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Le jeune Toulousain Mattéo Marobin se paye « Super Crackinette » 9a+ !

© Antoine Gaillard

Mattéo Marobin, 19 ans, vient de clipper le relais de « Super Crackinette », le 9a+ iconique de Saint-Léger. Encore sous l’émotion de sa performance, il nous raconte son ascension.

Décidément, les jeunes grimpeurs Toulousains sont en grande forme ! Après que Kito Martini ait réalisé l’exploit de décrocher la couronne de Champion de France de bloc senior, c’est au tour de son collègue Mattéo Marobin de s’illustrer ! C’est sur la falaise de Saint-Léger que celui-ci a signé une belle performance, en venant à bout de « Super Crackinette ».

Cette voie, grimpée pour la première fois en 2016 par Alex Megos, était devenue historique deux ans plus tard, quand Adam Ondra l’avait flashée, faisait d’elle le premier 9a+ flashé au monde. En 2020, « Super Crackinette » refaisait la une des médias grâce à Julia Chanourdie, qui faisait d’elle la première voie de ce niveau à être réalisée par une grimpeuse française.

Après avoir été répété par des grimpeurs comme Cédric Lachat, Seb Berthe, Thomas Ballet, Nolwenn Berthier ou encore Nicolas Pelorson, c’est maintenant au tour de Mattéo d’en venir à bout. Après avoir enchaîné « Flesh For Fantasy », son premier 9a, en novembre 2022, puis signé la première ascension de « Remise de Pène » 9a en avril dernier, « Super Crackinette » marque le premier 9a+ de son carnet de croix.

Nous sommes allés à sa rencontre pour en savoir un peu plus sur lui et sur sa récente performance.

Mattéo, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Je m’appelle Mattéo Marobin, je suis né en 2004 et originaire de la vallée d’Aure, dans les Hautes Pyrénées. J’ai intégré le pôle espoir Occitanie de Toulouse quand j’avais 13 ans. J’y suis toujours aujourd’hui et je suis étudiant en Bachelor Gestion des Entreprises et Administrations.

Quel est ton palmarès en compétition et tes plus belles croix en falaise ?

L’année dernière, en U20, j’ai remporté les Coupes de France de bloc de Chambéry et de difficulté d’Arnas, ainsi que les deux sélectifs équipe de France de bloc et de difficulté. Cela m’a permis de décrocher mon ticket pour les circuits de Coupes d’Europe jeunes où j’ai réalisé deux top 5 et une 6ème place.

Côté falaise, j’ai récemment fait « Flesh For Fantasy » 9a, la première ascension de « Remise de Pène » 9a et « Dessèchement Planétaire » un 8c libéré par Chris Sharma.

Tu viens d’enchaîner « Super Crackinette », raconte-nous comment s’est déroulé ton enchaînement ?

Le jour de l’enchaînement, j’étais plutôt excité car la veille, j’étais tombé trois fois à la fin du premier crux (pour aller dans le mono-doigt). Au premier essai de la journée, je passe le premier crux et tombe à la fin du deuxième. Malgré la chaleur de l’après-midi, je décide de mettre un deuxième essai en fin de journée. Je passe de nouveau le crux du mono-doigt, mais avec des sensations mitigées et de maigres espoirs de réussites… Néanmoins, je suis resté lucide dans ma grimpe, et j’ai tout donné pour tenir les dernières prises, jusqu’au mouvement dynamique qui marque la fin de la section dure. J’atteignais quelques mètres plus loin le relais de « Super Crackinette ».

J’ai eu la chance de partager ce moment avec plusieurs amis, et même Vincent Etchar, un entraîneur du pôle espoir Occitanie, avec qui j’ai passé un paquet d’heures à m’entraîner depuis septembre. Et on a pu fêter ça entre collègues !

Quel a été ton processus de travail depuis tes premiers essais dans cette voie ?

J’avais passé deux trips de cinq séances lors des vacances de Noël pour découvrir les mouvements et essayer les sections. Ça me paraissait envisageable et à la fin, j’étais capable d’enchaîner la voie avec une pause seulement. Je suis revenu lors des vacances de février sur une plus longue période (deux semaines) avec l’ambition de faire la croix. J’ai pris deux séances pour bien recaler les sections, puis j’ai commencé à mettre des runs. Pendant trois séances, je tombais presque à chaque fois pour aller dans le mono-doigt, puis j’enchaînais la fin assez facilement. Mais je me sentais quand même loin de réussir ce mouvement en partant du bas… Après un jour de repos, j’ai trouvé le calage parfait pour réaliser ce mouvement du mono-doigt, j’étais vraiment proche de le faire, puis, quatre essais plus tard, je me suis retrouvé au sommet de la voie.

Pourquoi avoir choisi cette voie comme projet ?

« Super Crackinette » est une voie de référence en France. Je l’ai toujours trouvée impressionnante visuellement, et elle me paraissait vraiment pure et intense. De plus, ce gros blocage bras droit pour aller dans le mono-doigt me faisait rêver. Depuis septembre, j’ai beaucoup travaillé ma force doigt et ce début d’année était le bon moment pour évaluer les progrès au travers d’un projet en falaise. La voie demande un niveau d’exigence élevé, c’était idéal pour rechercher de la performance avant le début de la saison des compétitions de difficulté.

Il y a beaucoup de monde en ce moment à Saint-Leger, est-ce que cela joue dans la performance ?

Effectivement, il y a beaucoup de monde à Saint-Léger en ce moment ! Le fait d’être en compagnie de mes partenaires d’entraînement m’a mis en confiance et m’a motivé pour produire la meilleure version de moi-même. Ça m’a clairement permis de sortir la voie.

As-tu rencontré des difficultés particulières ?

La voie m’a demandé beaucoup de patience… La face est orientée plein sud, il fait souvent très chaud et il faut être patient pour mettre ses essais au bon moment. Aussi, les réglettes sont abrasives, ça demande une bonne gestion de la peau. Je devais me limiter à deux ou trois essais par jour pour ne pas que mes doigts percent, alors que j’étais tenté d’en mettre plus. J’ai aussi cassé une prise importante dans le bas de la voie lors d’un essai. Heureusement, il y a sa petite sœur cinq centimètres à côté, et pour moi ça ne change rien à la difficulté de la voie.

Quels sont tes objectifs et projets cette année ?

Cette année, c’est ma première année en catégorie senior et j’ai fait le choix de me concentrer sur la difficulté avec pour objectif principal d’intégrer l’équipe de France senior de difficulté. Je retournerai sûrement en falaise lorsque de nouveaux projets mûriront dans ma tête, car il y a plein de voies qui me donnent envie. Il faudra juste trouver le temps d’y aller.

Un dernier mot à ajouter ?

Je souhaite remercier toutes les personnes qui ont contribué à ce projet, mes parents qui m’accompagnent dans tout ce que j’entreprends, ma structure scolaire qui rend possible la réalisation de mes projets sportifs en parallèle de mes études, mes entraîneurs Antoine Gaston, Paul Marty et Vincent Etchar, mes potes…

Je souhaite également bon courage à tous ceux qui essayent ou essayeront cette voie (et notamment à mon ami pyrénéen Thibault Lair, qui fera de cette voie, je l’espère, une formalité).

  • Pour finir, voici en images le run de Mattéo Marobin dans « Super Crackinette » 9a+ :

Publié le : 23 février 2024 par Nicolas Mattuzzi

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