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Un combat époustouflant livré par Adam Ondra, en finale de la Coupe du Monde de Briançon

- Le 23 août 2020 -

Hier soir, Adam Ondra a enflammé la foule comme lui seul sait le faire. En enchaînant la voie de finale, il la quinzième Coupe du Monde de sa carrière, devant le slovène Domen Skofic et l’autrichien Jakob Schubert.

Retour sur les finales masculines de la Coupe du Monde de Briançon.

Il est venu, il a (fait à) vu(e), il a vaincu !

Adam Ondra ne pouvait pas espérer mieux de cette Coupe du Monde de Briançon. Lui qui a fait des Jeux Olympiques son principal objectif avait hâte de renouer avec la compétition, afin de se mesurer aux autres athlètes et de voir où il en était dans sa préparation.

Et quand Adam Ondra se déplace sur une compétition, ce n’est pas pour faire de la figuration. Depuis le 27 juillet 2018, le tchèque a remporté toutes les étapes de Coupe du Monde auxquelles il a participé. Alors en arrivant à Briançon, c’est bien l’or qu’il visait.

Comme l’a fait Laura Rogora chez les femmes, Adam Ondra restera en tête du classement durant tout le week-end. Pourtant, la concurrence était rude pour Adam, avec des grimpeurs comme Jakob Schubert, Domen Skofic ou encore Alex Megos, venus pour faire face au tchèque. Mais Adam Ondra a su résister, notamment hier, dans la voie de finale.

Une voie de finale « à la briançonnaise », signée de la patte du chef ouvreur Alberto Gnierro, habitué à nous proposer ce genre de voie à Briançon. Un tracé old school, très résistant et technique, sur de petites prises, exigeant une intensité maximale et engagement total de la part des grimpeurs.

Un tracé qui correspondait particulièrement bien aux styles de nos falaisistes présents en finale hier soir: Adam Ondra, Alex Megos, Jakob Schubert et Domen Skofic. La preuve, ce dernier monte très haut dans la voie et il sera le premier à nous faire découvrir la partie finale, dépassant les différents passages ayant fait chuter les autres compétiteurs avant lui. Au terme d’un combat intense, le slovène chute à deux mouvements du top.

Domen Skofic à quelques mouvements du top de la voie

Malheureusement, Alex Megos n’aura pas la chance d’aller se battre si haut dans la voie. Alors qu’il se sent bien dans le début de la voie, l’allemand engage un mouvement dynamique, là où les autres compétiteurs ont préféré une méthode plus statique. Il perd les pieds, sa jambe s’emmêle dans la corde et malgré un combat de plusieurs secondes suspendu dans le vide à la force des doigts, Megos lâche. Il est de retour au sol bien plus prématurément qu’il ne l’espérait.

Puis c’est au tour de Jakob Schubert. L’autrichien avale les premiers mètres de la voie à une allure folle. Fidèle à son style de grimpe tout en puissance, le dévers n’est qu’une formalité pour lui. Mais dans la dernière section, à l’endroit où le mur se redresse, l’intensité augmente de façon exponentielle. Les prises se font de plus en plus petites et l’autrichien recule de quelques centimètre sur chaque mouvement, jusqu’à être éjecté du mur à trois prises de Domen Skofic.

La gravité finie par l’emporter sur Jakob Schubert

Avant l’arrivée d’Adam Ondra, la voie restait donc invaincue. Et comme sur chacun des tours de la compétition, le tchèque est arrivé au pied du mur extrêmement concentré. Les premiers mouvements ne sont qu’une formalité pour lui, une mise en jambe avant d’attaquer le dévers, dans lequel il accélère. En moins de deux minutes, Adam Ondra sort déjà du toit ! Le public l’acclame pendant qu’il profite d’un bref temps de repos. C’est une véritable leçon d’escalade, chacun de ses placements est millimétré. Adam ne laisse aucune place au doute.


J’étais tellement fatigué et la prise était si petite, que j’ai failli lâcher avant même de passer la corde dans le relais.


Le tchèque se lance alors dans le dernier passage de la voie. Il a compris à la lecture que les cinq derniers mouvements sont extrêmes, alors il augmente la force avec laquelle il sert les prises sous ses doigts.

