Vous êtes nombreux à nous poser cette question ou à émettre de sérieux doutes sur la nécessité réelle d’avoir ces trois modèles au catalogue Scarpa. La sortie récente du Furia S n’a rien arrangé.
« C’est commercial tout ça !! »
« Crois-moi, ce sont les mêmes »
Voici quelques éléments de réponses pour vous faire changer d’avis et pour vous aider à faire le meilleur choix :
Drago et Furia S, les frères « presque » jumeaux !
Il faut reconnaitre que ces deux chaussons sont très proches. L’asymétrie, la forme de la pointe et surtout le niveau de souplesse sont presque identiques. Seuls les fins connaisseurs feront une différence sur ces critères-là.
Le Furia S dispose d’un volume général plus important. Attention, n’allez pas croire que ces chaussons sont adaptés aux pieds très larges ! Non, nous sommes bien en présence de deux modèles aux chaussants étroits (ceci afin de garantir un effet chaussette important). Mais ceux qui se sentaient trop à l’étroit dans le Drago, pourront se tourner vers le dernier né de la famille : le Furia S.
Si vous avez le pied très fin, préférez le Drago sans hésitation. L’effet « chaussette » recherché n’en sera que meilleur d’autant plus que le système de serrage du Furia S n’est pas très puissant. Ne comptez pas sur lui pour venir réduire un excédent de volume…
Enfin, sachez que le talon est un peu différent. La bande tension (bande bleue bien visible sur le Furia S) parcourt presque l’intégralité du chausson sur ce modèle, reliant ainsi la pointe et le talon. Franchement, la comparaison n’est pas évidente. Dans les deux cas, le talon pousse fort ! Par contre, il faut composer sur le Furia S avec cette bande de tension visible car elle n’est pas faite de la même gomme (gomme plus dure). Cela peut déstabiliser un peu au début si on a l’habitude des Drago.
J’en profite aussi pour tordre le cou à une certaine idée reçue. Il ne suffit pas de regarder le chausson à l’envers pour juger de son asymétrie. En effet, certains chaussons peuvent paraitre très asymétriques mais leur conception (généralement liée à une grande souplesse générale) fait que le chausson va se déformer une fois le pied à l’intérieur. C’est le cas par exemple de nos deux cousins Scarpa. L’absence d’intercalaire et de structure permet d’avoir un effet chaussette incroyable. Ces chaussons se comportent comme des secondes peaux et la pointe va naturellement suivre la forme du pied, atténuant ainsi l’asymétrie. Un élément aucunement gênant pour un programme orienté « bloc » où l’on préfère les chaussons un peu plus droits pour privilégier une grimpe plus instinctive.
Et le Chiméra alors ?
Ce chausson Scarpa offre à ses utilisateurs des lectures bien différentes de ses propriétés. Certains verront une version plus typée « voie » que « bloc » et d’autres verront une version plus accessible.
En munissant ce Chiméra d’un insert en pointe, Scarpa offre une version qui préférera les murs à corde plus que les salles à tapis ! Forcément plus à l’aise sur petites prises et moins fatiguant pour les pieds, ce Chimera se positionne comme une arme redoutable pour faire du mur. Ce petit surplus de rigidité lui permettra même de séjourner en falaise (déversante on est d’accord…) ou aux pieds des blocs naturelles.
Ce surplus de rigidité va aussi faire le bonheur des grimpeurs lourds. Allez, je me lance au risque de me faire gronder… Disons que passer les 80 kg, les Dragos et Furia S commencent à pas mal souffrir. Sans aucune structure, ces chaussons vont s’écraser sous votre poids et vous allez finir par perdre le bénéfice du concept de la chaussette… Car on oublie vite, à force de faire des tableaux comparatifs, que la rigidité (comme en ski par exemple) n’est pas qu’une donnée brute. Votre poids, votre niveau, la conception même du chausson vont influencer de façon évidente la rigidité du chausson. Alors, pour ceux qui comme moi sont lourds, le Chiméra sera parfait. Et ne voyez pas là une raison pour commencer la saison de la raclette dès le mois d’août hein !!
Le Chiméra est aussi le plus « grand public » des frères Scarpa pour deux raisons évidentes :
- Ce chausson propose le volume général le plus important des trois. Il n’est donc pas un hasard de voir des lacets faire leur apparition… Ce choix de conception est vraiment pertinent car il va permettre aux pieds larges de pouvoir monter dans une de ces trois Formule 1 et aux pieds plus fins de composer avec les lacets pour réduire le volume sur le coup de pied. A titre personnel, je ne rentre pas dans le Drago. Enfin, si, je rentre dedans mais j’ai l’impression d’être en séance de torture à Guantanamo… Le choix du Chiméra s’impose donc à moi.
- Le Chiméra est doté d’un intercalaire en pointe pour la rendre plus rigide. Ce deuxième choix de conception permet lui aussi de le rendre plus « accessible » en se rapprochant d’une certaine normalité. Le succès des Drago est tel que l’on en oublie vite que ces chaussons très atypiques sont à réserver à des grimpeurs confirmés.
Scarpa propose donc trois chaussons visuellement très proches mais avec malgré tout des conceptions différentes. Furia S, Drago et Chimera, trois chaussons magnifiques, en parfaite harmonie avec les besoins actuels en compétition et en salle, où la grimpe sur volumes fait loi.
Presque sans concurrents, ces trois chaussons à essayer d’urgence sont à réserver à des grimpeurs expérimentés au risque de vous faire grimper n’importe comment. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir des entraineurs interdire ce type de chausson à leurs poulains avec un discours clair : « on prend de trop mauvaises habitudes si on n’a pas assez de technique ».
Mais mon petit doigt me dit que Scarpa réfléchit à une solution pour proposer un chausson plus accessible… Stay tuned !!