La première chose que l’on me dit lorsque l’on voit mon nom (et que l’on tente vainement de le prononcer) c’est « vous êtes suédoise ? Ou norvégienne ? ». Personne ne pense jamais à cette petite île située proche du Groenland. Et pourtant, me voilà, Française mais d’origine Islandaise. Pour la petite histoire c’est mon grand-père paternel qui était islandais. Il est venu s’installer en France quand il était jeune, s’est marié avec ma grand-mère française et ils sont tous les deux restés en France. Je suis donc principalement française mais j’ai tout de même la nationalité islandaise, ainsi que quelques restes du pays dans la couleur de mes cheveux (clairement pas dans ma résistance au froid en revanche).
L’histoire d’un trip grimpe en Islande commence il y a un peu plus d’un an, lorsque j’ai été contactée par une grimpeuse islandaise. Elle était tombée sur une vidéo d’Epic TV dans laquelle on me voyait grimper. En voyant mon nom (et sachant le prononcer) elle a tout de suite compris que j’étais islandaise et émis l’idée que j’y aille pour grimper, surfer et parapenter. Pas besoin d’en dire plus, j’étais convaincue !
Malheureusement pas assez de temps pour un tel programme mais cela faisait un bout de temps que je n’étais pas retournée dans mon pays et l’idée d’y associer la grimpe m’avait bien plu. Les billets étaient bookés, ma famille était contente que je vienne, le voyage était prévu pour septembre 2018. Mais 10 jours avant de partir, alors que j’étais en train de profiter du soleil et du rocher espagnol, j’entends soudain un grand « clac » en grimpant. Comme tous les grimpeurs qui ont vécu ça, j’ai levé la tête pour voir quelle prise j’avais cassé. Comme tous les grimpeurs j’ai ensuite regardé mon doigt et essayé d’arquer. Et comme tous les grimpeurs j’ai ensuite pensé que c’était la fin du monde. Je venais de casser la poulie A4 du 4e doigt, rupture complète et poulie désinsérée de l’os. Ce qui signifiait opération, pas de grimpe pendant 3 mois et longue rééducation. Pas la fin du monde donc, mais en tout cas la fin de mon trip en Islande. Avec du recul ce report aura été bénéfique, puisque cela aura permis d’organiser un peu mieux le voyage, de prendre contact avec les grimpeurs locaux et de convaincre une team de folie de m’accompagner : Axel Ballay (grimpeur), Damien Largeron (grimpeur et photographe) et Johan Kervella (grimpeur et vidéaste).
En septembre 2019 nous nous envolons donc vers la terre de glace. Pourquoi septembre ? Par souci de disponibilité déjà, mais aussi parce qu’en plein été les billets d’avion sont nettement plus chers et les touristes nettement plus présents. Juin aurait probablement été une meilleure décision pour la météo mais elle est de toute façon tellement capricieuse en Islande…
La première impression en arrivant ? Il pleut et il fait froid, Keflavik (la ville où se trouve l’aéroport) n’est pas très attrayante, forcément cela ne donne pas envie. Je revois encore l’expression de Damien et Jo lorsque je leur ai dit de bien profiter de ce léger rayon de soleil qu’on voyait en arrière-plan : « c’est probablement la seule fois qu’on le verra !». Heureusement pour nous, les jours suivants m’ont donné tort.
Pour les premiers jours nous n’avions pas grand-chose de prévu. Lorsque nous avions demandé aux locaux où nous pouvions grimper proche de Reykjavík, la réponse avait été unanime : Klifurhùsid. La salle de bloc à Reykjavík donc. Une jolie façon de nous dire que la météo allait être pourrie. Le lendemain de notre arrivée, le décalage horaire me fait me réveiller à 6h (fausse excuse, il n’y a que deux heures de décalage en été, une en hiver). La vérité c’est que j’étais surexcitée d’avoir aperçu un rayon de soleil et de pouvoir sentir un air frais sur mon visage, venant de la fenêtre ouverte.
