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Test matos: les chaussons Tenaya Iati.

- Le 16 juin 2017 -

Tenaya Iati ! Vous sentez cette bonne odeur de soleil, de vacances !? Bienvenue en Espagne ou plus précisément, en Catalogne, dans la ville de Mataró.

Mes premiers souvenirs remontent aux années 2000, époque où une poignée de grimpeurs basques donnent le tournis à la terre entière, avec en tête de file Patxi USOBIAGA, Iker POU, Leire AGUIRRE et Josune BEREZIARTU.

Et puis 2002, « Bain de sang »,  sur les terres suisses de Fred NICOLE, Josune réalise tout simplement le premier 9a féminin à une époque où le 9a n’est pas aussi répandu que les mégots aux pieds des falaises aujourd’hui…

Jozune fait alors la une de tous les journaux et bon nombre d’entre nous vont se poser cette question : « mais c’est quoi ses chaussons ? » « je sais pas, jamais vus !! »

Des Sapiens messieurs-dame, des Sapiens de la marque Tenaya (toujours au catalogue par ailleurs): une arme de précision à l’image des Anasazi lacets, qui n’aura finalement pas le succès mérité, faute sans doute à une distribution toujours compliquée en France.

L’histoire se répète dix ans plus tard avec le jeune prodige Alex MEGOS qui défraye la chronique, mettant en avant, à son tour, la nouvelle arme de Tenaya nommé Oasi.

C’est sur cette (très bonne) base que Tenaya développe sa gamme de chaussons résolument modernes, avec de l’asymétrie, du cambre et en assurant à chaque fois un confort plus qu’exemplaire.

Nous avons testé le modèle Iati  venu très clairement chasser sur le domaine des seigneurs du royaume.

Le premier constat: il est confortable !! Ah oui, aucun doute là-dessus, Tenaya nous propose une fois encore un chausson très agréable à utiliser. Le chausson s’enfile facilement  grâce à une large ouverture et deux tirettes arrières permettant de bien tirer sur le talon.

Le Iati est construit comme une chaussette « façon néoprène » contribuant aussi à cette impression de confort. Les matériaux sont doux et aucune couture ne vient gâcher la fête.

Mais la raison première de ce confort vient de sa forme (et de sa construction). En effet, Tenaya ne propose pas un modèle ultra asymétrique, misant plutôt sur une pointe fine et précise. L’ensemble est finalement peu cambré. Voilà donc des éléments qui peuvent faire la force (ou la faiblesse) du Iati : performant mais pas radical… Le pied est assez peu maltraité et comme tous les chaussons qui font le choix du cuir, le Iati se déforme bien pour augmenter encore le confort. J’insiste sur le fait que le Iati est un chausson « fin » laissant presque 1 centimètre de largeur au niveau des métatarses à ses concurrents directs.

Le système de fermeture mérite que l’on s’y attarde un peu. Le premier contact est étonnant.

« Mais c’est quoi ce système ? »

Tenaya propose un concept assez novateur avec un seul scratch relié à deux sangles réglables. Il faut donc  prendre le temps au début pour trouver la bonne longueur de sangle. Ces deux sangles fonctionnent un peu à la manière d’un mouflage, avec cet aller-retour pas toujours facile à réaliser (par « facile », on entend « rapide » !!). Les sangles en question sont très fines mais très robustes. Les amateurs et « abuseurs » de crochet-pointes peuvent se rassurer, elles sont bien plus costauds que les sangles des Solution par exemple… Par contre, le scratch souffre dans le temps comme chez son aîné l’Oasi. Dommage !

Le talon marche fort et rempli sa mission première en assurant une belle tension de l’ensemble et offre de la force en pointe. Les appuis sur petites prises sont excellents. Par contre, les habitués des talons « coqués », « rembourrés »… devront composer avec sa faible protection.

 

Malheureusement, une petite ombre vient gâcher un peu le tableau. Ce Iati ne vieillit pas très bien. En tout cas, pas aussi bien que ses concurrents. Ce vieillissement ne concerne pas les matériaux mais bel et bien sa construction : Le Iati se spatule avec le temps. Je peux presque vous dire que ce chausson a eu deux vies. Une première vie où tout était beau, une belle idylle. Je l’aimais du soir au matin, acceptant tout, même ses petits défauts. Une première vie où ses qualités m’ont beaucoup plu en falaise. Puis le temps est passé, et vous connaissez la rengaine… Une deuxième vie commence, les défauts deviennent insupportables et l’herbe plus verte chez le voisin… On ne s’est pas quitté pour autant, mais les virées en falaise se sont faites un peu plus rares.

En résumé, ce Iati ressemble beaucoup au modèle Oasi dans les sensations qu’il procure : confort, effet seconde peau, précis.  Légèrement plus asymétrique et souple, il conviendra mieux à une pratique bloc, voies courtes ou déversantes. Neuf, ce chausson peut clairement venir chahuter la hiérarchie en vigueur avec de solides arguments à faire valoir. Moins touche à tout que son grand frère l’Oasi, il reste une bonne alternative en se positionnant en termes de souplesse au niveau d’un Skwama de chez La Sportiva. Un modèle à réserver aux pieds fins et aux petits gabarits (en terme de poids). Il faut aussi avouer que Tenaya rencontre un fort succès chez la gente féminine.

Pour les amateurs de bloc, nous testons en ce moment le petit dernier de la famille : le Mundaka. Le test arrive bientôt.