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Comment vaincre la peur de tomber en escalade ?

Avant de commencer nous tenons à vous rappeler qu’il est important de faire appel à un professionnel qui saura vous guider afin de garantir votre sécurité dans vos apprentissages. Ne foncez pas tête baissée!

« J’ai peur de tomber. Comment puis-je vaincre cette peur, qui me bloque dans ma progression ? ».

C’est la question à un million d’euros ! Vous pouvez vous dire autant que vous voulez que tomber est sans danger, que vous avez confiance dans le matériel, mais vous ne vous sentirez pas plus en sécurité pour autant. Malheureusement, il n’existe pas de recette miracle. La seule façon de vaincre cette peur est de tomber souvent. Heureusement, aussi profondément ancrée soit-elle, cette faiblesse est la plus facile à corriger parmi toutes les faiblesses de l’escalade.

Nous devons apprendre à faire taire cette peur irrationnelle de tomber. Vous vous sentez mal à l’aise en tombant, n’est-ce pas ? Vous avez peut-être tendance à demander à votre assureur de vous prendre sec au lieu d’engager le prochain pas ? Vous avez du mal à quitter votre position confortable ? Vous n’êtes pas sûr d’être en sécurité si vous vous laissez aller et tombez ? On vous a répété mille fois que c’était sans danger, mais malgré ça, vous n’arrivez toujours pas à vous lancer dans la chute ou à surmonter votre peur des conséquences de la chute. Voyons comment vaincre cette peur !

Savoir comment tomber

Pour apprivoiser la peur de la chute, il est tout d’abord important de bien savoir tomber. Lorsque vous êtes sur le point de chuter, essayez de détendre vos muscles au lieu de vous raidir. Prenez une grande inspiration et expirez lorsque vous tombez.

Lorsque vous tombez, poussez-vous légèrement du mur pour éloigner de la paroi, mais n’en faites pas trop. Vous pouvez mettre vos mains sur le côté pour vous équilibrer ou sur la corde près du nœud.

Durant votre chute, pliez légèrement les genoux, détendez vos épaules, et inclinez légèrement vos pieds, avec la plante des pieds prête à encaisser la chute. N’oubliez pas que l’entraînement à l’escalade ne consiste pas seulement à monter au sommet du mur, mais aussi à en descendre (intentionnellement ou non) en toute sécurité ! Un corps détendu est la clé pour éviter d’endommager plus que nécessaire vos ligaments, vos muscles et vos os. Lorsque le corps est relâché et qu’il heurte un mur (ou un tapis), l’impact est absorbé par les muscles et le reste du corps plus facilement que s’il est raide. Lorsque vous tombez, faites face au mur en face de vous et préparez-vous à un impact en douceur, en utilisant vos pieds pour commencer à absorber l’impact.

Tombez, tombez, tombez. Encore et encore !

La meilleure façon de se sentir à l’aise dans une situation inconfortable est de s’y exposer régulièrement. Ainsi, la meilleure façon de gérer la peur de tomber est de s’entraîner à tomber. Encore et encore.

La progression se déroule comme suit :

Choisissez une voie en léger surplomb. Allez jusqu’à la dernière dégaine et désescaladez de quelques mètres. À partir de là, laissez vous tomber quelques fois. Vous êtes sous la dégaine, c’est donc comme si vous étiez en moulinette. Répétez ces chutes quelques fois, avec plus ou moins de mou.

Puis passez à une chute au niveau de la dégaine. Commencez par faire trois chutes avec la dernière dégaine clippée au niveau de votre taille.

Enfin, passez au dernier niveau en faisant des chutes au-dessus de la dernière dégaine. Mais encore une fois, procédez par petites étapes : tombez d’abord quelques fois avec la dernière dégaine clippée au niveau de vos genoux. Maintenant, tombez trois fois avec la dégaine à hauteur de vos pieds. Passez progressivement au-dessus de la dégaine par incréments de 50 centimètres environ jusqu’à ce que vous commenciez à faire des chutes avec la dégaine 2 ou 3 mètres en dessous de vous. Si, si, vous y arriverez un jour 😉

Si vous vous dégonflez au moment de chuter lorsque vous êtes au-dessus de la dégaine, ne demandez jamais à votre assureur de vous reprendre. Restez calme et tenez-vous-en au plan : enclenchez volontairement votre chute avec la certitude que tout va bien se passer. Il est important de prêter attention à votre respiration et aux sentiments que vous ressentez à chaque niveau de chute. Prenez note de ce avec quoi vous êtes à l’aise, et des chutes qui vous causent plus d’hésitation et d’inconfort. Ces sentiments sont les limites personnelles que nous nous sommes créées. Celles-ci peuvent être brisées avec le temps, grâce à cette méthode de progression. Attention tout de même : nous vous conseillons de vous faire accompagner par un professionnel, qui saura vous guider dans les étapes de cette école de vol, au moins lors des premières étapes de ce processus.

Enfin, assurez-vous que votre compagnon de cordée soit un assureur chevronné et qu’il ait l’habitude de ce genre de situation. Il est impératif que votre assureur pratique l’assurage dynamique, une pratique consistant à donner du mou et à sauter légèrement en se reprochant du mur au moment de l’impact, plutôt que de se pencher en arrière et de résister à la chute. Cette technique subtile permet d’éviter que le grimpeur qui chute ne s’écrase contre le mur. Gardez en tête que bien souvent, ce n’est pas la chute qui est le problème, mais les chocs au moment de l’impact !

Par-dessus tout, ayez confiance en vous ! Vous devez absolument croire en ce processus. Il est important de le répéter régulièrement, lors de chaque séance de grimpe. Petit à petit, vous allez vous habituer à cette sensation de chute, et même finir par prendre du plaisir !

Bons vols !

Publié le : 22 janvier 2023 par Nicolas Mattuzzi

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