Victoire Andrier fait le bilan de sa saison de vitesse avant les championnats du monde à Arco
Je suis en DUT technique de commercialisation à Grenoble, j’ai décidé de l’aménager en 3 ans au lieu de 2 afin d’avoir un maximum de temps pour grimper. Cette formule de cours à correspondance demande une journée (le vendredi) de présence par semaine. J’allais donc grimper au pôle à Voiron le lundi, mardi, mercredi et jeudi après-midi. Cette année c’est la première année où je m’investis autant dans l’escalade, par conséquence, je me suis fixée des objectifs assez hauts !
Ma saison internationale commence en Pologne à Tarnow (début juin). Je pensais que cette compétition se passerait bien, car la semaine précédente j’avais réussi (lors de la coupe de France d’Echirolles) à me qualifier pour la dernière coupe d’Europe jeune à Imst et pour l’étape de coupe du monde à Chamonix en senior (ce fut une première pour moi!). J’avais très bien géré cette double qualification. J’avais un schéma parfait de compétition à reproduire.
Hélas, à Tarnow je fais une faute dans mes deux runs de qualifications ce qui me donne un chrono autour de 11.20. La compétition s’est arrêtée là pour moi, cela ne suffisait évidemment pas pour passer en phase finale. J’ai été très déçue par cette compétition, le plus gros échec de ma saison.
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J’avais pourtant reproduis le même schéma de compétition qu’à Echirolles. Mais avec le recul je me suis rendue compte que j’avais beaucoup trop misé sur cette compétition et depuis bien longtemps!! Je m’étais mis une énorme pression sans m’en rendre compte…
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« Je m’étais mis une énorme pression sans m’en rendre compte… »[/one_half_last]
La semaine qui suit je me suis rendue à Edimbourg pour les Championnats d’Europe dans le but de faire mieux qu’a Tarnow. J’ai également fait des erreurs en qualification et je me classe 11ème avec le meilleur chrono en 11.71… Même avec le soutien de mes proches j’ai eu beaucoup de mal à rebondir entre Tarnow et Edimbourg, nous avons eu très peu de temps.
La « raison » de mes erreurs était que je mettais plus d’engagement dans mes runs en compétition qu’à l’entrainement avec le stress, l’adrénaline, donc mes repères changeaient (mon pied avait déjà poussé alors qu’il n’était pas sur la prise…)
J’ai pris ces deux compétitions comme une leçon: il fallait que je prenne plus de risques à l’entrainement. La prise de risque me permet de me rapprocher de mes runs de compétitions. J’ai aussi travaillé la fluidité de mes runs car j’étais trop irrégulière à l’entrainement donc j’ai finis par accepter que je le « payais » sur les compétitions.
La coupe du monde de Chamonix est arrivée à grand pas, j’ai réussi à faire un premier run de qualification fluide en 9.75, je pouvais donc prendre des risques sur mon deuxième run où je fais un bon départ jusqu’à une faute à 13 m qui me fait perdre beaucoup de temps: je tape le buzzer en 10.05. Je finis 23ème. J’ai été assez contente de cette compétition car j’ai réussi à reproduire ce que j’avais mis en place à l’entrainement.
Nous avons eu deux semaines de coupure après Chamonix où j’ai réussi à prendre du recul sur ma saison, sur mes objectifs fixés en début d’année. Ça m’a énormément aidé, c’est ce qui m’a permis d’être beaucoup moins exigeante avec moi-même et d’arrêter de vouloir trop bien faire à chaque fois. En prenant ce recul je me suis aperçu qu’il me restait seulement deux compétitions jeunes et qu’il fallait que je profite de ces compétitions dans l’instant présent et que je me fasse plaisir.
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L’objectif de ma dernière coupe d’Europe à Imst était donc le plaisir! Je m’étais enlevée les objectifs de temps ou de résultats. La semaine précédente, j’ai pris mes entrainements au jour le jour sans me poser de question et c’est exactement ce qui s’est passé le jour de la compétition:
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« Je m’étais enlevée les objectifs de temps ou de résultats. »[/one_half_last]
J’ai pris runs après runs sans réfléchir à la suite, j’étais uniquement concentrée sur ce que j’allais faire. Et entre mes runs j’ai juste profité d’être là, dans ce lieu que je trouve tout simplement magique. J’ai fait un bon premier run de qualification 9.26 qui est mon nouveau record et qui m’a permis de me classer deuxième des qualifications derrière Alexandra Elmer l’autrichienne. Ce bon début de compétition m’a avantagé sur mes runs de phases finales. Plus les runs passaient plus je devais prendre de risque, mais je suis restée dans ma bulle jusqu’au bout.
Avant mon dernier run de finale je savais que le duel n’était pas gagné d’avance, j’ai eu un instant de peur et très vite l’envie de gagner a pris le dessus. Le run a été très serré, je gagne cette compétition pour 3 centièmes.
J’ai mis beaucoup de temps à réaliser que j’avais gagné car j’étais partie à Imst uniquement pour me faire plaisir et cela à été très réussi. J’ai été très contente de gagner cette dernière étape car Imst est un lieu que j’adore et qui me tient très à cœur: c’est là-bas que j’ai grimpé pour la première fois sur la voie de vitesse.
La saison n’est pas terminée, il nous reste encore les Championnats du monde jeunes à Arco le 4 septembre. Cette qualification est une première aussi, je vais également profiter à fond de ces derniers moments que je pourrais passer avec l’équipe jeune, et évidement me faire plaisir en grimpe avant de vouloir un résultat!!