Première chose à savoir sur l’Islande :
Ici, comme tout pays nordique qui se respecte, on essaie de profiter au maximum de la lumière. Donc pas de volets aux fenêtres. Et pourquoi la fenêtre ouverte ? L’Islande est une terre géothermique, tout est chauffé grâce à ce système et les ressources sont tellement nombreuses que cela ne coûte quasi rien. Alors plutôt que de baisser le chauffage, ici on ouvre les fenêtres lorsque l’on a trop chaud.
Motivés par ce rayon de soleil, nous voilà donc lancés pour 2 jours de découverte des petits spots de bloc proches de la capitale. Les paysages nous en mettent déjà plein la vue, malgré la proximité de la ville. La météo décide de nous en mettre plein la vue aussi.
Un célèbre proverbe islandais dit « si tu n’es pas content de la météo attends 5 min et le temps changera ». Comme tout le monde, Damien et Jo ne me croyaient pas, 5 min quand même, cela ne fait pas beaucoup. Et pourtant ces premières journées auront servi de CQFD, le temps changeait réellement toutes les 5 min. Pluie, soleil, pluie, soleil, …. Au bout d’un moment on a même dû arrêter de s’extasier devant les arcs-en-ciel, presque lassés d’en voir autant.
Deuxième chose à savoir sur l’Islande :
On vient de le voir, la météo est capricieuse. Il faut donc prévoir plein de vêtements différents pour parer à toutes les situations. On peut passer du débardeur (véridique) à 3 doudounes et une gore-tex en très peu de temps. Donc ne voyagez pas léger !
D’une manière générale les spots autour de Reykjavík sont petits, il y a peu de blocs mais le rocher est de très bonne qualité et les paysages sont magnifiques. On ne peut pas dire que ce sont des spots qui valent le coup de traverser la terre entière mais nous nous sommes fait très plaisir. Tous les blocs que nous avons pu essayer étaient agréables à grimper et nous avons retenu quelques très belles lignes.
Gálgaklettar est situé à environ 50 km de Reykjavík, dans la partie ouest de Reykjanes. Le nom est un peu glauque, l’histoire dit que cet endroit était utilisé pour pendre des gens. Une planche était posée entre les blocs pour cela. Le site a ensuite appartenu à l’armée américaine et était donc interdit. Il a été rouvert au public après le départ des militaires. Le rocher est abrasif à souhait et compte une vingtaine de passages, de 5b à 7b+. Mention spéciale pour « Schmetterling », un 7a super chouette dans une fissure.
Le bonus ? Pas de marche d’approche (on se gare au pied du secteur), le paysage lunaire d’un côté et l’océan agité de l’autre.
Valbjargargjá se trouve à 65 km from Reykjavík, à Reykjanestá. Je recommande vivement ce spot pour allier une balade avec un peu d’escalade. Les paysages sont à couper le souffle ! Une petite vingtaine de blocs sont ouverts, du 5a+ au possible 7c. Attention aux sorties, de grosses pierres volcaniques peuvent facilement tomber. Il est préférable de désescalader ou sauter sur les pads.
Le bonus ? La beauté des environs, le phare et l’océan en arrière-plan. Allez-y au coucher du soleil pour la lumière irréelle.
Jósepsdalur est un endroit très particulier. A 30 km de Reykjavík, prenez une piste qui traverse un terrain de moto cross, continuez jusqu’à penser vous perdre et atteignez une vallée de sable noir, bordée par des collines couvertes de mousse vert fluo. Dans cette vallée se tient un gros bloc qui semble être tombé du ciel, Einstæðingur. En réalité il est tombé d’une colline, si vous levez les yeux vous verrez d’ailleurs ses copains qui attendent peut-être de rouler eux-aussi. Les couleurs claires de ce bloc, variant du blanc à l’orange offrent un contraste époustouflant avec le sol de sable noir. Ici on pourrait presque venir sans crash-pad, le sable pouvant aider à un atterrissage tout en douceur. Le bloc compte une bonne dizaine de passages, de 5a au 8a. Nous n’avons pas pu essayer les blocs durs à cause de la pluie mais nous avons fait quelques blocs plus faciles, dont un très beau 6c+ sur arquées. Les aventuriers pourront rejoindre le champ de blocs sur la colline, comptant une trentaine de blocs avec presque 100 passages ouverts. Il faudra cependant marcher un peu et ne pas avoir trop peur de l’atterrissage peu agréable, les blocs étant situés dans la pente.
