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Dernière escale pour le tour du monde de Katherine Choong: L’Afrique du sud

Waterval Boven, Afrique du Sud

Après une longue traversée au-dessus de l’Océan Atlantique, nous posons pied sur le Continent africain, plus précisément à Johannesburg, ultime destination avant notre retour en Suisse. Délestés d’un de nos bagages resté en orbite dans l’univers des valises perdues, nous bouclons nos ceintures pour faire route jusqu’à la bourgade de Waterval Boven. Nous y sommes accueillis chaleureusement par Alex et Gustav de Roc n’ Rope Adventures (www.rocrope.com), qui en plus d’une mines d’informations pour notre séjour, nous remettent les clés de notre appartement que l’on partage avec quatre autres grimpeurs français et autrichiens.

Malgré la chaleur amicale des villageois et le soleil qui inonde la vallée, nous ne pouvons nous empêcher de remarquer les grands portails de fer et barbelés où se murent les habitations aux fenêtres barricadées et aux portes cadenassées, tels une mise en garde contre un climat d’insécurité. Mon téléphone portable, en aura d’ailleurs fait les frais, prenant la poudre d’escampette dans des circonstances qui auront âprement marquées notre insouciante imprudence. Comme un coup de fouet qui nous fit retomber sur terre, ce n’est cependant pas la criminalité qui ternit la réputation du pays que nous retiendrons, mais au contraire les sourires et les signes de mains des enfants du township, les rires et les cris d’humeur des villageois qui s’esclaffent, jouent au football, dévalent les rues musique plein tube à bord de leur voiture pimpée ou encore le fumet alléchant des poulets grillés au barbecue.

Notre première mésaventure vite oubliée, nous quittons au petit matin le village, impatients de découvrir notre nouveau terrain de jeu. Rebondissant sur nos sièges comme des gazelles, nous cheminons le long d’une route chaotique de poussière rouge pour un rodéo d’une dizaine de minutes. Nous pénétrons au cœur de la brousse dans un espace sauvage pour atteindre le sommet d’un plateau, au bord duquel le précipice dévoile une longue barre rocheuse d’un grès orange vif qui s’étale sur plusieurs kilomètres. La vue est imprenable !

Repérés chaque matin par les trois chiens de la ferme environnante, nous descendons aux gencives des falaises en leur compagnie, là où se dresse une forêt dense d’où s’échappent les chants d’oiseaux entrecoupés par les cris stridents, parfois effrayants des singes. Par contre, pas un chat aux pieds de la paroi, la falaise entière est à nous, mise à part le weekend où nous nous mêlons aux grimpeurs locaux de Jo’burg très amicaux qui nous donnent de nombreuses recommandations.

Boven compte plus de 600 voies du 4 au 8c, verticales, lisses et techniques, hachées de nombreuses fissures et réglettes exigeant souvent de longs mouvements, un travail de pied précis avec en bonus pour certaines, un toit abruptement horizontal. Nous parcourons principalement les secteurs God No ! Wall et Superbowl qui déroulent les voies les plus longues et légèrement plus déversante. Bien que les journées hivernales de l’hémisphère sud soient un peu courtes, on ne peut pester contre la météo qui est parfaite, avec quasiment aucune pluie d’avril à octobre et une fraicheur qui offre une bonne collante.

Pendant nos jours de repos, nous partons à quelques 200 km de Waterval Boven, sillonner le fameux parc Kruger, la plus grande réserve animalière du pays pour observer planqués derrière notre pare-brise, une ribambelle d’animaux sauvages. Mais l’Afrique du Sud ce n’est pas que la brousse, Timon et Pumba, nous visitons également le Blyde River Canyon, 3ème plus grand canyon au monde.

Notre aventure à travers le globe touche à sa fin et de ma passion pour l’escalade, une seconde est née, celle de voyager. Durant ces sept mois, chacune des voies que j’ai grimpées fut un voyage, m’apportant tout comme chaque pays son lot d’émotions, de l’appréhension de l’inconnu à l’épanouissement de l’objectif atteint. Plus qu’une course aux résultats ou qu’une recherche constante de performance, je me suis régalée de chaque mouvement, chaque instant. Ne dit-on pas d’ailleurs que c’est le voyage qui est important et non la destination ? Nous en revenons finalement trimballant le même sac à dos, avec pour seule impalpable fortune des centaines d’images, de couleurs et de saveurs. Car nous ne sommes finalement que la somme de nos expériences, ce voyage fait désormais parti de notre identité.

Encore un grand merci à ceux qui ont suivi de près ou de loin nos aventures ainsi qu’à mes partenaires Mammut, Scarpa et la BCJ. Des sommets enneigés du Japon, aux déserts arides d’Amérique, la grimpe m’aura donné la passion de voyager et j’espère vous l’avoir partagée.