Ce qu’il faut retenir des championnats du monde 2019
Si vous étiez dans un monde parallèle ces 10 derniers jours, ou simplement en vacances, nous revenons dans cet article sur l’événement de l’année en escalade, les championnats du monde. Après 10 jours de compétitions, il est temps pour nous de tirer un bilan de ce championnat, d’analyser et de commenter les résultats et autres faits marquants.
Un championnat du monde historique et quelques faits marquants
Historique pour plusieurs raisons, la première c’est qu’il s’agit du premier championnat du monde sélectif pour JO. La seconde, c’est qu’une certaine Janja Garnbret a marqué l’histoire de la compétition d’escalade. Avec 3 médailles d’or sur 4 épreuves (difficulté, bloc et combiné), la Slovène devient la première grimpeuse à réaliser un tel parcours, homme et femme confondu. Il sera très compliqué de faire mieux, car remporter la vitesse en plus des 2 autres disciplines paraît impossible tellement cette dernière s’éloigne des qualités requises pour le bloc et la difficulté.
Comme fait marquant, on peut également retenir la pire finale de bloc d’Adam Ondra, avec 0 zone et 0 top au compteur, et sa capacité à remporter le titre en difficulté 2 jours après. Et que dire de sa non participation en finale du combiné après avoir mis le pied sur un spit en qualification de difficulté? Triste erreur, mais cela fait parti du jeu hélas. Autant l’année dernière lors des championnats du monde, la polémique avait enflé avec un panneau de pub bien mal placé (et qui avait éliminé Sean Mc Coll et Romain Desgranges pour un pied qui traînait), autant là, on ne peut qu’accepter les règles de la compétition.
Si nous avons parlé de Janja Garnbret chez les femmes, chez les hommes il faut retenir le nom de Tomoa Narasaki qui remporte 2 médailles d’or (bloc et combiné), et qui nous a prouvé sa très grande polyvalence en difficulté et en vitesse. Le Japonais sera l’un des favoris pour les JO 2020, et il sera difficile à aller chercher.
À retenir également, l’incroyable retour sur la scène internationale de la britannique Shauna Coxsey après une blessure en 2018 et un début de saison 2019 compliqué pour elle. Avec deux médailles de bronze (en bloc et sur le combiné), il faudra donc également compter sur elle pour les jeux.
Retenons également la blessure d’Alex Megos sur la finale bloc du combiné, blessure qui l’a contraint à abandonner, mais ne vous inquiétez pas, le ticket pour les JO est dans la poche et nous espérons le revoir très vite en forme…
Enfin, pour terminer, notons que peu de grimpeurs spécialistes en vitesse sont représentés en finale du combiné, un homme et une femme pour être exact. Cela vient certainement du fait qu’il est plus simple d’associer le bloc et la difficulté et donc d’espérer jouer le combiné, plutôt que d’associer la vitesse à une autre discipline.
Vous l’aurez compris, ces championnats du monde resteront dans l’histoire, et la perspective des JO est de plus en plus palpable.
Le tableau des médailles
Voici le résumé et le classement des pays en fonction des médailles remportées sur les 4 épreuves: bloc, difficulté, vitesse et combiné.
Le Japon ultra dominant
Ne vous y trompez pas, si le Japon n’arrive pas en tête du classement des médailles, il est néanmoins ultra dominant sur la globalité du championnat du monde. Pour le prouver, une petite statistique intéressante qui consiste à calculer le nombre d’athlètes par pays qui entrent dans le top 10 sur chaque épreuve, hommes et femmes confondus… Voyez plutôt:
Comme vous pouvez le voir sur le tableau ci-dessus, bien que le Japon ne remporte pas le classement des médailles, on constate qu’ils ont une très forte densité d’athlète dans le top 10 de chaque épreuve, excepté en vitesse. Depuis quelques années maintenant, nous vous parlons du Japon comme le pays leader en bloc, les voilà désormais également sur le terrain de la difficulté, et donc logiquement du combiné. Preuve en est, l’équipe Nippone était tellement représentée en finale du combiné qu’ils avaient plus d’athlètes que de places disponibles pour la qualification aux JO qui est, pour rappel, limitée à 2 femmes et 2 hommes par pays. Quelle autre nation peut se payer ce luxe? Clairement aucune.
Comment expliquer cette démesure? Difficile sans une réelle investigation dans le mode de fonctionnement de la fédération japonaise, des directions prises pour l’entraînement et du développement de l’escalade sur place. Le seul point connu actuellement n’est autre que la légendaire discipline des athlètes japonais lors des entraînements, mais cela ne suffit pas à expliquer leur leadership. Nous tenterons d’aller interroger la fédération et les entraîneurs nippons pour en apprendre plus sur leur manière de fonctionner dans la perspective des JO.
L’équipe de France malmenée
Du côté des tricolores, on ne peut pas dire que ces championnats du monde auront été une réussite. Les français sont souvent « proches de », mais cela ne suffit pas à venir concurrencer les nations dominantes que sont le Japon ou la Slovénie.