Le bonus ? La piste à faire en 4×4 pour arriver au spot, l’immensité de l’endroit et les rayons du soleil après la pluie, faisant briller la mousse verte.
Viðey aura été une belle découverte. Viðey est une minuscule île, accessible en peu de temps depuis Reykjavík. Benjamin Mokry et Valdimar Björnsson, des grimpeurs locaux, ont découvert qu’il était possible d’y grimper il y a peu, en mai 2019. Grimper à Viðey c’est marrant et original. Il faut prendre un bateau pour y aller, en ayant auparavant vérifié les horaires de marées pour y être à marée basse. Une petite marche dans des herbes hautes et on arrive sur la plage, devant des rochers qui ne paient pas de mine. Pourtant ici c’est le fontainebleau islandais (selon les locaux). Peut-être pas pour la quantité de blocs à grimper mais sûrement pour la qualité du rocher, avec une friction incroyable. Le rocher est du Móberg, du tuf volcanique qui ne pardonne pas pour la peau des doigts. Une vingtaine de passages sont ouverts et il y a encore du potentiel. Le rocher est dément à grimper, les blocs sont de réelle qualité. Il y a largement de quoi se faire plaisir pour une session, qui sera de toute façon courte puisque l’on se fait rattraper par la marée.
Le bonus ? Appliquer le principe des essais mitraillettes, mettre plein de runs sans prendre le temps de se reposer car on voit doucement l’eau s’approcher des crash-pads. Voir le ferry au loin et courir dans les herbes hautes pour l’attraper à temps.
Nos premiers jours en terre de glace auront donc servi de mise en jambe et auront permis de découvrir les spots de bloc accessibles à la journée, voire même à la demi-journée depuis la capitale. Plutôt plaisant de pouvoir se dégourdir les bras en extérieur !
Pour la suite du programme, l’objectif était de m’initier au trad climbing. Une facette de l’escalade un peu effrayante pour moi mais je trouvais l’idée sympa de m’y initier dans mon pays d’origine, avec des grimpeurs locaux. Pour cela nous avons contacté Sigurdur Ymir Richter, LA référence en trad en Islande. Un grimpeur toujours motivé, n’ayant peur ni du vent ni de la pluie (à mon grand désespoir). Mon initiation en trad s’est donc faite à Stardalur, sous la pluie, sous le vent et sur du rocher mouillé. Un réel plaisir ! Je partais avec de gros à priori sur l’escalade traditionnelle, je pensais que cela faisait peur, que je ne saurais jamais placer des friends correctement, … Eh bien j’avais raison. J’étais terrorisée et après avoir enlevé mes protections Siggi m’a gentiment dit que quelques friends n’auraient jamais tenu si j’étais tombée dessus. Heureusement pour moi il avait tout de même eu un peu de compassion et m’avait envoyé dans une voie très facile. Pas de chute donc.
Stardalur est un des meilleurs spots de grimpe de la région (selon Siggi, comprenez donc un des meilleurs spots d’escalade qui fait peur). Situé à 30 km de Reykjavik, à Mosfellsdalur (proche de Skálafell), le spot a été découvert dans les années 70 et était le plus célèbre d‘Islande jusqu‘à la découverte de Hnappavellir. C’était en quelque sorte leur salle d‘escalade, comme Orgon en France à l‘époque. Il n‘y a que du trad, il est strictement interdit d‘y placer des points (lorsque des points ont été découverts un jour ils ont été retirés). Le rocher est de type dolérite, une sorte de basalte, et les voies vont du 3 au 6c+. Cela fait mal de l‘écrire mais mon initiation a été faite dans du 5a. Le site est très adapté pour l’initiation au trad (à part quand c’est trempé et que le 5a se transforme en 6a), avec une vingtaine de voies allant du 3 au 6b.
