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Coupe du Monde d’Arco: des finales italiennes aux goûts épicés !

Tous les regards étaient rivés sur le haut mur d’Arco hier soir. Les finales de la quatrième Coupe du Monde de difficulté de l’année furent plutôt intenses pour les grimpeurs. Pas de top, même si Janja Garnbret et Jessica Pilz s’en approcheront fortement, tandis que chez les hommes, une traversée fera tomber un à un tous les grimpeurs.

Retour sur les finales de la Coupe du Monde d’Arco et le sacre de Jakob Schubert et Janja Ganrbret, qui n’avait encore jamais remporté cette étape.

Un podium féminin aux airs de déjà vu

Prenez une centaine de grimpeuses de haut-niveau. Faites les participer à une Coupe du Monde à Briançon. Puis, reprenez ces mêmes grimpeuses une semaine plus tard et faites les concourir à Arco. Le podium sera le même.

C’est ce qui s’est passé hier soir. Si les voies ont changé, si le style était différent, si la météo n’était pas la même, le podium, lui, est resté le même.

Au sommet, Janja Garnbret, indétrônable. Sur les quatre manches mondiales de cette saison 2018, c’est la troisième Coupe du Monde de la saison qu’elle remportait hier. Après Villars et Briançon, la slovène s’est de nouveau imposée à Arco.

Une première pour elle, qui n’avait encore jamais réussi à s’imposer en Italie. C’est d’ailleurs la seule étape du circuit mondiale que Janja n’avait encore pas remportée, terminant 3ème ces deux dernières années. Voilà que la slovène a réussi à chasser ses vieux démons hier soir.

Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance. Juste avant elle, Jessica Pilz fixait la verticale limite très haut dans la voie. Après un début plutôt calme dans la voie, l’autrichienne se livrait à une bataille acharnée contre la gravité à la fin du tracé. Elle chutait à seulement trois mouvements du top, prenant la première place du classement provisoire.

Janja Garnbret ne parviendra finalement pas à toper la voie. Elle chute à bout de forces une prise plus loin que Jessica.

« J’étais un peu hésitante dans la première partie de voie, c’était très dur de savoir quelle méthode adopter. Puis, il fallait vraiment s’engager totalement dans le jeté, avant de s’attaquer à une section sur de petites arquées.

D’une manière générale, j’étais moins à l’aise que d’habitude, car la voie avait été très dure à comprendre durant la lecture, du coup je la découvrais un peu au fil des mouvements. Heureusement, toutes les décisions que j’ai prises se sont avérées bonnes. Je me suis vraiment engagée à 100% dans chaque mouvement pour produire ma plus belle escalade.

Puis j’ai accéléré en fin de voie pour ne pas me faire arrêter à cause du temps. La fatigue commençait à me rattraper et à la fin, la seule chose que j’ai pu faire, c’est ramener ma main gauche sur la prise que je tenais main droite, avant de tomber. Mais j’étais super contente de ma performance. »

Prochaine étape pour Janja: la Coupe du Monde de bloc de Munich, en août. La slovène a avoué que les compétitions de bloc lui manquaient. Puis un mois plus tard, elle défendra son titre de Championne du Monde à Innsbruck.

Jessica Pilz décroche donc sa troisième médaille d’argent de la saison, devant la belge Anak Verhoeven, qui prendra la troisième place de la compétition.

Hélène Janicot et Manon Hily à quelques mouvements d’une médaille

Première finaliste à s’élancer, Hélène Janicot restera un long moment en tête du classement provisoire. Renouant avec les finales après deux ans d’abstinence, la française rentre bien dans sa voie de finale. Mais son pied zippe au beau milieu du tracé et tandis qu’Hélène essaye de tenir comme elle peut, la gravité prendra le dessus.

Il faudra alors attendre le passage d’Anak Verhoeven pour qu’Hélène quitte la chaise du leader, terminant 5ème de cette Coupe du Monde. Sans s’être spécialement entraînée pour cette saison internationale, elle est ravie de cette performance.

Manon Hily prendra la 6ème place de sa deuxième finale en Coupe du Monde. Elle chute trois prises sous Hélène, ne sachant trop comment se placer.

Notons que cette voie de finale féminine était très intéressante en terme de diversité. Il fallait être une grimpeuse complète et être à l’aise dans tous les styles pour atteindre le sommet de la voie. Un début sur de grosses demi-sphères, suivi d’un jeté très engagé, puis d’une partie sur arquées, avant une fin beaucoup plus physique.

La traversée la plus dure du monde ?

La voie de finale masculine mettra un à un tous les grimpeurs au tapis. Aucun finaliste n’aura la chance ni l’énergie nécessaire pour atteindre le toit, et s’essayer au spectaculaire jeté qu’avaient prévu les ouvreurs.

Non, la victoire s’est jouée bien plus bas, à une vingtaine de mouvements du top de la voie. Quasiment tous les grimpeurs atteindront la moitié du tracé, se lançant alors dans une traversée qui s’avérera fatale pour tous.

Le local de l’étape Stefano Ghisolfi sera l’un des premiers à en faire les frais. Un volume noir peu accueillant le renverra au sol. Mais, détail important, l’italien réussissait à valoriser la prise. Un petit plus qui fait la différence et qui lui permet de monter sur le podium. Certes, ce n’est pas la couleur de médaille que Stefano espérait le plus, mais il monte tout de même sur la deuxième marche de la boîte.

Domen Skofic et Adam Ondra chuteront au même endroit, mais ne valoriseront pas la prise comme Stefano. Ils seront alors départagés suite aux résultats des demi-finales. C’est ainsi que Domen Skofic décrochera sa deuxième médaille de bronze consécutive, après celle gagnée à Briançon le week-end dernier.

Adam Ondra restera au pied du podium, terminant 4ème. Son moins bon résultat en deux ans. Mais le tchèque nous a prouvé ce week-end que sans entraînement spécifique pour les compétitions, ils pouvaient déjà faire très mal. Alors quand on sait qu’il a prévu de passer son mois d’août à s’entraîner spécialement pour Innsbruck, on se dit que la bataille va être très dure en septembre !

Finalement, c’est Jakob Schubert qui s’impose pour la deuxième fois cette saison. L’autrichien réalisera la meilleure performance de la soirée, dépassant les deux volumes noirs ayant fait chuter les autres grimpeurs. Mais Jakob tombera trois mouvements plus loin, à quelques mètres du toit.

« Je suis super content de l’emporter à Arco ce soir. C’est une voie de finale où il était facile de faire des erreurs. On ne peut pas rejeter toute la faute sur les ouvreurs, je pense que nous aurions tous pu mieux faire. Certains passages ont peut-être été plus délicats que ce qu’ils avaient prévu et les conditions humides sur le mur n’ont pas arrangé les choses. »

Quatre Coupes du Monde, deux victoires et une deuxième place. Jakob Schubert a donc conforté encore un peu plus son avance au classement général et s’élancera en tant que favori lors des Championnats du Monde.

Après un mois de juillet plus chargé que jamais en Coupe du Monde, avec quatre étapes en quatre semaines, les grimpeurs ont maintenant droit de souffler un peu. Mais chacun retournera vite s’entraîner de son côté, car la prochaine échéance n’est autre que le Championnat du Monde à Innsbruck en septembre.