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Des nouvelles du tour du monde de Katherine Choong: En vadrouille dans l’Ouest américain

Pour les deux mois que nous avions à disposition sur la Côte Ouest des Etats-Unis, l’idée était tout d’abord de ne visiter que quelques sites d’escalade et de s’y attarder un moment. Mais une boulimie de grimpe nous a finalement assaillis, exaltés par la ribambelle de falaises à découvrir. Pour vous épargner un roman, je me contenterai de vous décrire quatre sites qui m’ont spécialement marquée.

Avalant les miles à bord de notre petite voiture de location sur une ligne miroitante de bitume s’étirant désespérément à l’horizon, nous débutons ces quelques semaines de trip sauce ketchup par Smith Rock en Oregon.

Doudounes brûlées par les barbecues, bonnet vissé sur la tête et démarche courbée de primate, nous sommes bien arrivés au camping des grimpeurs. Derrière les portes du parc, nous attend dans un décors de rêve des parois verticales, lisses, hachées de réglettes et de trous exigeant un travail de pieds précis sur de toute petites prises dont la gestuelle très esthétique des voies est incroyable! L’hiver peut être rigoureux à Smith Rock et les saisons propices sont le printemps et l’automne mais dans notre cas, les beaux jours étant exceptionnellement précoces, c’était plutôt la chasse à l’ombre pour tenir les plats et les arrêtes. Comme dans la plupart des sites aux States, le stickclip est ici de rigueur pour clipper la 1ère dégaine souvent à plusieurs mètres de hauteur du sol, si on veut éviter d’y laisser des plumes dans un départ hasardeux. Nous réalisons de belles envolées pendant une semaine, dont je retiendrai Churning Sky, Taco Chips et Coleslaw and Chemicals en 7c+; Scene of Crime et Rude Boys en 8a; Disposable Heroes et The Burl Master en 8a+.


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Photo: Tara Reynvaan | www.tarareynvaan.com

Nous troquons ensuite short contre doudoune pour pénétrer dans l’étroit canyon de Maple, situé à 2 heures au sud de Salt Lake City en Utah.

Constitué d’un agglomérat de galets aux couleurs blanc et orangé, Maple Canyon est ancré à plus de 2000 mètres, ce qui en fait normalement un site d’été très prisé. Cependant, les conditions en ce mois de mars étaient parfaites, l’approche se faisant toutefois les pieds dans la neige. Pipedream son secteur phare, est un voyage de grimpe à l’horizontale dans le ventre d’une grotte gargantuesque, déroulant de longues voies exigeantes à tâter des galets ronds et fuyants, où un genou bien placé se révèle salvateur. Un agrégat chaotique de galet globalement solide, réservant toutefois quelques mauvaises surprises lorsqu’aux derniers mouvements d’un marathon d’endurance tête à l’envers, un de ces cailloux décide de prendre la poudre d’escampette sous nos yeux médusés. De nombreux autres secteurs du canyon proposent des voies plus verticales et pour tous les niveaux.

Jim cueille à point dès le 1er jour Squeal Like A Pig 8a, au son des roucoulements incessant des pigeons peuplant la grotte et quant à moi, jouant de mon atout conti, je parviens les jours suivant à clipper les relais des deux 8b Whole Shot et Sheep Shagger et à flasher Squeal Like A Pig 8a.

Les bras rôtis et toastés, nous reprenons route, sillonnant les paysages diversifiés et les perles géologiques de l’Utah, à la croisée de mondes époustouflants tantôt composés de forêts de pins et de végétation luxuriante, puis de lacs gelés et sommets enneigés, avant que l’environnement austère et impitoyable du désert ne reprenne ses droits. Constitué de dômes massifs, d’aiguilles élancées, de monolithes dénudés, de canyons sinueux et d’arches élégantes défiant les lois de la gravité, traverser le désert sous un ciel bleu fluo où les aigles royaux tournoient dans le ciel, montant leur garde silencieuse sur le désert qui s’étend à leurs pieds est une épopée en soi !

 

Sises aux tréfonds d’un canyon de la partie nord de Zyon National Park en Utah, loin de la fournaise du désert, les quatre voies de 6b à 7c+ des falaises de grès rouge de Kolob Canyon déroulent 40 mètres de léger dévers structuré d’énormes trous, tous plus bon les uns que les autres valant définitivement le détour pour une journée de grimpe super ludique!

Enfin, à une vingtaine de minutes des néons clignotant de Las Vegas, nous échappons aux tentacules de la ville, pour découvrir le parc national de Red Rock.

Ici le désert est roi. Quelques pins et genévriers rabougris déformés et asséchés témoignent de la rigueur du climat, bien qu’à l’ombre on se surprenne vite à grelotter. Mais Red Rocks est avant tout un temple d’escalade qui contente les grimpeurs de couennes, multilongueurs, trad’ et même de bloc par son assortiment de falaises d’un grès multicolore, tantôt rouge vif, noir puis beige, où évoluent des voies verticales à léger dévers. Trophy Wall et Secret 13 sont les deux secteurs où nous avons pu user la gomme, avec pour le premier des voies jusqu’à 7c+ sur un mur jaune et déversant et pour le second une paroi plus verticale où se nichent les voies les plus dures et parmi les plus belles de Red Rocks, avec une belle petite collection de voie dans le 8, dont You Are What You Is 8a que je conseille spécialement.

Ma tartine de mot terminée, je résumerai toute cette joyeuse mélasse en remerciant à nouveau mes partenaires Scarpa, Mammut et la BCJ pour leur soutien dans l’accomplissement de ce projet, qui nous aura permis de nous en mettre plein la vue, mais surtout plein la vie !

Publié le : 09 mai 2015 par Charles Loury

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