Interview: Julia Chanourdie fait le bilan de sa saison!
Après Salomé Romain et Thomas Joannes, on termine notre série d’interview aujourd’hui avec notre athlète PlanetGrimpe, Julia Chanourdie.
Hello Julia ! Ça y est la saison de compétition s’est achevée à Kranj le week-end dernier, comment as-tu vécu cette fin de saison, pas trop difficile ?
Salut ! Et oui la saison a été longue comme tous les ans, mais je suis restée motivée jusqu’au bout grâce aux résultats que j’ai fait cette année et au style du mur de Kranj qui propose toujours des voies bien physiques comme j’aime. Le fait de participer à la coupe de France de bloc de Chambéry m’a aussi permis de ne pas me détacher des compétitions et de rester dans la course. Malheureusement, je ne suis pas arrivée au top de ma forme sur cette étape, une belle angine m’a fait subir ce weekend. J’ai tout de même réussi à me battre jusqu’au bout dans chacune de mes voies et je suis très heureuse de terminer 9ème de cette dernière étape.
Raconte nous un peu ton année de compétitions ? As-tu atteint tes objectifs ?
J’ai passé une super saison de compétitions avec encore de meilleurs résultats que l’année dernière. J’avais pour objectifs de réaliser plusieurs finales en coupe du monde, et d’y entrer également à Bercy lors des championnats du monde. Mais ce n’est pas tant les résultats qui me satisfont, même si bien entendu ils sont la récompense de mon investissement. Je suis surtout très heureuse de l’évolution de mon état d’esprit et de la maturité de ma grimpe.
Quelles leçons tires-tu de tes échecs et de tes réussites ?
Ma saison internationale a été progressive, les 3 premières étapes ont été très frustrantes, je n’arrivais pas à me détacher du résultat final et ça se ressentait dans ma grimpe. J’ai ensuite réalisé que tout cela était un plaisir, un jeu, j’y ai travaillé chaque jour avant l’étape de Imst, et il y a eu comme un déclic, je me suis laissée grimper. Ensuite, ça a suivi sur toutes les étapes.
As-tu mis de nouvelles stratégies en place cette année?
Cette année je suis allée beaucoup en falaise avant la saison de compétitions, je me suis remis dans un projet (L’avaro 8c+ au Toit de Sarre) et ça m’a fait énormément de bien de revivre ce moment intense du travail, puis de la réalisation de la voie. Cela m’a permis d’être en confiance pour attaquer les compétitions.
Ton papa est aussi ton entraîneur, comment gères-tu en même temps cette relation père-fille et entraîneur-athlète?
C’est une relation que j’adore, nous discutons beaucoup tous les deux, et on ne se cache absolument rien. Cette relation père-fille nous unit encore plus dans nos objectifs d’escalade, tout est plus fort. J’ai confiance en lui à 100%, nous nous connaissons par cœur, lui sait exactement comment doser mes entraînements en fonction de la période, de ma fatigue, il voit sur mon visage quand il me faut du repos, même lorsque que j’insiste pour m’entraîner ! Je ne m’imagine pas avec un autre entraîneur que lui. Il y a eu bien entendu des périodes plus compliquées que d’autres, notamment à l’adolescence, mais nous avons su gérer chacun de notre côté comment faire en sorte que tout se passe bien, et surtout nous avons beaucoup parlé.
Tu fais partie des grimpeuses de l’équipe de France à faire le plus de falaise, est-ce que ça t’aide à garder le cap ?
Oui, j’aime autant la compétition que la falaise, je grimpe dehors depuis toujours avec ma famille, et c’est important pour moi de changer d’air, de me mettre d’autres projets que les objectifs en compétition, et même au delà des projets, de sortir, être dehors, dans la nature et simplement grimper.
Cette saison tu réalises une finale au championnat du monde de Bercy, raconte nous comment tu as vécu cette compétition mythique et les émotions que tu as ressentie ? Qu’est-ce qu’il te manque encore pour monter sur le podium ?
L’atteinte de la finale à Bercy est sûrement mon meilleur souvenir cette saison. J’étais relâchée tout au long de la compétition et c’est surtout cette grimpe parfaite pendant ma demi-finale que je retiens. Tout s’est bien passé. J’ai pris des risques sans hésitation, j’ai lâché prise, je me suis battue, je suis restée lucide jusqu’au bout. Et tout ça a suscité une émotion incroyable ! De savoir que j’allais me retrouver devant ce super public français à grimper une finale de championnats du monde… Que demander de plus !
Pour monter sur le podium, je pense qu’il me manque une plus grande confiance en moi et en mes capacités. Cette année je n’arrivais pas à m’imaginer en haut des voies en finale. C’était comme si ce n’était pas encore ma place, comme si j’avais peur d’y mettre les pieds. J’ai remarqué que je fonctionnais vraiment par étape, mon chemin est progressif. Même si au fond de moi j’ai très envie d’être sur un podium.
Bercy a été pour toi un grand moment d’émotions et de plaisir, mais on imagine également des moments plus difficiles à gérer… quel a été pour toi le moment le plus difficile cette année ?
Mon début de saison était difficile. Ca a commencé sur la première étape de coupe du monde à Chamonix, où je pensais être classée 7 ème à l’issue des demi-finales, mais finalement déclassée à la 11 ème place suite à la réclamation d’une équipe adverse. Puis les 2 étapes suivantes se sont enchaînées et malgré de très belles qualifs où je grimpais relâchée, je n’arrivais pas à me détendre en demi-finale. C’était très désagréable de me voir grimper de cette manière en ne sachant pas comment changer cela.
Les JO dans 4 ans à Tokyo, tu y penses ou ça ne t’intéresse pas du tout ?
Bien sûr que j’y pense, et je suis très motivée ! Je compte me mettre à la vitesse cette année. J’ai pu voir ce qu’était un combiné lors des championnats du monde universitaires à Shanghai, et ça m’a bien plu.
Quels sont tes projets pour la saison creuse qui arrive ? De la falaise on imagine… ?
Oui je vais retourner en falaise dès que possible, je suis en ce moment en pause de grimpe, et ça fait du bien.
Ton premier 9a c’est pour bientôt ? Tu as une voie en tête ?
J’ai un projet en 9a en effet dans lequel je suis allée. J’ai fait un repos mais le froid s’est installé. Je compte y retourner au printemps.
Un dernier mot à ajouter ?
Je remercie mes sponsors : La Sportiva, Petzl, Planetgrimpe, Freestone, ClimbOn, Bloctrotters, qui m’accompagnent et m’aident à avancer dans mes projets. Mon club, Chambéry Escalade.
Ma famille, mes amis et tous les gens qui me soutiennent et qui sont à fond derrière moi. Et bien entendu mon papa pour tout l’amour qu’il donne à ma sœur et moi-même pour qu’on puisse s’épanouir pleinement dans notre passion.
- Crédits photos: R.Fabregue (LaSportiva) / Muriel CP / C.Loury
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