Interview: Romain Desgranges revient avec nous sur sa première victoire en coupe du monde!
Souvenez-vous, samedi soir, à Imst, Romain Desgranges, quadruple champion de France de difficulté, remportait sa toute première médaille d’or sur une étape de coupe du monde. Une consécration pour le chamoniard, qui revient avec nous sur cette soirée…
Romain, ça y est, tu as remporté ta première coupe du monde de difficulté! Est-ce un objectif qui te tenait à cœur, pour toi, dans ta carrière de grimpeur ?
Bien sûr que ça me tenait à cœur. Si je fais tout ça c’est pour vivre de tel moment sportif ! C’est une étape de plus de franchie dans ma progression et dans ma carrière, il faut continuer maintenant.
84 coupes du monde, dont 42 finales. Tu es tellement présent parmi les meilleurs mondiaux qu’on se demande presque pourquoi tu n’as pas remporté la médaille d’or plus tôt! Qu’est-ce qui a fait la différence sur cette étape ?
Je me le demande aussi!! Après c’est un long parcours, un labyrinthe semé d’embûche et même si certaines finales et certains résultats ont été durs à encaisser, toutes ces compétitions m’ont formé, ont mené à cette première victoire. À chaque compétition, quel que soit le résultat, avec mon entraîneur Fabrice Judenne et le sélectionneur Corentin Legoff nous travaillons pour améliorer, calibrer, régler, et être plus performant la prochaine compétition …
Tu disais avoir beaucoup travaillé sur ton mental depuis Briançon. Peux-tu nous en dire un peu plus exactement ?
Cette erreur en finale de Briançon, a été vraiment dure à encaisser. En échangeant avec Fabrice et Corentin ils avaient tous les deux le même ressenti sur mon comportement et ma façon de vivre et d’aborder l’événement. Nous avons donc travaillé sur ce thème avec Olivier Guidi, mon préparateur mental et ainsi revenir sur les bases et l’envie…
Dans le toit, ton talon part… On retient tous notre souffle et tu arrives à repartir. Qu’est-ce qui a fait la différence ?
Le fait d’être dans l’instant, dans le mouvement sans se laisser lobotomiser par le résultat…
En descendant de ta voie, t’imaginais-tu que tu allais remporter la compétition?
Non pas du tout ! je n’avais pas l’impression d’avoir fait des mouvements qui allaient faire la différence, et je pensais qu’ils iraient au moins jusque-là… Mais non ! Le dieu de l’escalade aura été avec moi !
Raconte-nous un peu comment tu as vécu la fin de la finale, quand, assis sur le fauteuil, tu vois les autres grimpeurs tomber plus bas petit à petit…
Il n’y a qu’à attendre, tu es acteur tristement passif de l’histoire. Tu comptes: il en reste 4, 3, 2 … au pire je fais 4, 3, 2 …. après je n’ai pas vu les derniers mouvements de Jakob, je ne savais pas s’il avait fait comme moi ou sur le mouv d’avant… du coup j’ai regardé Corentin qui serrait le poing… et là je me suis dit que peut-être ça avait tourné en ma faveur !
Ça faisait 10 ans qu’une étape de coupe du monde n’avait pas été remportée par un français. Cette année, c’est deux victoires françaises d’affilée: d’abord Gautier à Briançon puis toi à Imst. Quelle est la recette magique ?
L’ENTRAINEMENT! Le travail réalisé par tout le staff de l’équipe de France porte ses fruits. Pas depuis janvier dernier mais depuis 5 ans, que l’on travaille tous ensemble… d’abord quelques finales, puis quasiment toutes, quelques podiums … puis des victoires ! Les podiums de Gaut’ et moi ne sont pas dus au hasard, nous travaillons, nous nous entraînons … et à notre rythme on progresse !
Le prochain objectif de la saison ?
Je suis à 300000% pour la fin de saison et les (seulement) 4 dernières étapes, réussir à réitérer de très bonnes performances… en vue des prochains championnats du monde!
Photos: Elias Holznecht et The Circuit Climbing