Le bonus ? L’effet « Mordor » au sommet des voies, avec le brouillard, le vent glacial, la pluie mais une belle vue sur la rivière en contrebas.
Après cette initiation nous avons pu aller là où tout grimpeur de trad rêve d’aller (pas moi donc) : les orgues basaltiques. Personnellement, après cette première expérience je redoutais de grimper sur les colonnes. D’autant plus que la pluie ne s’arrêtait pas et que j’avais bien compris que Siggi ne s’arrêterait pas non plus. Mais après tout j’étais là pour découvrir la grimpe à l’islandaise et la pluie en fait clairement partie !
Troisième chose à savoir sur l’Islande :
Vous l’aurez compris, ici les mauvaises conditions pour grimper n’existent pas. S’il pleut ce sont des conditions « plutôt correctes ». Alors si vous vous plaignez qu’il fait froid parce qu’il y a du vent à 80 km/h et que le rocher est mouillé parce qu’il a plu il y a 5 min, sachez que pour les grimpeurs islandais ce sont des conditions optimales pour enchainer les projets.
L’avantage du vent à 80 km/h c’est qu’il chasse vite les nuages (vous vous souvenez du proverbe des 5 min ?) et qu’il sèche vite le rocher. A mon grand dam nous allions pouvoir grimper.
Gerðuberg est situé à Hnappadalur dans la péninsule Snæfellsnes. Le site est plus éloigné de Reykjavik (à 120 km) mais, en étant motivé, il est tout de même possible d‘y aller à la journée (et même sans l‘être puisque je l‘ai fait). Sinon cela vaut le coup de coupler une journée de grimpe avec une journée de balade dans la péninsule, qui offre des paysages à couper le souffle. C‘est ici que vous trouverez les orgues basaltiques.
Les orgues balsatiques sont très célèbres en Islande, le spot est d‘ailleurs fréquenté par beaucoup de touristes qui sont toujours étonnés de voir des grimpeurs. Les colonnes ont été formées il y a environ 135 000 ans par des écoulements de lave. Elles mesurent à peu près 1,50 m de large, avec des fissures de tailles variées entre chaque. Aucune voie n‘est équipée, l‘endroit étant protégé. Il n‘y a donc que du trad et c‘est principalement de la fissure, de toutes les tailles pour varier les plaisirs (ou les craintes pour moi, n‘ayant jamais grimpé en fissure auparavant). Les voies ne sont pas très longues, les colonnes mesurant entre 8 et 14 m (ouf). J‘ai pu faire un 5c (en évitant à tout prix d‘utiliser les fissures) et un 6a+ qui m‘a paru être un 7c. J‘ai essayé une première fois en moulinette, je suis tombée 3 fois, ne sachant comment grimper dans ces fissures désagréables.
Il a ensuite fallu y aller en tête, tout en plaçant les protections. Grimpe en fissure + en trad = définitivement pas fait pour moi, je tremble encore rien que d‘y penser! On peut d‘ailleurs facilement lire la terreur dans mon regard sur les photos. Heureusement j‘avais de l‘ego et de la rési, j‘ai donc désespérement réussi à enchaîner la voie, en y passant 30 min (pour une 6a+ de 12m ça commence à faire) et en plaçant deux friends à chaque fois car j‘étais terrorisée. Avec du recul ce fut tout de même une bonne expérience, les voies sont très belles à grimper (lorsque l‘on aime la fissure) et l‘environnement est encore une fois très plaisant.
Le bonus ? Attendre que la pluie cesse au Rjúkandi Kaffi , un café situé à Borgarnes, à 20 min de la falaise. Les gâteaux y sont à tomber et les propriétaires très accueillants.
La case du trad climbing était cochée, nous allions enfin pouvoir nous attaquer aux choses sérieuses : un road trip dans l‘est direction Hnappavellir, LE spot de couennes islandais et Vestrahorn, un spot de bloc au bord de l‘océan. Un road trip vers l‘est est un passage obligatoire en Islande. Il faut emprunter la fameuse route 1 (la route 66 de l‘Islande), qui fait le tour de l‘île. Sur le chemin vous rencontrerez : des cascades, des sources d‘eau chaude, des glaciers, des icebergs, une plage avec de gros glaçons échoués, des moutons, des chevaux, … Tout le meilleur de l‘Islande !