Une prise, puis deux, puis trois. Il dépasse la limite fixée par Domen Skofic, mais le public en veut plus, tout le monde veut voir Adam Ondra sortir cette voie. Quatrième prise, il tient l’épaule mais grimace. Le tchèque est à deux doigts d’exploser, mais relance inespérément sur la dernière prise. Une prise extrêmement fine, de quelques millimètres à peine, située au sommet d’un volume. Il tient ! Mais Adam n’est pas serein, son coude se lève. Il s’empresse de clipper la corde, car il le sait: ce n’est qu’une fois la corde passée dans le mousqueton que le top lui sera accordé.

Explosion de joie: il a réussi ! La foule est en délire. Adam Ondra vient de nous livrer un grand spectacle, décrochant la médaille d’or de la plus belle des façons.

Adam Ondra, applaudi par les 5000 spectateurs présents hier soir

J’ai pris énormément de plaisir à grimper ce soir. J’ai pu relâcher toute la pression dès que j’ai posé mes mains sur les premières prises de la voie. Et en grimpant détendu comme cela, ça permet quasiment à chaque fois de réaliser de belles performances… Et ce soir, ça m’a permis d’enchaîner la voie de finale !

Je tiens à dire tout de même que de toutes les compétitions auxquelles j’ai participé, c’est bien la première fois que j’ai eu peur de tomber sans pouvoir clipper le relais, en ayant la main sur la dernière prise ! J’étais tellement fatigué et la prise était si petite, que j’ai failli lâcher avant même de passer la corde dans le relais.

Quand j’avais l’avant-dernière prise en épaule, je ne pensais déjà pas réussir à aller chercher la prise finale. Et quand je suis arrivé dessus, j’ai voulu l’arquer, mais mes doigts ont refusé d’obéir tellement la fatigue s’était accumulée dans mes avant-bras. J’ai réessayé une deuxième fois d’arquer, mais je n’étais vraiment plus en mesure de le faire. J’ai donc levé mon coude le plus haut possible et j’ai clippé comme ça. C’était assez épique ! S’il avait fallu ramener la main sur la dernière prise pour valider le top comme on le fait en bloc, alors je n’aurai pas topé la voie !

Plus globalement, je trouve très important pour notre sport que cet événement ait pu avoir lieu. Ça nous rappelle à quel point l’escalade est quelque chose de précieux pour nous.

Adam Ondra


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Une belle Coupe du Monde pour Mejdi Schalck et Nao Monchois

Nos deux jeunes français Mejdi Schalck 16 ans et Nao Monchois 21 ans disputaient hier soir leur première finale en Coupe du Monde. Nos tricolores n’auront pas démérité sur cette compétition. Leur 7ème et 8ème place sont déjà un exploit. Les deux garçons tomberont sur le même mouvement, aux deux tiers de la voie.

Mejdi manque de précision en arrivant sur la prise de main, tandis que Nao nippe du pied au moment de donner l’impulsion du mouvement.

Disputer sa première finale à Briançon restera un moment inoubliable pour Nao Monchois

En redescendant, tous deux sont déçus par leur prestation. Mais ce qu’ils viennent de réaliser est déjà énorme. Rentrer en finale d’une Coupe du Monde à domicile leur a permis d’acquérir de l’expérience, qu’ils sauront à coup sûr mettre à profit très prochainement.

Un hommage poignant pour Luce Douady

La soirée s’est achevée par un hommage pour Luce Douady, cette jeune espoir de l’équipe de France, qui nous a quittée en juin dernier. Le président de l’IFSC Marco Scolaris, le président de la FFME Pierre You, l’ambassadrice de l’association Climbers Against Cancer Sheila McCarron, son petit ami Nao Monchois ainsi que sa famille ont pris la parole, en hommage à Luce.

Sa famille a profité de ce moment pour faire don de 7 500€ à l’association Climber Against Cancer.

Luce aurait à coup sur brillé hier soir en finale à Briançon. Mais si ce n’est pas sur le mur qu’elle a brillé, c’est bel et bien dans le coeur de chacun qu’elle scintillait durant tout le week-end. Un moment remplit d’émotion, pour cette prodige de l’escalade qui restera à jamais dans nos coeurs.

Les résultats complets de la finale masculine:

Le replay des finales:


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