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Une finale féminine grandiose à Munich !

Miho Nonaka, la déesse de cette saison 2018 © Sytse van Slooten / IFSC

C’est en larmes que Miho Nonaka a saisi la dernière prise du dernier bloc. La pression retombe et le suspense se dissipe enfin. Nous connaissons maintenant le nom de la nouvelle championne de bloc de la saison: Miho Nonaka, japonaise de 21 ans, qui brille depuis ses débuts en compétition.

En attrapant cette dernière prise du dernier bloc à Munich, elle remporte pour la première fois de sa carrière le titre mondial 2018. Retour sur ce dénouement final qui nous aura tenu en haleine jusque dans les dernières secondes.

Miho Nonaka déesse de cette saison 2018

Tout le monde attendait cette finale allemande avec impatience. Pas seulement pour le superbe spectacle préparé par les organisateurs. Pas seulement pour la qualité des blocs tracés par les ouvreurs. Pas seulement non plus pour le show incroyable du public munichois, qui avait fait du stade olympique un chaudron géant. Mais surtout parce que le titre mondial de la saison 2018 allait se jouer durant les dernières finales de la saison.

Akiyo Noguchi faisait face à sa compatriote Miho Nonaka. Quoi qu’il en soit, la victoire reviendrait à une japonaise. Mais laquelle ? Le suspense était total. Si elle voulait l’emporter, Akiyo devait terminer première ou deuxième des finales et espérer que Miho ne fasse pas mieux qu’elle.

L’expérimentée japonaise commence la compétition très fort, en étant la première à toper le bloc 1 avec sa grâce qui la caractérise tant, alors qu’il lui restait moins d’une minute au compteur. Mais Miho Nonaka fera encore mieux, enchaînant le bloc à son deuxième essai, soit un de moins qu’Akiyo.

La grâce d’Akio Noguchi dans toute sa splendeur

Toutes les deux réalisent à vue le second tracé et Miho maintient son avance dans le troisième bloc, enchaînant le jeté à vue alors qu’il faudra deux essais à Akiyo pour le toper.

Cette dernière met alors la pression à sa rivale dans le dernier bloc. S’élançant avant Miho, elle monte au sommet de ce bloc à vue. La tension était alors maximale. Après cinq mois de compétition à travers le globe, le titre mondial allait se jouer à ce moment précis. Dans cet ultime bloc. Mais la jeune japonaise, réputée pour son mental d’acier, ne laisse pas la pression prendre le dessus. Elle enchaîne ce bloc à vue également, battant ainsi Akiyo de deux essais.

Miho dans le premier bloc des finales © Sytse van Slooten / IFSC

Depuis ces cinq dernières années, Miho Nonaka finissait dans le top 5 mondial. Mais cette saison, le titre lui revient. Une victoire amplement méritée, elle qui n’aura pas fait pire que deuxième cette année sur l’ensemble des Coupes du Monde de bloc. Première à Meiringen, elle finira ensuite à chaque reprise sur la deuxième marche du podium, comptabilisant six médailles d’argent au total.

Akiyo Noguchi termine donc deuxième du classement de la saison, ayant remporté plus de médailles d’or que n’importe quelle autre grimpeuse. Enfin, comme vous le savez sûrement, c’est Fanny Gibert qui monte sur le podium de ce classement général, terminant à une belle troisième place.

Le podium du classement général de la saison 2018 © Sytse van Slooten / IFSC

Janja Garnbret toujours plus impressionnante.

« Quatre blocs enchaînés à vue en finale. Je pense que c’est ma plus grosse performance en bloc. »

Le sourire aux lèvres, Janja semble ne pas réaliser ce qu’elle vient d’accomplir. Enchaîner l’intégralité d’une finale mondiale à vue, peu de grimpeuses l’ont fait.

Hier soir, Janja a inscrit son nom dans ce club très sélect, elle qui signait son grand retour sur les compétitions de bloc ce week-end. Ayant participé aux premières étapes de la saison à Meiringen et Moscou la slovène avait dû faire un break pour se consacrer à ses études et commencer à s’entraîner en vue de la saison de difficulté. Actuellement en tête du classement général des Coupes du Monde de difficulté, elle s’est permis de quitter son baudrier, pour participer à cette dernière manche mondiale de bloc.

