Nico Pelorson se frotte au « Bombé bleu » à Buoux.
« Le bombé bleu », cette mythique voie de Buoux ouverte par Marc Le Menestrel dans les années 90 est toujours invaincue fait l’objet depuis quelques temps de plusieurs tentatives pour la libérer. Parmi les grimpeurs qui tentent l’enchaînement, on retrouve Nico Pelorson qui s’est mis en tête de clipper le relais. Après plusieurs séances de travail et la sortie d’une vidéo (cf. en bas d’article), nous lui avons posé quelques questions pour en savoir plus sur ce projet qui résiste depuis près de 30 ans aux grimpeurs s’y étant frotté.
Parle nous un peu de ton super projet du Bombé Bleu: quelle est son histoire?
« Le bombé bleu », c’est la ligne qu’on repère tout de suite depuis la route lorsqu’on arrive à Buoux ! Dans les années 90, Marc Le Ménestrel a décidé d’équiper cette voie qui faisait rêver tout le monde. Plus que réussir à l’enchainer un jour, l’idée de Marc en équipant cette voie était de passer le premier dessus pour être sûr que personne n’irait tailler des prises dans une ligne aussi parfaite. Je trouve ça très louable de sa part et je lui en suis reconnaissant.
Pourquoi as-tu choisi cette voie comme projet?
Et bien pour moi, c’est le truc le plus stylé qu’il reste à faire en escalade en France. Ce vieux projet magnifique, exigent et toujours invaincu perché à 50 mètres du sol…Le défi est trop beau !
Qu’est-ce que représente la ligne pour toi?
Je dirai simplement la pureté de l’escalade. Pas de genouillères, pas de lolotte, justes des petits trous dans un gros dévers bleu magnifique.
Décris nous un peu la voie et les différents crux.
La voie commence par un 7a de 10 mètres. Le 7a nous mène à une vire où l’on peut se reposer confortablement. Au sortir de la vire, il y a le premier crux qui est le plus dur. Il existe plusieurs méthodes pour réussir ce pas. Les grands (plus de 1m90) pourront prendre une inversé bac et se tendre à un bon bidoigts main gauche en gardant les deux pieds sur la vire. Pour les autres, il reste deux méthodes très difficiles. L’une consiste à prendre un mono et jeter au gros bidoigt et l’autre à prendre une toute petite réglette et à jeter au même bi doigt. La difficulté étant que le bidoigt est très étroit et qu’il faut arriver avec les doigts parfaitement dedans pour espérer le tenir.
Les deux pas de blocs suivants sont tous les deux autour de 8A bloc et ils consistent tout deux à tenir des bidoigts tendu dans ce gros dévers. Ce qui est très difficile dans cette voie, c’est le coté aléatoire du premier mouvement. En définitive, un run dans le bombé bleu ressemblera à ça : « je grimpe le 7a, je me repose 15 minutes à la vire. Je tente le premier mouvement, je tombe. Je redescends au sol. Je grimpe de nouveau les 10 mètres de 7a, je me repose de nouveau 15 minutes à la vire. Je rate de nouveau le premier mouvement… » et comme ça plus ou moins tout son trip. C’est super ingrat mais le jeu en vaut la chandelle.
Depuis quand travailles tu la voie ? Ou en es-tu dans le processus de travail ?
J’ai commencé à travailler la voie l’an dernier, quand j’habitais à Marseille. J’avais fait 3 séances en tout et je me suis directement rendu compte que le problème pour moi allait être ce premier mouvement (j’étais plutôt confiant de pouvoir enchaîner la suite avec un peu d’entrainement spécifique). Un an plus tard, j’y suis retourné lors de ce trip depuis Paris avec l’idée de grimper dedans quelques jours.
A l’issu de ce séjour, j’ai fait 4 séances dans le bombé bleu. Comme je le pressentais, j’ai réussi à enchainer toute la partie dure après le premier mouvement. En revanche, ce premier mouvement m’a donné du fil à retorde comme on peut le voir sur la vidéo.
Toi qui a déjà essayé pas mal de voies dures, celle là est vraiment un cran au dessus selon toi? Tu as de quoi comparer un peu? C’est la raison pour laquelle elle n’a encore jamais été répétée selon toi? Ou est-ce que le style en rebute plus d’un?
En termes de niveau pur, je ne pense pas que ça soit beaucoup plus dur que des voies que j’ai déjà réussies (je dirai que ça vaut 9a+ ou 9b). En revanche, c’est beaucoup plus aléatoire et traumatisant que toutes les autres voies dures, ce qui la rend vraiment ingrate à travailler. Pour avoir essayer la « DuraDura » pas mal de fois par exemple, je suis persuadé que c’est beaucoup plus dur que le bombé bleu.
Si elle n’a pas encore été réussi, c’est surtout parce que les grimpeurs très forts dans ce style ne s’y sont pas encore mis. Je reste persuadé qu’un Alex Mégos en forme nous plie ça en moins d’une semaine…
Tu n’es pas le seul sur le coup, Nico Januel par exemple à jeté son dévolu dessus. Ça motive pour faire la première?
Honnêtement ça ne change pas grand-chose à ma motivation. Par contre, j’aimerai bien essayer la voie avec lui =)
A part le bombé bleu, tu as d’autres projets dans les semaines et mois qui arrivent ?
Ho oui. Le gros projet de ce printemps se trouve à Bleau pour moi. C’est le départ assis du fameux Imhotep. Un bloc beaucoup plus dur que tout ce que j’ai déjà fait !