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Exclu: interview avec Fanny Gibert, une Championne de France comblée !

C’est l’émotion. Accrochée à la prise finale du dernier bloc, qu’elle vient de sortir à vue, Fanny réalise qu’elle est la Championne de France de bloc 2018. Un titre déjà remporté en 2015 et 2017, qu’elle conserve une année de plus.

Impressionnante de facilité tout au long du week-end, Fanny Gibert fait sensation en finale. Avec quatre blocs en seulement six essais, elle devance largement les autres compétitrices. Venue avec la hargne de conserver son titre, Fanny Gibert n’aura laissé personne lui barrer la route jusqu’à la première marche du podium ce week-end.

Nous sommes allés recueillir ses impressions le lendemain de sa victoire, pour savoir comment la numéro 1 française avait vécu la compétition de l’intérieur.

Rencontre.

Bravo Fanny, tu remportes ton troisième titre de Championne de France senior de bloc, devenant la grimpeuse la plus titrée de ces dix dernières années. Comment te sens-tu ?

Plutôt fière ! Je me dis que c’est quand même la folie de gagner trois titres en senior, il n’y a pas beaucoup de filles qui l’ont fait. Mais au-delà même du résultat, je rattache ça à la performance sportive: les blocs que j’ai faits, mes sensations dans ma grimpe… Je suis super satisfaite de ce que j’ai fait en finale

Dans quel état d’esprit as-tu abordé cette compétition ?

Depuis quelques mois, je me sens vraiment bien en forme, du coup je savais que j’avais de vraies chances de faire quelque chose de fou. J’avais hâte de voir ce que ça allait donner et puis j’avais un titre à défendre ! Mais surtout, j’avais la hargne et l’envie de casser des gros blocs ! Et ça a plutôt bien marché donc je suis contente !

© Planetgrimpe

La jeune Flavy Cohaut est venue à la bagarre pour la première place, lors des qualifications et des demi-finales. Mentalement, est-ce que ça a changé quelque chose pour toi ?

Pas vraiment… En demi, elle a fait un bloc hyper dur, d’ailleurs je suis vraiment super admirative de ce qu’elle a fait. Réussir à enchaîner ce jeté deux fois de suite en moins de cinq minutes, c’est juste un truc de malade !

Mais ça ne m’a pas inquiété. Flavy est encore jeune, elle est hyper forte dans certains styles, mais parfois elle fait quelques boulettes. Elle n’est pas celle qui m’a fait le plus peur sur ces finales, à côté de grimpeuses comme Manon Hily ou Julia Chanourdie par exemple.

Mais clairement oui, les jeunes comme Flavy ont de super gros points forts, et peuvent faire très mal sur certains blocs. Moi je trouve ça top, ça pousse plus que ça ne fait peur.

© Planetgrimpe

On peut dire que La Réunion était dans la place lors de ces finales. Toi et Manon Hily concrétisez en trustant les deux premières places. Ça fait quoi d’être sur le podium avec sa grande copine ?

Franchement ? C’est la folie ! Manon c’est vraiment ma meilleure amie, celle avec qui j’ai commencé l’escalade et je suis hyper contente pour elle. Pour moi, elle a toujours été super forte et sa performance de ce week-end reflète parfaitement son niveau. Elle n’est pas vraiment avantagée par sa taille, mais elle persévère. Elle grimpe super bien, elle est capable de se réadapter dans n’importe quelle situation, c’est une machine. Je suis hyper contente pour elle. Partager ce podium entre copines avec Manon, c’était juste trop bien !

© Benoit Diacre

Quelle performance de ta part en finale ! Quand tu n’enchaînais pas les blocs à vue, tu les sortais en un maximum de deux essais. Finalement, y a-t-il eu un bloc où tu as vraiment forcé ?

Oui quand même, celui qui m’a fait le plus forcer, c’est le bloc deux, celui avec les petites arquées roses. Je ne suis pas passée comme les autres, la plupart ont mis un talon/main et son aller chercher en stat’ la prise de zone tandis que moi j’ai engagé le mouvement directement d’en bas, j’ai perdu les pieds et là woooow, je me suis pris une grosse décharge.

Mais j’étais super contente de réussir ce bloc, en plus à vue. C’est typiquement dans ce genre de bloc où je suis encore plus fière de moi parce que c’est des profils et des styles de grimpe dans lesquels je ne suis pas forcément le plus à l’aise. C’est là que je sens que j’ai progressé, donc c’est hyper plaisant, c’est une double victoire pour moi de réaliser des blocs comme ça.

C’est exactement ça que je venais chercher sur ces Championnats de France. Réussir à perfer dans des blocs de tous styles, en cinq minutes et être efficace.

© Planetgrimpe

En parlant du style des blocs, qu’as-tu pensé de l’ouverture sur cette compétition ?

Les ouvertures étaient tops ! Notamment dans le tour de qualification, où les blocs étaient durs, avec pas mal de mouvements à sensation, des jetés pas très loin, mais où il fallait trouver le bon timing… On mettait quelques essais pour enchaîner, du coup, ça permettait à la fois de faire un classement et à la fois que tout le monde grimpe.

Et puis on a eu la chance d’avoir de vrais blocs et pas de minis morceaux de voie. Pour enchaîner, il fallait vraiment s’engager à fond, tout en étant relâché.

Et que dire des finales ! Quand j’ai vu les blocs, j’ai fait « Wahou » dans ma tête ! C’était impressionnant de voir tous ces volumes vissés sur le fronton, c’était vraiment le grand show. Rien qu’à la lecture des blocs, on avait déjà les mains qui pouiffaient, on attendait qu’une chose: grimper !

Chapeau aux ouvreurs !

Cette saison, quel est ton principal objectif ?

J’aimerais beaucoup renouer avec les podiums de Coupe du Monde. Quand tu termines souvent proche de la gagne, la suite logique… c’est de gagner ! Remporter une Coupe du Monde de bloc, ça serait vraiment dément.

Et puis être régulière sur les étapes de Coupes du Monde. J’ai vraiment hâte de voir ce que ça va donner, parce que j’ai pas mal progressé dernièrement dans certains domaines qui me posaient problème, donc j’ai envie de voir comment ça va se passer au niveau international.

© Marco Kost

Justement, as-tu mis en place de nouvelles choses à l’entraînement cette année ?

Oui, j’ai changé de coach, je m’entraîne maintenant avec Cécile Avezou, depuis septembre. Ça se passe super bien. D’une manière générale, je pense que c’est très enrichissant de changer d’entraîneur. Ça permet de sortir de sa zone de confort, on remet un peu tout en question et je pense que c’est très bénéfique.

Même si en six mois c’est encore un peu tôt pour tirer des conclusions, tout se déroule parfaitement. Je m’éclate à l’entraînement, donc c’est le principal.

Quelle est la suite du programme maintenant pour toi ?

Je suis maintenant doublement qualifiée en équipe de France, parce que j’étais déjà sélectionnée pour les quatre premières étapes internationales de l’année grâce à ma finale en Coupe du Monde l’année dernière. Plus le fait de remporter le titre ce week-end, qui m’aurait dans tous les cas assuré une place en équipe de France. Je ne participerai donc pas au sélectif qui a lieu dans deux semaines à Fontainebleau.

En revanche, le prochain rendez-vous pour moi c’est le master international dans la salle Studio Bloc en Allemagne, qui aura lieu les 17 et 18 mars. Première baston à l’international, on va voir ce que ça donne.

J’ai donné beaucoup d’énergie sur ces Championnats de France, j’ai encore un peu de mal à me projeter, mais j’ai hâte !