Quatrième chose à savoir sur l’Islande :
Il y a plus de moutons que d’habitants sur l’île, et il y a également énormément de chevaux. Les chevaux islandais sont spéciaux, ils sont de petite taille (à mi-chemin entre un poney et un cheval) et ils ont plusieurs particularités : ce sont les seuls chevaux à posséder 5 allures naturelles, dont le “tölt“. Dans cette allure, le cheval a toujours un pied ou deux posés au sol. C’est le secret pour un confort incomparable. L’histoire raconte même que l’on peut poser une tasse de café remplie sur le cheval lancé à cette allure : celle-ci ne se renversera pas. L’autre particularité de ces chevaux est qu’ils ont des coupes de cheveux dignes des boys band des années 90, cela vaut largement le détour.
L’objectif ultime ? Trouver celui avec la même coupe de cheveux que vous (personnellement je l’ai trouvé). Dans tous les cas n’hésitez pas à vous arrêter les voir, ils sont en général très disposés à faire ami-ami.
Un arrêt obligatoire sur la route est la plage de Reynisfjara, près de la ville de Vík. Une plage de sable noir avec des orgues basaltiques et une vue imprenable sur les Reynisdrangar, des stacks basaltiques situés dans le prolongement des falaises. Une inspiration pour du deep water soloing ? Une petite anecdote, cette plage est surnommée « chinese take-away », « chinois à emporter » par les islandais. Les touristes d’origine chinoise sont en effet de plus en plus nombreux sur l’île, l’océan est souvent déchaîné, avec de hautes et puissantes vagues déroulant sur la plage. Ajoutez à cela des touristes avides de sensations fortes et aimant se mouiller les pieds et je vous laisse comprendre l’origine du nom… ! Blague à part cette plage vaut vraiment le détour, surtout au coucher du soleil. Mais elle est particulièrement dangereuse donc attention ! Les vagues en ont emporté plus d’un et avec le courant il est impossible de revenir sur la plage.
Un autre arrêt obligatoire est le lagon Jökulsárlón et la plage Diamond beach située juste en face. Un lagon rempli d’icebergs avec le glacier Vatnajökull en arrière-plan et une plage de sable noir contrastant avec les glaçons s’y échouant. Pas la peine d’en dire plus, encore une fois les paysages sont tels qu’on les imagine, irréels.
Un arrêt bonus peut se faire à Fjallsárlòn, pour une petite session de bloc au pied des glaciers. Les blocs assez hauts pour grimper sont (très) peu nombreux mais encore une fois l’environnement est incroyable. Nous avons juste fait un bloc de chauffe et un joli 6c avec une sortie toute en équilibre, par manque de temps. Mais si vous prenez le temps de fouiller il est possible de trouver quelques blocs sympas.
Cette route 1 vous mènera donc 4 heures plus tard à Hnappavellir, Hnappo pour les intimes, LE spot de référence pour les voies en Islande. Situé à environ 1h15 à l‘ouest de Höfn, Hnappavellir a été pris d‘assaut par les grimpeurs dans les années 90, en sympathisant avec les fermiers du coin. C‘est grâce à eux qu‘aujourd‘hui les amateurs de varappe sont autorisés à camper sur le site (et eux seuls). Des falaises de basalte s‘étendent sur 5 km de long, érodées par l‘océan. Il y a quelques milliers d‘année la côte était située à cet endroit. Aujourd‘hui l‘océan est plus éloigné mais toujours visible depuis les falaises.
Le spot s‘étend donc à perte de vue et compte presque 200 voies du 3 au 8b+, pour la plupart équipées. La voie la plus dure d‘Islande se trouve là-bas, “Kamarprobbinn“, un 8b+ plutôt typé bloc, enchaînée en 2016. La falaise n‘est pas très haute, d‘une manière générale les voies sont donc plutôt intenses. Même dans le 6 il va falloir forcer ! J‘avais un peu peur de cela en arrivant, pensant du coup que les voies n‘allaient pas être très agréables à grimper. Pourtant j‘ai été très étonnée de leurs qualités et je me suis réellement régalé. Il y en a pour tous les goûts et j‘ai beaucoup apprécié grimper dans des voies sur du basalte, n‘étant pas habituée à cela en France.