« Honnêtement, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre en venant à cette compétition, après tellement de Coupes du Monde de difficulté, j’étais pleine d’interrogations sur ma forme en bloc. »

Janja Garnbret déjà très en forme lors des qualifications et des demi-finales © Sytse van Slooten / IFSC

Première des qualifications. Première des demi-finales. Je vous laisse deviner la place qu’elle occupera en finale. Pourtant, les ouvreurs avaient fait en sorte de créer le spectacle, avec des blocs à la fois physique, technique et surtout dynamique, avec ce côté aléatoire rendant les blocs quasiment impossibles à enchaîner à vue. « Impossible », un mot qui ne fait pas partie du vocabulaire de la slovène, qui repousse les limites de l’impossible depuis son arrivée sur le circuit mondial.

Elle tope le premier bloc à vue, sûrement le plus dur à enchaîner de cette façon, à cause notamment de ce premier mouvement aléatoire, qu’il faut « sentir » pour réussir. Le deuxième bloc tombe à vue également. La machine Garnbret était lancée, plus rien ne pouvait l’arrêter. Pas même ce mouvement dynamique du troisième bloc, qu’elle enchaîne à vue également. Organisateurs, spectateurs et commentateurs n’y croit pas leurs yeux.

Il ne restait alors qu’un bloc qui séparait Janja de la victoire: « j’étais la troisième finaliste à passer, et à l’approche du dernier bloc, je savais que Miho Nonaka et Akiyo Noguchi l’avaient enchaîné à vue. Je devais à tout prix le réaliser en moins de deux essais si je voulais gagner. Mais j’ai grimpé sans pression, en étant confiante dans ma grimpe. Je me sentais juste bien et heureuse, avec ce public incroyable qui me poussait vers le top. Je l’ai enchaîné à vue également. »

Janja Garnbret s’envole dans son dernier bloc à vue © Sytse van Slooten / IFSC

Quatre blocs à vue. Personne ne fera mieux que Janja ce soir. Les ouvreurs n’auront pas réussi à faire chuter « celle qui ne tombe jamais ». Pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé. Son bilan de la saison en bloc est impressionnant. Deuxième de la Coupe du Monde de Meiringen, à deux essais de la victoire, elle remportait le week-end suivant l’étape de Moscou. Ayant fait l’impasse sur les quatre étapes qui suivirent, elle se retrouve aujourd’hui sur la plus haute marche du podium, n’ayant pas fait pire que deuxième cette saison.

Ainsi, au classement général, elle réussit l’exploit de faire partie du top 4 mondial en n’ayant même pas participé à la moitié des compétitions de la saison !

Ce week-end, je me suis prouvée que je pouvais le faire, même en ne m’étant pas entraînée aussi spécifiquement pour le bloc qu’en début de saison. Réussir à enchaîner ces quatre blocs à vue ce soir, c’est comme un rêve qui devient réalité pour moi. C’est juste incroyable ! J’espère pouvoir performer aussi bien lors des Championnats du Monde d’Innsbruck. »

Une belle quatrième place pour Fanny Gibert

Derrière ce trio imprenable, on retrouve notre représentante française de ces finales féminines, Fanny Gibert. S’étant assurée de la troisième place au général dès la fin des qualifications, Fanny a pu se libérer complètement, comme le prouvait sa première place acquise en demi-finale.

Hier soir, elle était donc la dernière des six finalistes à partir à l’assaut des blocs. Si elle enchaîne le bloc 3 à vue, il lui aura manqué un peu de concrétisation sur les autre tracés, puisqu’elle chutera au sommet de tous ses autres blocs.

Elle termine 4ème de ces finales, place qu’elle occupait déjà lors de la dernière compétition à Vail aux USA, après avoir décroché le bronze à Tai’An.

Fanny Gibert, très régulière cette saison © Sytse van Slooten / IFSC