Mathilde Becerra revient sur son année mouvementée et ses nouveaux choix de vie
Nous sommes allés à la rencontre de Mathilde Becerra qui nous tire un bilan de son année 2018, tout en nous dévoilant ses prochaines ambitions…
L’année 2018 aura clairement été une année mouvementée…mais super enrichissante!
Effectivement, j’ai pris conscience de beaucoup d’éléments qui m’ont amené à changer ma vision de la vie. Tout a commencé en Juillet au lancement de la saison des Coupes du Monde de difficulté.
Toute l’année j’avais suivi un entraînement acharné – c’est le mot – au sein du pôle France afin de réaliser des performances à l’international. Je ne vivais que pour ça, toute ma vie étant orchestrée autour de ma préparation pour les compétitions. Mais comme par hasard (enfin non, il n’y pas de hasard), je suis tombée malade dès la première étape ce qui m’a mise au tapis pendant trois semaines. Tant bien que mal j’ai participé au 3 premières Coupes du Monde pour essayer de sauver les meubles et tenter de décrocher une sélection pour la suite…en vain! J’étais exténuée. Tous mes rêves de réussite et objectifs sont partis en fumée, pouf, comme ça!
A partir de là, j’ai pris du recul et j’ai compris que je ne voulais plus de ce mode de vie, après 10 ans en Equipe de France. Le burn-out complet. La compétition et le haut niveau m’avait dégouté. La preuve en est, je ne pouvais plus rien avaler. Des mois et des années de sacrifices pour essayer de rentrer dans des critères de sélection toujours plus élitistes, éventuellement perfer sur une ou deux compétitions qui seraient aussi vite oubliées, et pour quoi au final alors?
Après ça, j’ai arrêté de grimper pendant quelques temps, déjà pour me remettre en forme et retrouver des forces après 3 semaines de lutte contre un sal virus.
J’ai donc eu le temps de réfléchir à ce que je voulais faire de ma vie. La compétition de haut niveau n’avait plus de sens et je n’étais plus du tout épanouie, et ce en fait depuis bien longtemps déjà.
Alors que faire maintenant quand c’était tout ce que j’avais connu ? Et bien au début c’était le vide total. C’était une période douloureuse, où j’ai bien failli arrêter complètement l’escalade et partir vivre une autre vie, le plus loin possible.
Finalement, j’ai pris la décision de quitter le pôle de Voiron et de revenir auprès de mon premier entraîneur Thomas Ferry, avec qui j’avais tissé un lien particulier dès le départ. Le retrouver s’est présenté comme une évidence, un retour aux sources.Et puis petit à petit je suis revenue à l’essentiel, pour réfléchir à ce que j’avais vraiment envie de faire, ce qui me faisait vibrer. Et c’est naturellement que je me suis ainsi tournée vers l’escalade « outdoor ». En commençant par le bloc à Rioupéroux avec les copains, puis ensuite en falaise, puis en grande voie, puis toute autre sortie qui me permettait d’être dans la nature. Cette autre facette de l’escalade m’a ouverte à une nouvelle dimension extraordinaire dont je n’avais aucune idée avant.
Je grimpe maintenant beaucoup moins mais beaucoup mieux puisque je fais tout avec envie. Aujourd’hui je me découvre, je suis mes envies et mes intuitions et je n’ai jamais été aussi en forme et épanouie. J’ai enfin trouvé ma voie!
Je ne tire pas un trait définitif sur la compétition mais ce n’est clairement plus un objectif majeur. A la place, j’ai pleins de rêves et de projets dehors, en bloc, en couenne, en grande voie, et j’espère prochainement en montagne également… affaire à suivre 😉
Je tiens à remercier les personnes incroyables que j’ai rencontré et qui m’ont aidé dans ce cheminement…