Le contenu

Des finales féminines majestueuses à Briançon !

- Le 23 août 2020 -

Fanny Gibert s'est envolée hier soir dans la voie de finale, décrochant la médaille de bronze

La jeune italienne Laura Rogora s’est imposée hier soir en finale de la Coupe du Monde de Briançon, tandis que notre bloqueuse française Fanny Gibert est parvenue à créer la surprise en montant sur la troisième marche du podium ! Entre ces deux jeunes femmes, on retrouve la slovène Janja Garnbret, qui s’empare de la médaille d’argent.

Retour sur les finales féminines de la Coupe du Monde de Briançon.

Un run d’anthologie pour Fanny Gibert !

Quand toutes les étoiles sont alignées voilà ce que Fanny Gibert est capable de produire ! Pourtant rien n’était gagné d’avance… Vendredi soir, elle prenait de justesse sa place pour les finales de cette Coupe du Monde de difficulté. Une grande première dans sa carrière de bloqueuse ! Nerveuse durant l’attente en isolement, à la lecture de la voie, notre française est soulagée: le tracé de finale demande un engagement total dans les mouvements, comme elle a l’habitude de le faire en bloc.


Je voulais passer la barre du dévers, et une fois arrivée là haut, j’avais envie d’arracher les prises !


Fanny rêve de dépasser le dévers. C’est l’objectif qu’elle s’était fixé. Hier soir, elle était alors la deuxième compétitrice à s’élancer face aux 5000 spectateurs présents. La concentration et la détermination se lisaient dans son regard. Et ce qui allait se produire sous nos yeux allait être époustouflant. Fanny ne le savait pas encore, mais dès qu’elle allait décoller ses deux pieds du sol, elle allait flotter sur un nuage durant les prochaines minutes.

Dès les premiers mouvements, la française avance très vite. Le ton est donné. Là où l’italienne Giorgia Tesio hésitait avant elle, Fanny ne tergiverse pas ! Elle se retourne, envoie les pieds en premier et se retrouve la tête en bas. À l’observation, elle avait bien compris ce passage, et elle était en train de le réaliser à la perfection sur le mur.

Fanny Gibert a mis à profit ses compétences de bloqueuse dans la voie de finale

La réunionnaise s’engage à 100% dans ses mouvements. Ses pieds zippent, elle doit contrôler des ballants, mais rien ne l’arrête. Elle semble animée d’une rage intérieure qui l’empêche de tomber. Ce que la française est en train de produire est impressionnant. C’est une véritable leçon d’escalade, et le public l’a bien compris, donnant de la voix pour soutenir la grimpeuse.

Au bout de quelques minutes à peine, Fanny arrive déjà à la sortie du dévers. Le fameux moment qu’elle espérait tant. Ses placements astucieux lui permettent alors d’économiser de l’énergie et de délayer après les intenses mouvements qu’elle vient de passer. Puis elle repart, encore plus déterminée. Mais où s’arrêtera-t-elle ?! « Je ne savais plus ce qu’il se passait » nous confie-t-elle. Plus elle avance et plus le public l’acclame. Elle se rapproche du top et chute finalement à quelques mouvements de la fin, les bras gorgés d’acide lactique.

Quel run majestueux ! Le Parc des Sports de Briançon est en ébullition. Fanny ne réalise même pas ce qui vient de se produire. C’est seulement en voyant des grimpeuses comme l’autrichienne Jessica Pilz ou la slovène Vita Lukan chuter avant elle, que la française commence à prendre conscience de son incroyable performance.

Ainsi, pour sa première finale en Coupe du Monde de difficulté, Fanny Gibert s’octroie la médaille de bronze et monte sur le podium devant un public français conquis.

C’est en hommage Luce Douady que Fanny Gibert dédie son run

Avant de me lancer dans la voie, je n’étais pas du tout bien, j’avais mal au ventre. De tous les isolements que j’ai faits, celui-là était le pire. Mais à la lecture, la voie m’a tout de suite plu: pas trop d’arquées et des mouvements qui demandaient d’engager. Je ne sais pas trop ce qui s’est passé, j’ai grimpé vraiment à l’instinct, très rapidement, dans l’esprit « Luce ». J’ai réussi à trouver le bon rythme entre relâchement et engagement.

Je voulais passer la barre du dévers, et une fois arrivée là haut, j’avais envie d’arracher les prises !

J’étais curieuse d’aller tâter les voies de finale en Coupe du Monde, car on sait que c’est un style différent des qualifications ou des demi-finales. Le run que je voulais mettre est exactement celui que j’ai mis ce soir. Je l’attendais toute la saison dernière mais je n’avais pas réussi à exploiter 100% de mes capacités. Quand je suis tombé, peu importait le résultat, j’étais hyper heureuse !

