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Interview d’Hélène Janicot : une médaille de bronze en coupe du monde 9 ans après son dernier podium mondial

© Victor Lami

Hélène Janicot fait son grand retour sur les podiums. Le week-end dernier, c’est à Chamonix qu’elle remporte sa toute première médaille en coupe de monde depuis 2014. Ornée de bronze, elle renoue aussi bien avec son public qu’avec la compétition qu’elle avait décidé de mettre de côté durant 3 années. Maintenant que les émotions du week-end sont derrière elle, Hélène revient sur cette compétition « spéciale » pour elle.


Salut Hélène ! Après les finales, tu semblais ne pas réaliser ce qu’il venait de se passer… Si la veille de la compétition je t’avais dit que tu terminerais sur le podium, y aurais-tu cru ?

J’en rêvais mais je ne pensais pas avoir le niveau nécessaire pour remonter sur un podium. Je savais que j’avais une bonne carte pour aller chercher une finale et une belle place en finale mais pas un podium.

Peux-tu revenir rapidement sur les tours de qualification et de demi-finale ?

Grimper à la maison ça fait toujours plaisir mais c’est stressant. Alors pour les qualifications je n’ai pas très bien grimpé, j’étais vraiment tendue. Je m’en sors pour faire un run bien dans ma première voie mais dans la deuxième ma crispation ne m’a pas laissé m’exprimer. Je me retrouve donc à passer dans les premières en demi.

Après une bonne nuit de sommeil c’était le tour des demies. La voie me plait bien mais je pars à nouveau stressée. J’ai beaucoup de mal à me mettre dedans et mon run est une vraie bataille mentale. Mais je gagne contre moi-même et sors un joli run malgré une erreur de méthode qui me fait chuter.

La voie de finale était assez tricky, avec quelques mouvements de bloc au milieu. D’une manière générale (et avec ton regard d’ouvreuse internationale), comment as-tu trouvé les voies ce week-end ? 

C’est assez dur d’être objective quand tu es athlète et surtout quand la compétition se passe bien.
Les voies étaient dans un style assez différent des deux coupes du monde que l’on a pu avoir sur les étapes précédentes mais de manière générale les voies ont plutôt bien fonctionné sur tous les tours. C’était une belle compétition.

© Jan Virt / IFSC

Avant de partir dans la voie de finale, qu’est-ce que tu t’es dit ?

De profiter de cette finale à la maison sur cette compet où j’ai tant de beaux souvenirs, et de tout mettre en place pour aller au bout et n’avoir rien à regretter ! Durant mon run je me sentais bien, contrairement aux demies tout venait naturellement, j’étais ultra concentrée c’était vraiment agréable de grimper comme ça.

D’après toi, qu’est-ce qui a fait la différence sur cette compétition et qui t’a permis d’accrocher le podium ?

Je pense que c’est mon état d’esprit dans la voie qui a changé. J’ai eu du mal à le mettre en place durant la saison, je n’avais réussi à l’avoir que sur une ou deux voies lors des coupes du monde cette année.
Quand je suis dans cet état d’esprit, je mets des beaux runs et j’arrive à me servir de toutes mes qualités de feeling et de réorganisation. Je pense que c’est ce qui m’a permis de faire la différence.

Tu avais 20 ans la dernière fois que tu es montée sur un podium de Coupe du Monde (Wujiang, octobre 2014). Neuf ans plus tard, tu renoues avec un podium mondial… Quel goût a-t-il ?

Il y a beaucoup de joie et aussi beaucoup de fierté du chemin que j’ai pu accomplir.
J’ai fait des choix compliqués, notamment tout mettre de côté pour reprendre ce projet, et faire un podium aujourd’hui me prouve que c’était la bonne décision. Je dois beaucoup aux personnes qui m’ont soutenue et accompagnée jusqu’à aujourd’hui.

© IFSC

Tu avais quitté le circuit international des compétitions en 2018. Pour quelle raison ? Après une pause de trois ans, tu décides de renfiler ton maillot de compétitrice. Qu’est-ce qui t’a poussé à revenir ?

J’ai fait un burn-out, je ne prenais plus du tout de plaisir dans ce que je faisais.
J’ai pris le temps de me reconstruire durant 3 ans et petit à petit j’ai vu les techniques d’entrainement évoluer, les jeux de Paris qui arrivaient et de vieux rêves ont refait surface. J’ai donc décidé de mettre en place ce qu’il fallait pour ne pas avoir de regrets.

Est-ce que ta vision et ta manière d’appréhender la compétition ont changé ?

Oui je pense que j’ai beaucoup évolué et que mon état d’esprit a beaucoup changé.
J’ai construit ma vie en dehors de la compétition, ce qui me permet de prendre beaucoup plus de recul et d’aborder les choses plus sereinement. J’ai effectué un gros travail en psy et en préparation mentale pour me permettre de mettre toutes les chances de mon côté et d’optimiser ma préparation, ce que je ne faisais pas forcément avant.

Tu comptes près de 70 Coupes du Monde de difficulté à ton actif, mais est-ce que l’étape chamoniarde de ce week-end est particulière ?

Oui refaire une finale/podium sur cette étape c’était un rêve. Ce fut ma première coupe du monde, mon premier podium et plus tard mon premier podium en championnats d’Europe. Alors oui Chamonix c’est une compétition spéciale pour moi ! C’est aussi l’une des compets où l’ambiance est la plus prometteuse.

Quel est ton secret pour performer encore au plus haut niveau après toutes ces années de compétition ?

Je ne sais pas s’il y a un secret mais je pense qu’il y a beaucoup de passion et de plaisir dans ce que je fais, beaucoup d’envie aussi.
Pour moi l’entourage est aussi très important, j’ai reçu beaucoup de soutien de mes proches et j’ai su m’entourer de personnes compétentes qui me permettent de faire les bons choix au quotidien.

Quelle est la suite pour toi maintenant ?

Le championnat du monde à Bern du 1 au 12 aout est la compétition qu’on attend tous. Puis la suite de la saison dépendra plus ou moins de cette compétition. Cette année se sont les premières étapes pour se qualifier aux Jeux Olympiques de Paris, ma saison s’organise donc autour de ça.