Le bilan: une médaille de bronze pour Anouck Jaubert en vitesse et une qualification aux JO pour Micka Mawem. Bien entendu, on se réjouit de ces résultats, mais ils ne suffisent pas à faire de l’équipe de France une équipe leader comme elle a pu l’être quelques (dizaines) d’années en arrière.
Non seulement la densité d’athlète dans le top 10 est très faible, mais ajouté à cela nous n’avons aucune réelle tête d’affiche qui pourrait tirer l’équipe vers le haut, pas d’Adam Ondra, de Janja Garnbret ou d’Alex Megos dans nos rangs. N’est-ce pas ce qui manque à cette équipe de France actuellement? Nous n’avons pas la réponse…
Certes nous avons eu les très belles performances de Romain Desgranges ces dernières années, avec notamment sa victoire sur le classement général des coupes du monde de difficulté en 2017, mais cela aura été peut-être de trop courte durée pour réellement créer l’émulation d’une équipe autour d’un leader.
Il serait cependant trop simple d’expliquer la « déroute » française par la seule absence d’un leader. De nombreuses autres questions peuvent se poser… Problèmes d’entraînement? D’entraîneurs? De structures sportives? De suivi? De pôles? De préparation physique? De préparation mentale? de sélections des athlètes? etc… Beaucoup de questions peuvent émerger, certaines plus objectives et intéressantes que d’autres, et qui de mieux que l’un des entraîneur de l’équipe de France pour y répondre? Nous irons donc prochainement à la rencontre de Sylvain Chapelle, l’un des coachs de l’équipe qui était présent sur ces championnats du monde.
Les qualifiés pour les JO
Comme on vous l’a expliqué dans un précédent article, les 20 hommes et 20 femmes qui participeront aux JO peuvent se sélectionner selon plusieurs critères, dans la limite de 2 femmes et 2 hommes par pays:
- 7 places sont attribuées suite aux championnats du monde du combiné de Hachioji
- 6 places sont attribuées suite au Tournoi de Qualification Olympique (décembre 2019)
- 5 places sont attribuées pour les champions continentaux du combiné 2020
- 1 place est attribuée au pays hôte (ne permet pas de dépasser le quota de 2 femmes et 2 hommes)
- 1 place est attribuée par la commission tripartite (regroupant le Comité International Olympique, la Fédération Internationale ainsi que les Comités Nationaux Olympiques)
Ce qui fait 20 au total! Donc si vous avez bien suivi, nous connaissons donc officiellement les 7 premiers qualifiés pour les JO, femmes et hommes, suite à ces championnats du monde du combiné. Pour être exact, au regard de leurs résultats les Japonais rempliront largement leur quota de 2 femmes et 2 hommes pour les JO, et leur place attribuée en tant que pays hôte est donc redistribuée sur ces championnats du monde, ce qui fait donc au total 8 tickets déjà pris pour les JO! Voici donc les 8 premiers élus pour Tokyo 2020:
Femmes:
- Janja Garnbret
- Shauna Coxsey
- Aleksandra Miroslaw
- Petra Klinger
- Brooke Raboutou
- Jessica Pilz
Hommes:
- Jakob Schubert
- Rishat Khaibullin
- Micka Mawem
- Alexander Megos
- Ludivico Fossali
- Sean Mc Coll
En ce qui concerne les Japonais qualifiés, c’est un peu plus flou et les rumeurs fusent. Si Akiyo Noguchi et Tomoa Narasaki semblent avoir acquis leur place pour leur participation aux JO, pour tous les autres, rien n’est moins sûr. Pendant un temps, on entendait dire ici et là que la fédération Japonaise organiserait un événement pour ses athlètes à domicile afin de déterminer le meilleur d’entre eux capable de rejoindre Akiyo et Tomoa. Dans cette perspective, le Japon n’utiliserait qu’un seul ticket (femme et homme) sur ces championnats du monde pour les JO, et prendrait la place réservée au pays hôte pour sa compétition sélective, ce qui, rassurez-vous, ne change rien pour les athlètes des autres nations qualifiés suite aux championnats du monde.
Nous en saurons un peu plus prochainement, car les comités olympiques nationaux ont désormais 2 semaines pour valider la participation des athlètes de chaque pays pour les JO 2020. Oui vous avez bien lu, cela signifie que l’IFSC envoie le nom des grimpeurs qualifiés pour les JO aux comités olympiques nationaux, mais ces derniers ne sont pas dans l’obligation de les accepter (même si il est très rare que cela arrive, le refus est officiellement possible). Donc dans 2 semaines nous saurons si les Japonais partent sur 1 ou 2 grimpeurs pour les JO suite à ce championnat du monde.
Tous les résultats des finales épreuve par épreuve
- Le Bloc
- La difficulté
- La vitesse
- Le combiné
Tous les replays des finales épreuve par épreuve
- Le Bloc
- La difficulté
- La vitesse
- Le combiné