Fanny Gibert

Un première victoire en Coupe du Monde pour Laura Rogora !

C’est une année exceptionnelle pour Laura Rogora. 2020 semble lui sourire. En effet, il y a deux mois, la jeune italienne enchaînait son premier 9a+. Plus récemment, il y a tout juste un mois jour pour jour, elle faisait trembler le monde de l’escalade en devenant la seconde femme de l’Histoire à enchaîner un 9b.

On savait donc cette grimpeuse en forme sur le rocher et tout aussi redoutable en compétition. Championne du Monde junior l’an dernier, elle avait décroché son billet pour les Jeux Olympiques lors du Tournoi de Qualification Olympique à Toulouse, sa dernière compétition en date.

Techniquement, Laura Rogora aura été imparable dans la voie de finale

Et à son arrivée à Briançon, l’italienne confirmait: elle comptait bel et bien tout donner sur cette compétition. Elle passe le tour des qualifications avec succès, en prenant la première place aux côtés de Janja Garnbret. En demi-finale, elle brille de nouveau en s’adjugeant très largement la tête du classement. Son objectif était donc clair hier soir: conserver cette première place jusqu’au bout.


Je n’aurai jamais cru que j’allais gagner cette Coupe du Monde !


Dernière concurrente à s’élancer, l’italienne de 19 ans a entendu que Janja Garnbret a sorti la voie quelques minutes avant elle. Elle n’a donc pas le droit à l’erreur si elle veut aller chercher sa première médaille d’or en Coupe du Monde: Laura doit à tout prix enchaîner le tracé de finale à son tour.

Pourtant, en envoyant évoluer l’italienne, la pression ne se ressent pas dans sa grimpe. Elle avale la première partie de la voie avec une facilité déconcertante. Elle hésite quelques secondes avant d’engager dans le jeté, mais passe le mouvement avec succès. La fin de la voie, plus en résistance, lui correspond bien. Elle sert les petites prises avec une force incroyable, si bien qu’elle n’attendra même pas d’être sur le bac de fin pour clipper le relais de la voie et ainsi s’adjuger sa première médaille d’or en Coupe du Monde.

Laura Rogora aura conservé la première place du début de la compétition jusqu’à la fin !

Laura Rogora l’a fait: elle est restée en tête du classement des qualifications jusqu’aux finales. Aucune grimpeuse n’est venue s’interposer entre elle et la première place durant le week-end. Pas même Janja Garnbret, qui pourtant, a enchaîné la voie de finale elle aussi. Mais la slovène, moins bien classé que l’italienne en demi-finale, prend la deuxième place de cette Coupe du Monde.

C’est incroyable ! Je me sentais en forme en venant sur cette compétition, mais je n’aurai jamais cru que j’allais gagner cette Coupe du Monde !

La première partie de la voie était assez facile, puis il y avait cet étrange jeté. Je ne pouvais pas voir la prise, j’ai donc passé du temps dans ce passage et grillé un peu d’énergie. Heureusement, une fois sortie du toit, j’ai pu me reposer, juste avant la section finale qui conduisait jusqu’au top.

À la lecture, j’avais vu que je pouvais clipper le relais depuis l’avant-dernière prise. Une fois dans la voie, j’ai réalisé que je pouvais bel et bien atteindre la chaîne sans même prendre la dernière prise, donc je n’ai pas pris de risque et j’ai clippé depuis cette position.

Laura Rogora

Soulignons également la belle performance de Nina Arthaud sur cette Coupe du Monde.

Deuxième à l’issue des demi-finales vendredi soir, Nina était l’avant-dernière grimpeuse à faire face à la voie de finale. Ainsi, notre française s’est retrouvée dans la même situation que Laura Rogora. En effet, juste avant son passage, elle entend que Janja Garnbret vient d’enchaîner la voie. Il fallait donc que Nina aille jusqu’au bout si elle voulait veut conserver sa place.

Belle compétition de Nina Arthaud qui signait la deuxième finale de sa carrière

La française gère à la perfection les premiers mètres de la voie. Elle met du rythme dans ses gestes et trouve instinctivement les bons placements. Mais en plein milieu du dévers, les choses se corsent et sa grimpe est moins fluide. Arrivée à la sortie du dévers, Nina a les coudes qui se lèvent… Quelques secondes plus tard, la gravité l’emporte.

Nina Arthaud termine 7ème de cette Coupe du Monde, elle qui disputait hier soir la deuxième finale internationale de sa carrière.

Les résultats complets des finales féminines:

Le replay des finales:


À lire aussi: