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Interview : Stefano Ghisolfi revient sur son travail dans « Burden of Dreams » 9A

© Sara Grippo

Stefano Ghisolfi rentre tout juste de son deuxième trip en Finlande, durant lequel il a poursuivi son travail dans « Burden of Dreams », le premier 9A bloc de la planète. Nous sommes allés à sa rencontre afin d’en savoir un peu plus.

Après s’être rendu une première fois dans la forêt de Lappnor, en Finlande, au mois d’avril, Stefano Ghisolfi a bouleversé tout son programme et a décidé d’y retourner une nouvelle fois en mai. Son objectif était clair : poursuivre son travail dans « Burden of Dreams », l’un des blocs les plus durs de la planète, récemment répété par William Bosi.

Il faut dire que l’Italien s’est pris à son propre jeu. Alors qu’il comptait simplement tourner une nouvelle vidéo pour alimenter sa chaîne Youtube, le grimpeur de 30 ans s’est surpris à avoir de bonnes sensations dans la réplique en résine de « Burden of Dreams ». Ce qui n’était alors qu’une simple blague s’est transformé en un véritable objectif pour Stefano, qui a l’habitude de projeter les voies les plus dures de la planète.

« J’apprécie beaucoup ce nouveau challenge, et même si je ne l’enchaînerais peut-être jamais, je m’amuse et cela en vaut vraiment la peine, juste pour cette raison », a-t-il sagement déclaré.

Alors que son deuxième trip finlandais vient tout juste de prendre fin, Stefano Ghisolfi a accepté de revenir pour nous sur son périple dans « Burden of Dreams ».


Stefano, on a le sentiment que tu as d’abord essayé la réplique de « Burden of Dreams » juste pour t’amuser. Mais tu sembles t’être pris au jeu ! Explique-nous un peu ce qui t’a motivé à essayer le bloc le plus dur du monde ?

C’est complètement ça ! Au début, j’ai essayé la réplique juste pour le fun, en Angleterre avec Will Bosi. Lui l’essayait déjà un peu plus sérieusement alors j’ai sauté sur l’occasion pour tourner une vidéo pour ma chaîne Youtube, sans aucune attente. Mais il s’est avéré que j’ai bien bougé dans la partie centrale du bloc et je me suis plutôt senti à l’aise dans ce style. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je devrais peut-être aller essayer le vrai bloc, juste par curiosité.

Et le fait que ce soit le bloc le plus dur du monde me motive encore plus ! Même si je n’ai jamais grimpé de 8C ou 8C+, je sais que j’ai une certaine expérience dans des voies difficiles et que je peux l’appliquer pour travailler « Burden of Dreams ».

Lors de ton premier trip en Finlande le mois dernier, tu as réalisé de gros progrès dans « Burden of Dreams » à chaque séance. T’attendais-tu à bouger aussi bien dans le bloc ?

Avant d’aller en Finlande, je me suis entraîné une semaine de plus dans la salle d’Elias Iagnemma, où il a également une réplique, et j’ai fait tous les mouvements, sauf le premier. Je ne savais pas ce que ça allait donner en Finlande, mais j’avais un plan clair : le premier jour, je voulais faire tous les mouvements intrinsèquement (sauf le premier), le deuxième je voulais enchaîner deux mouvements consécutifs, le troisième trois mouvements et le quatrième quatre mouvements (du deuxième jusqu’au sommet), et à chaque séance essayer le premier mouvement et espérer le faire le cinquième jour… Et c’est exactement ce qui s’est passé !

Pourquoi avoir fait le choix de revenir aussi vite en Finlande ?

La saison allait bientôt se terminer, car même si c’est en Finlande, il peut faire chaud ici ! Donc j’ai changé tous mes plans et j’ai réservé un voyage en Finlande pour le mois de mai.

© Diego Borello

Comment se sont déroulées tes nouvelles séances de travail ? As-tu continué à progresser ? As-tu refait le premier mouvement ? 

Ma progression a nettement ralenti, ce qui est normal… J’ai réussi à refaire le premier mouvement, mais plus rien après. Toutefois, je me sens de mieux en mieux dans la suite du bloc.

Shawn Raboutou est-il toujours sur place ? Partagez-vous des séances ensemble et des conseils ?

Oui, Shawn était là et tout se passait très bien ! D’ailleurs, si tu veux plus de détails, tu devrais lui demander.

© Diego Borello

As-tu été en contact avec Nalle Hukkataival, le premier ascensionniste du bloc ?

Je n’ai pas parlé à Nalle depuis longtemps… La dernière fois que je l’ai rencontré, c’était en 2018, et depuis on ne s’est pas recroisé. Mais je peux te dire que j’ai vu ses vidéos de nombreuses fois pour essayer de percer tous les secrets de « Burden of Dreams » !

C’est la première fois que tu t’investis autant dans un bloc. Est-ce que cela te plaît ? 

En vrai, ce n’est pas la première fois… En 2015 je me suis retrouvé à travailler « Gioia » un 8C+ bloc pendant quelques mois, mais petit à petit, j’ai fini par me concentrer sur des projets en falaise et j’ai finalement abandonné le bloc. J’apprécie tout le processus de travail, autant qu’en voie. Il y a de grandes différences, mais le challenge et les sensations sont les mêmes.

À combien évalues-tu tes chances d’enchaîner « Burden of Dreams » ?

Je dirais que mes chances au cours de ce trip étaient de 25 %, 50 % en 2023, 80 % avant la fin 2024.

© Sara Grippo

William Bosi avait potentiellement trouvé une nouvelle méthode, avec un talon gauche. As-tu essayé cette méthode ?

Oui, ça a l’air bien, mais ça ne marche pas pour moi. Je ne suis carrément pas assez souple, alors je vais probablement rester sur la méthode originelle.

Quels sont tes projets pour la suite de la saison ?

Je vais participer à une Coupe du Monde de bloc, quatre Coupes du Monde de difficulté, le Championnat du Monde à Bern et ensuite je serai en Norvège pour essayer « Silence » en août et septembre.

© Crimp Films

Justement, en parlant de « Silence », si tu devais choisir entre enchaîner cette voie ou « Burden of Dreams », que choisirais-tu ?

« Silence » est quelque chose que j’ai dans le viseur depuis plus longtemps, et pour l’instant, je me considère toujours plus comme un falaisiste qu’un bloqueur… Mais peut-être que je pourrais changer d’avis dans le futur !

Une petite anecdote à nous raconter à propos de « Burden of Dreams » ou de ton processus de travail ?

Oui, depuis que Shawn Raboutou et Will Bosi sont arrivés, beaucoup de gens rendent visite au bloc juste pour le voir et assister à quelques séances, en tant que spectateurs. Parfois, s’il n’y a personne qui grimpe, ils laissent des mots, souhaitant bonne chance aux grimpeurs. C’est en train de devenir (ou peut-être que ça l’a toujours été depuis la première ascension de Nalle) une véritable attraction touristique !


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Publié le : 22 mai 2023 par Nicolas Mattuzzi

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