Malgré plusieurs tentatives, Janja Garnbet n’enchaînera donc pas ce dernier bloc. Mais la slovène se savait déjà victorieuse. Alors quand le bip de fin retenti, elle fond en larmes devant les milliers de spectateurs qui l’acclament: la tornade slovène a encore frappé ce soir à Innsbruck, pour s’offrir son premier titre de Championne du Monde de bloc et ainsi marquer un peu plus encore l’Histoire de l’escalade.

Cette victoire signifie beaucoup pour moi. Après la finale de la difficulté, j’attendais juste avec impatience le bloc, car c’est pour cette discipline en particulier que je me suis entraînée toute l’année. Je suis tellement heureuse ! Je pense que je n’ai jamais été aussi émue après une compétition.

Je savais que j’avais gagné avant même de me lancer dans le dernier bloc, je n’étais donc plus vraiment concentrée et je me sentais tellement fatiguée. Bien sûr je voulais faire de mon mieux, mais je savais que j’étais la nouvelle Championne du Monde, je ne pouvais pas faire mieux.

Tout de suite après, j’ai fondu en larmes. Des larmes de bonheur. Dans ma tête, en quelques instants, sont revenus en moi tous ces durs moments passés à l’entraînement. C’est ce travail qui a payé hier soir et j’ai été submergée par un sentiment vraiment particulier.

L’un de mes premiers objectifs dans ma carrière de grimpeuse était de devenir Championne du Monde de difficulté. J’ai réussi à Paris, alors que je n’avais que 17 ans. Puis j’ai voulu me concentrer sur l’escalade de bloc, et ces Championnats du Monde étaient les premiers pour moi dans cette discipline. Je voulais vraiment monter sur le podium, voire même sur la plus haute marche. En réussissant, je peux dire que l’objectif de ma vie est atteint: j’ai été Championne du Monde de difficulté et de bloc !

Un nouveau rêve qui se réalise pour Janja Garnbret | © Syste van Slooten / IFSC


Avec le soutien de Black Diamond

Publié le : 15 septembre 2018 par Nicolas Mattuzzi

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