Quatre ans d’obsession pour une minute d’enchaînement… Quand un rêve devient réalité pour Paul Robinson
Après quatre ans de rêve, Paul Robinson a enchaîné « The Pirate’s Code », l’un des blocs les plus durs d’Afrique.
Ça aurait pu être le début d’un conte pour enfants. En 2014, caché sous l’ombre d’un cèdre, Paul Robinson, fort bloqueur américain, aperçoit un rocher au loin. Le soleil se couchait, faisant scintiller le bloc de ses rayons. Comme tout grimpeur qui se respecte, l’américain court au pied de ce caillou géant pour en toucher le grain, et imaginer une ligne pour monter au sommet.
L’histoire pouvait commencer. Une histoire qui allait durer plus de quatre ans. Car c’est en Afrique du Sud que ce bloc se situait, à des milliers de kilomètres de chez lui. Mais ce n’est pas dans le mythique spot de Rocklands que Paul avait découvert ce bloc. Contrairement à la plupart des grimpeurs pour qui Afrique du Sud est synonyme de Rocklands, l’américain préfère aller à Three Corner, dans la réserve naturelle de Cederberg, à plusieurs centaines de kilomètres au nord de Rocklands.
Après plus de quatre ans, il réussira à enchaîner ce bloc, découvert un soir d’hiver sous le soleil couchant. C’est ainsi qu’est né « The Pirate’s Code », que Paul propose à 8C, faisant de ce bloc le plus dur du secteur.
Seuls les mots de Paul peuvent donner une description vraie et belle de ce que cette ligne a signifié pour lui :
En 2014, la première année où j’ai découvert ce bloc, j’ai quitté l’Afrique sans avoir eu le temps de l’essayer, mais j’y pensais constamment. Je suis revenu l’année suivante, en 2015. J’avais d’autres projets en tête cette année-là et je n’ai pas eu l’occasion de l’essayer, mais il a continué à hanter mes pensées. Est-ce qu’il était possible de l’enchaîner ? Si tel était le cas, ce serait sûrement un petit bijou.
2016 : Je l’ai essayé pour la première fois. Je n’ai pas réussi à faire beaucoup de mouvements. C’était vraiment très dur. J’avais besoin de m’entraîner plus et de revenir plus fort pour l’enchaîner.
2017: Je ne rêvais que de cette ligne. Cette année-là, j’ai réussi à faire une sorte de départ debout, mais je quittais l’Afrique du Sud sans le gros lot, c’est-à-dire l’enchaînement de la ligne complète depuis le bas. Je devais revenir encore plus fort.
2018 : Dès mon premier jour de travail dans le bloc, tout était complètement différent. Je me sentais mieux dans les mouvements. Je savais que ça pouvait être la bonne saison. J’ai passé quelques jours dans le bloc, j’étais alors de plus en plus proche.
Après une grosse tempête de neige, les conditions étaient parfaites. Le vent soufflait, je savais que c’était maintenant que ça allait se jouer. Alors que le soleil se couchait et que j’installais mes pads, j’ai senti un sentiment de paix. Je n’étais pas nerveux comme j’avais pu l’être auparavant. J’ai essayé quelques mouvements, puis rapidement décidé de mettre un essai depuis le bas.
Dès le moment où j’ai tiré sur les premières prises, j’ai grimpé parfaitement. Le premier crux était négocié, le deuxième aussi, puis le troisième. La seule chose qui me séparait du sommet était une section en 7B+. Sans la moindre hésitation, j’ai réalisé ces derniers mouvements et je me suis retrouvé avec les derniers bacs dans les mains. Dire que ce moment était surréaliste est un euphémisme.
2014 à 2018 pour cette ascension. Cet unique bloc que personne d’autre au monde n’avait jamais vu auparavant, venait finalement d’être enchaîné en moins d’une minute. C’est dur pour moi d’imaginer que je l’ai fait. L’escalade est ma vie. L’escalade m’apporte tant de joie et de Bonheur. À tous les grimpeurs, ne prenez pas cela pour acquis et appréciez tous ces moments. »