Le bonus ? Un petit refuge a été financé et construit par les grimpeurs de la salle de bloc de Reykjavik il y a quelques années. Une très bonne idée vu les températures extérieures ! Même en plein soleil, avec le vent glacial nous avons fort apprécié pouvoir rentrer déjeuner et boire un thé à l‘intérieur. Ah oui parce que j‘ai oublié de le préciser mais la maison est au pied des voies. Bon à savoir, tout grimpeur accédant au site doit payer une cotisation annuelle de 1500 ISK (couronne islandaise), soit environ 11€. Cette cotisation permet en fait de grimper sur tous les spots aux alentours, pas seulement Hnappo.
Nous avons terminé notre trip à l‘ouest par la visite du spot de bloc Vestrahorn, situé au pied des montagnes du même nom, près de Höfn. Du bloc avec en arrière-plan les montagnes, l‘océan, les vagues et du sable noir. On a vu pire ! L‘endroit est un site touristique (mais personne ne s‘aventure jamais jusqu‘aux blocs) et les terres sont privées. Il faut donc payer 900 ISK (un peu moins de 7€) au propriétaire pour pouvoir accéder au spot. Cela peut paraître aberrant pour certains mais le prix n‘est pas exagéré, le propriétaire est très gentil envers les grimpeurs et comme les routes lui appartiennent c‘est lui qui finance leur entretien. Il tient aussi un café, le Viking Café.
A Vestrahorn vous trouverez un champ de blocs très étendu. Tout ne se grimpe pas, il y a aujourd‘hui plus de 400 passages ouverts mais il y a encore un gros potentiel. Il y en a pour tous les niveaux, du 4 au 8. Un topo verra bientôt le jour. Il est recommandé d‘avoir plusieurs crash-pads, le pied des blocs n‘étant pas toujours très plat. Attention la météo est une fois de plus très capricieuse sur ce spot, le mélange montagne et océan n‘étant pas très favorable au beau temps. Nous avons eu énormément de chance le jour où nous y étions, soleil et ciel bleu (j‘ai même pu grimper en débardeur) mais en général il y fait très froid, humide et venteux. Les conditions parfaites pour les islandais donc !
Nous n‘avons malheureusement pas eu assez de temps sur place pour tout tester mais encore une fois nous avons pu grimper des blocs très jolis, sur du rocher de type gabbro. Il faudra également revenir pour tester les grandes voies de la montagne au dessus du spot de bloc. Quelques-unes sont équipées et la vue est imprenable. Il paraît même qu‘il y aurait encore quelques trucs à ouvrir, affaire à suivre… Le bonus du spot ? C‘est aussi un spot de surf !
La dernière étape de notre trip islandais aura été l‘ice-climbing. Encore quelque chose que je n‘avais jamais fait et une grimpeuse m‘avait gentiment proposé de nous emmener faire une initiation pour notre dernier jour. L‘occasion ou jamais ! Cette grimpeuse, Hjördís, s‘est d‘ailleurs révélée être une cousine éloignée.
Cinquième chose à savoir sur l‘Islande :
Tout le monde est cousin au 9e degré. Rien d’étonnant donc à tomber sur la cousine d’une cousine. En cas de relation il existe une base de données, l’«Islendingabók » (le livre des Islandais») qui peut être utilisée pour vérifier que l’on n’est pas trop proches parents.
Nous voilà donc partis la veille du départ, sous une pluie diluvienne qui ne nous quittera pas de la journée et qui n’est pas la pluie la plus sèche du monde.
Sixième et dernière chose à savoir sur l’Islande :
En cas de forte pluie personne ne pourra rien pour vous, même pas la meilleur gore-tex du monde. Il restera éventuellement l’option gros ciré marin, avec l’inconvénient que vous verrons plus tard.
