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Interview: Thomas Ballet

Les dix travaux d’Hercule

Mardi 27 novembre 2012, Thomas BALLET a accordé un entretien à La Grimpe  Beaujolaise.

Cette conversation fût  animée par Jean-No Pascal, dans les salons VIP du club Vertige à Arnas.

 Retour sur une saison riche en événements pour Thomas:

  •       il donne dans cet entretien quelques clés de réussite pouvant aussi servir, bien sur en les adaptant, au grimpeur d’un niveau plus modeste,
  •       il revient sur les 10 marques du parcours,
  •       il évoque Patrick Edlinger,
  •       il évoque aussi quelques pistes pour l’avenir.

 Remercions encore ce grand athlète, honnête, humble et talentueux qui nous  fait rêver, et passons un bon moment à déguster tous ses bons mots.

 

JN: Thomas, tes dix travaux mondiaux 2012, en un ou quelques mots pour chacun:

Thomas:

 1) Bercy, Championnat du Monde:  Frustrations, car j’étais en forme et termine 14ème…

 2) Chamonix, Coupe du Monde: bonnes sensations de confiance, 1ère finale.

 3) Briançon, Coupe du Monde: en perte de repères, en perdition.

 4) Imst ( Autriche), Coupe du Monde: mauvais feeling.

 5) Atlanta ( USA ), Coupe du Monde: magique et dommage, car je sors 1er des qualifs et je bug en ½….

 6) Puurs ( Belgique ), Coupe du Monde: beaucoup de fatigue.

 7) Xining ( Chine ), Coupe du Monde: le corps assure avec un doigt blessé, jusqu’aux ½ finales.

 8) Inzai ( Japon ), Coupe du Monde: psychologiquement , j’optimise le handicap.

 9) Mokpo ( Corée  ),  Coupe du Monde: la forme commence à revenir; je maintiens la 14ème.

 10) Kranj ( Slovénie ), Coupe du Monde: le  mental est plus fort, finale et 5ème place.

JN: As tu eu recours à un sorcier à ton retour d’Asie?

Thomas: Grâce à mon école, l’INSA de Lyon, j’ai pu bénéficier de l’aide d’un préparateur mental de très haut niveau: Christian RAMOS.

JN: Actuellement, que te semble t il le plus important à résoudre?

Thomas: Pour  garder le sourire intérieur et l’équanimité, je dois améliorer la visualisation de mon corps dans l’espace en 3 D, en particulier sous les toits, car cette faiblesse m’amène à perdre le calme et la sérénité indispensable à la haute performance.

 JN: Qu’est ce qui te sépare des meilleurs?

Thomas: Mon niveau physique général, en résistance, endurance et force, se situe à des années lumières des premiers. Ils s’entrainent de 6 à 8 heurs par jour, moi, je n’en suis qu’à 2……..Pour moi, l’escalade est une pratique sportive, pour eux, c’est un mode de vie. Ce qui me sauve et me permet d’évoluer à ce niveau, c’est ma facilité à trouver des solutions rapidement, mais vu le peu de réserve à ma disposition, aucune erreur de lecture n’est permise…

 

 

JN: Sur les réseaux sociaux, on entend parler , la saison en salle terminée, des 9A de Ramon Puigblanque ou Sachi Amma qui reprennent leur rythme en falaise, et toi?

Thomas: Maintenant, mon caillou à moi, c’est d’obtenir mon diplôme d’ingénieur en énergie et environnement à l’INSA de Lyon. J’ai besoin viscéralement de me coltiner à des problèmes d’un tout autre genre que l’escalade, mais qui sont aussi de très haut niveau. De sorte que, mon cerveau est adapté depuis longtemps à trouver des solutions simples très vite pour résoudre des choses , qui au départ sont compliquées. 

JN: le rocher en 2012 c’est peau de chagrin?

Thomas: Mais, même si ça peut paraître paradoxal, j’adore et je préfère la falaise, car ça correspond mieux à ma nature profonde. Mais cette année, je dois me contenter d’un 8 C entre deux cours sur la falaise grenobloise de Saint ange.

Heureusement , au Japon, nous sommes allés grimper, avec l’équipe de France, dans des fissures sur coinceurs. J’ai passé d’excellents moments en poussant l’engagement au maximum dans des lignes inoubliables de pureté.

JN: Tes objectifs secrets en falaise?

Thomas: C’est de marcher sur les traces de Chris Sharma ou d’Adam Ondra, pour ne citer qu’eux. Marcher sur leurs traces, tenter de réaliser leurs exploits, pour tenter de comprendre leur parcours et ainsi , pouvoir choisir le mien.

 

 

JN: C’est tout de même une sacré tentation que de leur ressembler?

Thomas: Je suis ouvert à toute proposition de généreux mécènes qui  pourrait m’aider à transformer une pratique sportive en  mode de vie. A ce sujet, je remercie très chaleureusement tous les proches, ma famille, mon club Vertige, les partenaires et en particulier , mon école: l’INSA de Lyon. Etre soutenu, contre vents et marées, m’a permis et permet de maintenir la motivation nécessaire pour progresser encore et encore.

JN: Que t’inspire la disparition de Patrick Edlinger?

Thomas: Nous avons appris sa mort lors de la dernière étape de Coupe du Monde à Kranj. Entre les qualifs et les 1/2 , grâce à la toile, j’ai regardé tous les films et hommages à son sujet. Étonnamment, j’ai eu l’impression de le comprendre. Il est certainement  pour quelque chose dans mon retour de la 21ème place en qualif’ pour prendre la sixième en demi.

JN: Tu es né en 1989, est ce un gage de longévité?

Thomas: De longévité , je ne sais pas, par contre, si nous prenons ce critère de jugement et que nous le reportons sur les 10 premiers du classement, nous nous apercevons que nous avons pas mal de trentenaires. De ce point de vue , l’avenir est donc ouvert, et peut sembler prometteur., mais il faudra s’entrainer plus et mieux.

JN: il y a 60  ans , François  Mauriac, l’auteur de Thérèse Desqueyroux, recevait le Prix Nobel de Littérature. En 2012, c’est Mo Yan, l’auteur chinois de  Beaux Seins, Belles Fesses , qui le reçoit. Alors Thomas, je suis dans l’obligation de te poser une question, car sinon, la gent féminine ne me le pardonnerait pas: où en sont tes amours?

Thomas: Je suis un cœur à prendre…………

  • Glaneur de propos:  Jean Noel Pascal  
  • Photo: collection Thomas Ballet 

Publié le : 10 décembre 2012 par Charles Loury

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