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Nalle Hukkataival revient sur son 9A bloc: « Le mental, c’est 80% de la performance! »

 Le 23 Octobre 2016, Nalle Hukkataival, grimpeur finlandais ayant récemment fêté ses 30 ans, a marqué l’histoire de l’escalade en libérant le premier bloc dans le neuvième degré de la planète. « Burden of Dreams », 9A bloc! Les 5 mouvements d’escalade les plus durs du monde. De minuscules arquées sur un mur de pierre lisse, incliné à 45°. Le simple fait de se suspendre aux prises demande une force hors-norme.

Après 4 ans de travail, des centaines de chutes et des milliers d’essais, Nalle Hukkataival est parvenu au sommet de ce bloc extrême.

« Assez drôlement, le bloc ne semble pas si dur et quand on le regarde, on se dit que c’est juste un gros 8B+ ou un 8C. Mais assez tôt, j’ai compris qu’il allait être beaucoup plus difficile que ce que j’avais imaginé!

Tant de fois, je l’ai travaillé jusqu’à un point où je me sentais tout proche de l’enchaînement, il me manquait juste un petit plus. Puis quand je parvenais à avoir « ce petit plus », je me rendais compte qu’en fait, je n’étais pas proche du tout. 

C’est évident que le côté mental est devenu essentiel, 80% de la performance.

Nous avons tous des facteurs limitants et des croyances qui nous empêchent d’atteindre notre potentiel à 100%. C’est toujours douloureux et difficile de passer une nouvelle étape, mais une fois que vous l’avez fait, ça change tout!

Par exemple, je suis sûr que si quelqu’un me paye suffisamment, je peux ré-enchaîner « Burden of Dreams ». Maintenant que le poids mental n’existe plus, il s’agit simplement d’effectuer une action physique que vous avez déjà réalisée.

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J’avoue que ça paraît incroyable de voir marquer « 9A bloc ». Mais je pense que je n’ai pas encore atteint mes limites. Premièrement, nous ne sommes presque jamais en mesure de repousser notre corps à ses véritables limites physiques. Et deuxièmement, l’esprit est toujours en train de limiter ce que le corps peut faire. Une mère qui se bat chaque jour pour emmener son sac de course jusqu’à la maison peut soulever l’arrière d’une voiture pour sauver son enfant. Nos corps sont capables de produire beaucoup plus de puissance que ce que nous pouvons imaginer. 

J’ai grimpé beaucoup de blocs durs dans ma vie, en passant toujours par la même formule. Vous choisissez un rocher dur, et après la première session, vous savez généralement que vous allez l’enchaîner. Ça va juste demander beaucoup de travail.
Maintenant, j’aimerais essayer quelque chose que je ne pense pas possible au fond de moi. C’est ça le vrai challenge!

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Je pense que d’autres grimpeurs seront capables d’enchaîner ce bloc. Surtout du point de vue physique. Le vrai défi avec les cotations, c’est qu’elles mesurent seulement le pur aspect de la difficulté physique. Mais quand nous parlons de difficulté proche de la limite du potentiel génétique de l’Homme (surtout quand c’est une première ascension et que personne n’a encore prouvé que c’était possible », l’aspect mental devient extrêmement lourd et présent. Pourtant vous êtes censés séparer cet aspect mental et le poids qu’il a pesé pour pouvoir donner une cotation. C’est comme aller nager, et puis après, au lieu que quelqu’un vous chronomètre, on vous demande à quelle vitesse vous avez nagé sans que l’eau vous ralentisse. C’est une situation irréaliste. 

L’effet psychologique d’une barrière existe réellement, et quand elle est cassée, elle est rompue pour tout le monde. L’exemple parfait, c’est la légendaire barrière des 10 secondes aux 100 mètres. Des décennies de progrès ont finalement été stoppé par la « barrière imaginaire » que le corps n’était pas capable de passer sous la barre des 10 secondes. Mais après des années, et une fois que cette barrière imaginaire a été brisée, de nombreux ont suivi. »

  • Commentaire tiré d’une interview réalisée par UKC

Publié le : 30 octobre 2016 par Nicolas Mattuzzi

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