JGCV 2016: Mike Fuselier « renaît » au château du Windstein
Huitième et avant dernière journée du JGCV…Déjà ! Décidemment, la météo ne veut pas nous laisser grimper tranquille ! Du très mauvais temps étant prévu pour demain, l’organisation décide de changer un peu le programme en nous faisant découvrir la falaise « mystère » des Vosges du nord : le château du Windstein. C’est sous une pluie battante que le staff part équiper les voies au petit matin, avec quelques doutes… Mais la positive attitude de Petzl prend le dessus : ça va faire !
Les premiers grimpeurs apportent les premières éclaircies, la journée promet finalement d’être excellente. Nous découvrons un site idyllique, tout droit sorti des légendes du roi Arthur. Des belles tours de grés rouge accueillant un château fort médiéval, site marqué par l’histoire notamment des deux guerres mondiales. L’escalade se déroule sur les anciens remparts, au fond des douves ou dans les passages creusés à même la roche : un vrai labyrinthe. Le plaisir de la grimpe sur un grés magnifique n’est que renforcé par la découverte de ce cadre hors du commun.
Comme depuis le début de la semaine, des voies intéressantes pour tous les niveaux et des belles initiatives de la part des grimpeurs du team. Daniel Du Lac met en pratique le master class assurage dynamique qu’il a animé à la salle roc en stock. Attiré par les belles fissures rectilignes présentes au fond des douves, il va même plus loin en proposant une petite initiation à la pose de coinceurs.
Encore une fois des belles croix pour les grimpeurs du team : Gérome Pouvreau réalise deux beaux 8a flashs. Retour aux affaires tant attendu un an jour pour jour après sa grosse chute, Mike Fuselier coche son premier 8a post blessure. Nous avons recueilli quelques mots de sa part concernant son état d’esprit et sa vision de l’évènement.
Membre du team Petzl, il n’avait pas pu être là l’année dernière suite à son grave accident. Hier, il fêtait ses 1 an de renaissance. Il revient avec une énergie débordante et motivé comme jamais !
« C’est une belle revanche, je suis très content d’être là pour revivre les ambiances qu’il y a sur le Petzl Rock Trip, qui me manquent énormément. Le fait d’être avec les gens de tous horizons même sans forcément grimper, et de parler de tout et n’importe quoi, moi j’adore ça. Au sein du team il y a une pure ambiance. Sur l’évènement, ça grimpe dans tous les niveaux, on s’encourage, on se tire la bourre, il y a une telle émulation c’est super motivant pour grimper. A la fin de la journée, j’avais plié mon matos, mais il restait une ligne à déséquiper. J’ai pu regrimper en tête dedans et c’était super, vraiment j’ai adoré.
A mon avis il y a une sorte d’alchimie qui fonctionne bien parce que le staff fait tout ce qu’il faut pour, et les gens qui suivent la caravane sont motivés par ce genre d’attitude et nous aussi. Tout ça nous pousse vers le haut, et je pense que tout le monde doit commencer à être déçu que ça s’arrête. Ça pourrait continuer sur cette ligne là pendant deux semaines.
Suite à ma chute, la dernière fois que je suis allé en falaise j’ai eu peur, j’ai eu mal, j’ai eu des doutes, finalement tout s’est complétement effacé parce que dans cet évènement tout est fait pour que ça s’efface. A mon sens, ça ne peut être que motivant. Si tu prends un but, ce n’est pas grave, tu essayes plein d’autres voies. Le 8a que j’ai fait aujourd’hui, c’est une ligne déversante qui correspond bien à ce que je peux faire en ce moment. Dans les dalles j’ai encore très mal et tout le plaisir qu’on peut prendre en grimpant est inhibé par la douleur. C’est très frustrant. J’ai retrouvé un super ami à moi et ça m’a d’autant plus donné envie de grimper.
Ça fait un an, je refais 8a, mais je ne suis dans l’attente immédiate, je prends le temps et ça arrive quand ça arrive. Je ne vis pas de frustration. »
Et comment voit-il la suite ?
« J’ai encore trois grosses opérations à venir, avec des longs mois de rééducation entre chaque. Mais je n’ai aucun doute d’une bonne évolution, et quand ça sera le moment de faire les choses je ne doute pas de ce que je serais capable de faire. Mon passé de compétiteur m’aide beaucoup, il m’a beaucoup servi pour atteindre mes objectifs, mais là l’objectif c’était de remarcher. Il n’y a pas meilleure motivation. Dès le début je me suis créé une spirale ascendante en m’engouffrant dans toutes les choses qui marchaient. Et je suis très bien entouré, ma chérie qui me soutient énormément, j’ai eu la chance de tomber sur un staff de médecin, kiné, … qui m’ont beaucoup aidé. »
Un grand bravo à lui ! C’est un grand plaisir pour tout le monde de le voir de retour aux affaires.
- Texte et Photos: Marion Thomas et Théo Arnaud
- Illustration: Ben Bert