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Interview Sam Avezou : deuxième podium en Coupe du monde à Chamonix

© Thomas Taligault

Sam Avezou, grimpeur de l’équipe de France de bloc et de difficulté continue à faire parler de lui. Le week-end dernier, il enflammait la célèbre place du Mont-Blanc en décrochant la médaille d’argent sur la Coupe du Monde de Chamonix. Son ascension (toute en expressivité et précision) a impressionné aussi bien les supporters que les participants. Il faudra s’habituer à voir le grimpeur détrôner les grands noms de la grimpe. Il passait notamment devant Jongwon Chon en bloc le mois dernier en remportant la médaille de bronze sur la Coupe du monde d’Innsbruck. A Chamonix, c’est Sorato Anraku et Alex Megos qui ne sauront pas venir à bout de l’étoile montante.


Salut Sam ! Tout d’abord, comment te sens-tu ? Commences-tu à t’habituer à être médaillé en Coupe du monde ?

Salut, je suis encore vraiment ravi quelques jours encore après la compet à Chamonix, c’est ma première médaille en coupe du monde de difficulté alors je prends un peu de temps pour en profiter pleinement. On ne peut pas encore parler d’une habitude pour les médailles de coupe du monde mais avec Innsbruck ça fait 2 en 1 mois et je suis vraiment satisfait de mon état de forme en ce moment, j’espère pouvoir continuer comme ça jusqu’à la fin de la saison !

Un podium sur le sol français, face à une place du Mont-Blanc remplie de milliers de spectateurs, tu en rêvais ?

Oui c’est vrai que la coupe du monde de Cham est la préférée pour beaucoup de grimpeurs, j’avais prévu très peu de coupes du monde de diff cette année mais j’avais gardé Chamonix aussi pour faire une compet en France, j’ai même eu l’impression qu’il y avait encore plus de monde que l’année dernière et c’était vraiment un plaisir de grimper devant le public Français !

Dans quel état d’esprit as-tu abordé ce week-end de compétition ?

J’ai abordé la compétition avec l’envie de montrer de quoi j’étais capable en diff parce que je me suis beaucoup plus entraîné sur des voies cette année par rapport aux saisons précédentes et je voulais aussi marquer le plus de points possible pour les qualifs aux JO. On peut dire que ça a plutôt bien fonctionné. Je pense que de grimper en France était plus une aide qu’une pression supplémentaire, j’avais pas mal d’amis dans le public et je pense que ça a joué aussi un peu

Tu termines 5ème en qualif et tu décroches de justesse ta place en finale en terminant 7ème des demi-finales.
Peux-tu revenir sur ces 2 tours ?

Le tour de qualif m’a vraiment mis en confiance j’ai fini dans le haut du classement avec 1 top et une chute au dernier mouv dans l’autre voie. Les voies de qualif étaient assez courtes donc me convenaient vraiment bien.
La voie de demi était un peu plus compliquée avec une série de mouvements au milieu de la voie qui étaient très durs à lire mais après avoir passé cette section j’ai réussi à avancer jusqu’à la sortie du dévers et ça suffit de justesse pour passer en finale. Même si c’était le moins bon run de ma compétition il m’a donné beaucoup de confiance, je suis rentré en finale même avec un run assez moyen en demi donc je suis encore plus satisfait de mon état de forme.

Tu terminais 7ème, la saison dernière, à Chamonix. Est-ce que cette expérience en finale t’a aidé cette année ?

L’année dernière j’ai vécu ma première finale de coupe du monde à Chamonix et à ce moment-là j’étais un peu limite en terme de niveau. Je suis vraiment ravi de voir que cette année le résultat était beaucoup moins un coup de chance, je suis devenu bien plus dangereux en compétition.

Comment te sentais-tu avant d’attaquer la voie de finale ?

Avant d’attaquer la voie j’étais forcément un peu fatigué des qualifs et des demies mais je n’avais vraiment rien à perdre et à partir du moment où je suis monté sur l’estrade pour aller devant la voie je n’ai eu aucun doute. Chamonix étant une compétition en extérieur, les voies sont montées dans l’après-midi avant la finale donc tous les grimpeurs peuvent aller lire la voie et avoir bien plus de 6 minutes de lecture ce qui permet d’être beaucoup plus calé sur les méthodes et de mettre plus rythme ce qui me convenait complètement.

En finale, tu as réalisé une véritable démonstration d’escalade ! Tu as impressionné tout le monde de par ton rythme, ta précision, et ta détermination. D’un point de vue intérieur, comment analyses-tu ta grimpe ?

En finale j’ai mis un très bon run y’a rien à dire je pense à part que j’ai grimpé comme prévu à la lecture mais je me suis aussi adapté quand il y avait besoin et tout était réglé en 3 minutes. J’ai l’habitude de grimper vite et de ne pas perdre de temps et je crois que le public a particulièrement apprécié. J’entendais bien sûr le public mais sans que ça me dérange c’était vraiment un bon moment où tout se passait comme il fallait.

© Jan Virt / IFSC

D’une manière générale, comment as-tu trouvé les voies ce week-end ?

Les voies du week-end ont vraiment bien fonctionné à mon sens: le style était légèrement old school dans l’ensemble avec beaucoup d’arquées et de mouvements basiques ce qui me correspond à 100%. Le scénario était bon (pour les finales hommes en tout cas) avec seulement 1 top pour Toby qui gagne sur le dernier run de la soirée. Je pense que c’était réussi d’un point de vue de l’ouverture à part peut-être la petite erreur sur la voie de finale des femmes mais ça a seulement retardé la compétition sans conséquence sur les résultats.

Explique nous comment es-tu passé de la 32ème place lors de la Coupe du Monde de diff d’Innsbruck, à la 2ème place à Chamonix ?

Ça n’a pas été très dur de battre ma performance de diff d’innsbruck, la compétition était le lendemain de la finale de bloc et j’étais épuisé avec les doigts en sang et je venais de remporter ma première médaille de coupe du monde. C’était complètement différent à Chamonix où j’étais bien reposé et j’attaquais la compet en forme donc ça n’avait rien à voir.

Beaucoup de grimpeurs forts étaient présents sur l’évènement et en finale : qu’est-ce que ça représente de battre ce genre de compétiteurs ?

C’est forcément un gros boost de confiance en soi de battre pour la première fois des grimpeurs qui font partie des meilleurs du monde. J’espère que ça va me permettre de continuer la saison dans un bon état d’esprit. C’est bien de battre une fois ces grimpeurs mais maintenant il ne faut pas en rester là et il va falloir se lever tôt pour s’installer à ce niveau régulièrement.

Peu de compétiteurs peuvent se vanter d’être montés sur un podium en Coupe du Monde de bloc et de difficulté cette année. Pourtant c’est ce que tu as fait en moins de trois semaines (3ème à Prague en bloc et 2ème à Chamonix en difficulté). Est-ce que cela te met en confiance en vue du combiné olympique et des Championnats du Monde de Berne qui approchent à grands pas ?

C’est bien sûr de très bon augure pour les qualifications olympiques, l’équipe de France devient vraiment dangereuse en combiné donc je suis vraiment en confiance pour les championnats du monde. Rien n’est encore joué donc il ne faut surtout pas se reposer sur les derniers résultats et continuer comme ça jusqu’à la qualification.

Quelle est la suite pour toi maintenant ?

Maintenant je me concentre à 100% sur la qualif aux JO donc surtout le championnat du Monde à Berne qui reste le gros objectif de l’année et où j’aimerai confirmer de bons résultats en bloc comme en diff et aussi le tournoi de qualification olympique un peu plus tard.