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Interview: Fanny Gibert dresse le bilan de sa saison 2023

Fanny Gibert lors de l'étape de Salt Lake City en 2023 | © IFSC

Alors qu’elle avait raté sa qualification pour les JO de Tokyo en 2021 (à une petite place lors du TQO de Toulouse), Fanny Gibert ne comptait pas en rester là, et l’objectif des JO de Paris 2024 était dans un coin de sa tête. Qualifiée pour la saison internationale cette année, elle avait pour objectif de participer au championnat du monde à Berne pour engranger des points et pourquoi pas décrocher son ticket pour Paris, mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Elle nous raconte.


Dans un premier temps peux-tu revenir sur ta saison nationale, tes résultats et les choix que tu as fait ?

Le choix le plus marquant cette année aura été de ne pas participer au championnat de France de bloc. Et même au delà de ça, j’ai fait le choix de ne pas faire beaucoup de compétition car je savais que la saison allait être longue et étant donné que j’avais gagné ma sélection en équipe de France l’année précédente, c’était ça de moins à faire en quelque sorte. J’ai voulu vraiment mettre à profit cette sélection et tout miser sur l’entraînement pour une fois, histoire d’arriver en forme sur les compétitions importantes, d’autant plus qu’il fallait marquer des points sur les étapes de coupe du monde pour espérer une qualification sur les OQS (NDLR « série de qualification olympique »). Bref, c’était ma stratégie et je l’ai appliquée à la lettre.

Sur les coupes du monde de bloc, ta discipline phare, tu as manqué de régularité, peux-tu revenir sur ta saison internationale en bloc ? Que t’a-t-il manqué ?

Mon meilleur résultat sur la saison c’est d’être entrée une nouvelle fois en finale sur l’étape de Salt Lake City, une première depuis 2019. Ce n’est pas anodin au regard de l’augmentation du niveau, j’étais très fière de revenir dans ce top 6. J’ai fait une super compétition, 2ème du tour de demi-finale, super état d’esprit, belle grimpe. C’était le gros point positif de la saison, et l’autre point c’est d’être aller chercher une 9ème place en difficulté (aux portes de la finale) sur l’étape de Wujiang en fin de saison.

Pour parler de régularité, en bloc c’est hyper compliqué par rapport à la diff. En diff, quand tu as un gros niveau de résistance, il ne peut pas se passer grand chose, en bloc c’est plus aléatoire: les ouvertures et les styles sont très variables et cette régularité est dure à atteindre, d’autant plus avec une grosse densification du niveau sur cette dernière année. Si on prend ça en compte, ma saison n’est pas si irrégulière, avec trois top 10, ce n’est pas si mal d’autant que je n’ai pas participé à toutes les coupes du monde.

Dès le début de l’année tu avais annoncé vouloir te lancer dans le projet olympique pour Paris 2024, peux-tu nous expliquer ce choix, et revenir sur les péripéties de cette saison à ce sujet ?

Ça fait quelques années déjà que je me suis engagée dans le projet olympique. J’avais raté la qualif pour Tokyo à une place sur le TQO de Toulouse. Ça avait été dur de rebondir, mais je me suis relancée dans ce nouveau combiné qui avait encore plus de sens pour moi (bloc et difficulté) car j’aime beaucoup m’exprimer dans ces deux disciplines. C’est un challenge, j’aime les challenges, et j’ai choisi celui là car il est ambitieux, difficile mais aussi prestigieux. Et surtout, ce qui me motive le plus c’est que je pense être capable de relever ce défi !

La saison a été pleine de rebondissements pour moi. À mi-saison, il y avait le championnat du monde, et je n’ai pas été sélectionnée, la sélection s’étant faite sur une commission. Une décision difficile à gérer pour moi car c’était très impactant: les mondes permettaient en effet de marquer beaucoup de points pour le classement international, et c’est ce classement qui nous permet d’accéder ou non aux qualifications olympiques en 2024 (OQS). Ça signifie donc que mes adversaires françaises allaient marquer beaucoup de points, et moi ce sont des points qu’il fallait que je rattrape sur d’autres étapes, et notamment les étapes de coupe du monde de difficulté en fin de saison, ce qui rendait l’objectif encore plus dur pour se qualifier pour les OQS de 2024.

Un moment pas simple, mais j’ai essayé de prendre du recul, de faire les choses bien, et j’ai réussi à trouver la motivation et la détermination nécessaire pour me remettre dedans et aller chercher les points qu’il me manquait pour décrocher mon ticket pour aller aux OQS et tenter ma qualif olympique.. Je pense que c’est la plus belle réalisation de ma saison.

Fanny Gibert au départ de la demi-finale de la coupe du monde de Wujiang | © IFSC

Comment restes-tu motivée malgré les déceptions ?

C’est une bonne question ! Je pense que j’ai un cerveau bizarrement câblé ! Je suis extrêmement déterminée et quand je veux quelque chose, je le veux fort fort fort, c’est la seule explication que je trouve !

Tu n’étais donc pas sélectionnée pour Berne ni pour Laval, mais tu le seras sur les OQS au printemps prochain, comment l’envisages-tu ?

Effectivement, comme je le disais je n’ai pas pu participer à ces deux compétitions qualificatives. Oriane a super bien grimpé à Laval, c’est tout ce qu’on lui souhaitait, et c’est mérité, mais pour moi c’est forcément un peu dur car il ne reste plus qu’une place à prendre donc il faut que je me classe dans le top 10 des OQS mais également première française. Être allée chercher mon ticket pour les OQS c’était déjà une belle perf vu les retournements de situation de la saison, et je suis hyper contente. Je vais aborder ces OQS comme un challenge ultime, je sais que ça va être dur, qu’il y a peu de chance pour parvenir à prendre un billet pour les JO, mais je vais tout faire pour saisir ma chance. C’est un projet ambitieux, mais j’y crois et je compte bien ne rien lâcher.

Est-ce que les JO de Paris sont ton dernier gros objectif de ta carrière ?

Je ne me suis pas trop projetée j’avoue… Pour le moment je me sens progresser et je m’éclate dans ce que je fais donc je n’imagine pas arrêter ma carrière, mais c’est quelque chose qui peut arriver rapidement, je le sais. Tant que je me fais plaisir et que je me régale à faire des compétitions je continuerai, il n’y a pas de date ni d’échéance, je vis ça au jour le jour.

Un dernier mot à ajouter ?

Si je peux ajouter un dernier mot ce serait de dire que je reçois bcp de bienveillance, d’amour, et de bonnes vibrations de la part de la communauté de l’escalade, et j’aimerai à mon tour renvoyer plein d’amour et d’énergie à tout le monde. C’est un milieu et une communauté vraiment géniale et je suis très reconnaissante et fière d’en faire partie.

Publié le : 17 décembre 2023 par Charles Loury

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