2h et quelques plus tard nous arrivons devant le glacier Sólheimajökull, que, je dois l’avouer, nous ne voyons que très peu vu la météo. Nous enfilons « quelques » couches, préparons les piolets, les crampons, le baudrier, le casque, les gants, … Armés de courage nous mettons le nez dehors et rentrons aussitôt : la gore tex est déjà trempée. Hjördís nous propose alors d‘enfiler des sortes de grands cirés ainsi qu‘un pantalon du même type, qui ont l‘air bien plus efficaces. Après 20min de marche le constat est le suivant : en cas de grosse pluie il faut tout simplement choisir entre garder la gore-tex et être mouillé par l‘extérieur ou prendre un ciré et être mouillé de l‘intérieur. Bref, nous passerions la journée en étant trempés.
Sólheimajökull est un glacier d’une dizaine de kilomètres de longueur, constituant une langue glaciaire. La balade est assez facile et vous trouverez en chemin les éléments classiques d’un glacier, crevasses, grotte et glace aux reflets bleus. Cependant ne vous attendez pas à trouver un beau glacier tout blanc, celui-ci est recouvert d’une couche de cendre noire, due à l’éruption du Eyjafjallajökull en 2010. Un paysage très spécial donc, surtout avec le temps qu’il faisait : nous avions l’impression d’être dans un film en noir et blanc. Il aura été difficile de se motiver à grimper avec le froid et la pluie mais cette première expérience aura tout de même été réussie. Nous avons fait 3 petites voies en moulinette et, après avoir tapé n’importe où et n’importe comment avec mes piolets j’aurais quand même réussi à en planter quelques-uns et sortir du moulin (il paraît que c‘est un terme en glace).
Voilà pour ce premier (mais pas le dernier!) trip de grimpe en Islande. Des premières expériences, de la pluie, du vent, de la grimpe variée, du soleil quand même, des tonnes d‘arc-en -ciel, des paysages à couper le souffle, de la lumière irréelle, du rocher de très bonne qualité, … Je ne peux pas dire que c‘est LA nouvelle destination grimpe, ce serait mentir, mais en cas de visite du pays je recommande d‘avoir une paire de chaussons dans le sac. Il ne faut pas partir là-bas avec l‘espoir de faire de grosses séances de grimpe mais cela vaut le coup de coupler des balades avec de l‘escalade. N‘hésitez pas à me contacter pour plus d‘infos.
Un ENORME merci aux sponsors pour leur soutien sur ce trip : Planetgrimpe, Edelrid, Mountain Hardwear, Toyota Iceland, Hydroflask et aux locaux avec qui nous avons partagé de super moments : Bea, Ben, Siggi, Adrian, Elmar, Hjördís, Valdimar, Diddi, Ólafur, Kristinn, Kjartan et tous les autres que j’ai oubliés. Et à très bientôt 🙂
Comment s’y rendre?
En avion , compter environ 300 € AR depuis Paris en hors saison, les prix flambent en été. L‘aéroport se trouve à Keflavik, à environ 45 min de la capitale. Des navettes font le trajet depuis l‘aéroport.
Adresses web utiles :
- pour les topos : https://www.klifur.is/ et https://27crags.com/countries/iceland
- site de la salle de bloc à Reykjavik https://klifurhusid.is/
- groupe des grimpeurs sur facebook : Klifurvinir / Climbing buddies https://www.facebook.com/groups/263888550443951/
Monnaie :
1 Couronne islandaise = 0,0073 Euro
Pour prolonger le voyage :
Le circuit des touristes : le Cercle d‘or comportant 3 des sites les plus touristiques d‘Islande : le parc national de Þingvellir, la chute de Gullfoss et le champ géothermique de Geysir.
Sur la route 1 : la plage de Reynisfjara, près de la ville de Vík, le lagon Jökulsárlón et la plage Diamond beach. Tous les glaciers et les cascades aux alentours.
En bonus les vidéos du séjour
Crédit photos : Damien Largeron, Axel Ballay, Svana Bjarnason
Texte: Svana Bjarnason – Planetgrimpe