« The Future Of Climbing », le film d’escalade français à voir !

Il a fait le tour des festivals de films depuis sa sortie en mars 2025 et a d’ores et déjà remporté plusieurs prix… C’est le film du moment dans le milieu de l’escalade !
Vous doutez que notre pratique de l’escalade est en train de vivre des changements majeurs ? Pourtant, le nombre de pratiquants explose comme jamais auparavant. Mais comment notre milieu accompagne aujourd’hui ces nouveaux grimpeurs ? Comment l’éducation aux bons comportements se fait-elle ? Quelles sont les problématiques qui accompagnent l’évolution de notre sport ? Et surtout, notre pratique en extérieur peut-elle être remise en cause par des habitudes trop ancrées ? Loin de s’attarder seulement sur l’escalade en salle, le film veut avant tout prendre soin de notre grimpe en pleine nature.
Répondre à ces questions épineuses en seulement 52 minutes était un exercice difficile, surtout sans être trop moralisateur. Pourtant nous avons été scotché du début à la fin grâce à une réalisation intelligemment menée et saupoudrée d’humour quand il le faut. Si avec cette présentation express, vous hésitez encore à visionner le film, voici d’autres bonnes raisons de vous lancer…
Une équipe solide à l’origine du projet
Réalisé par Guillaume Broust sur une idée de Cédric Lachat, nous avons affaire ici à deux personnages rodés dans l’exercice du film d’escalade.
Guillaume Broust est un réalisateur français ayant déjà œuvré avec les films d’escalade Lotus Flower, The Pathan Project ou encore le délicieux Swissway To Heaven avec déjà le fameux Cédric Lachat à l’affiche. Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas le personnage, Cédric Lachat est un grimpeur professionnel suisse hyperactif, tant sur le cailloux que dans sa tête. Les films où il apparait deviennent à chaque fois cultes, ensoleillés par sa bonne humeur et son comique de situation.
La collaboration entre les deux semble fonctionner puisque Guillaume Broust s’associe une nouvelle fois à Cédric pour donner une bonne dose de dérision afin d’appuyer des propos plus sérieux.

Une scène d’ouverture ingénieuse et captivante | © The Future Of Climbing
Une réalisation haut de gamme
L’équipe de Guillaume Broust a bien compris que pour s’attaquer à un sujet aussi brûlant il allait falloir bosser sur la qualité pour gagner en crédibilité. Co-produit par TéléGrenoble et soutenu par le CNC ainsi que le FODACIM (fonds d’aide au cinéma de montagne), on sent une certaine patte télévisuelle avec ses codes et son sérieux dans le développement du sujet.
On pourrait néanmoins lui reprocher parfois un style un peu lisse avec une voix OFF très propre, ce qui donne l’impression à certains moment de regarder un documentaire sportif un peu stéréotypé. Mais c’est sans compter sur les apparitions jouissives de Cédric Lachat et des scènes plus artistiques qui rééquilibrent le documentaire vers sa racine rebelle d’escalade libre.
D’ailleurs, dès la scène d’ouverture on est captivé par une grimpeuse sur une kilter board évoluant au rythme de la musique. Une scène aussi esthétique que technique montrant là tout le talent de Guillaume Broust.
Traveling, hyperlapse, incrustations, l’équipe du film use d’une diversité de prises de vues faisant passer le documentaire dans la cour des grands, au coté des réalisations américaines à gros budgets comme The Valley Uprising ou encore The Dawn Wall. Tout ceci est au service d’un montage dynamique et prenant.

Des images d’archives pour nous rappeler d’où l’escalade viens | © The Future Of Climbing
Une recherche documentaire approfondie
La scène de réveil dans le van de Cédric Lachat, mise en parallèle avec la cultisme scène de Patrick Edlinger faisant de même, montre la démarche du film : pour savoir où l’on va il faut savoir d’où l’on vient. Des images d’archives pertinemment choisies viennent dérouler cette réflexion. Et même si vous connaissez l’histoire de l’escalade sur le bout des doigts, la façon ici de présenter les choses apporte de nouveaux éclairages sur nos racines sportives. Ce travail documentaire ravira donc autant les experts que les néo pratiquants ayant soif de connaissances.
De nombreux athlètes sont interviewés et apportent des visions différentes et complémentaires à l’instar des générations passées avec Dave Graham, Chris Sharma, Marc Le Menestrel, Edu Marin et de la jeunesse qui incarne à la fois le présent et l’avenir, comme Julia Chanourdie, Théo Blass, Solenne Piret, Manon Hily ou encore Eline Le Ménestrel.
Au-delà des athlètes, Cédric Lachat explique que le film fait intervenir également des acteurs locaux, des fédérations et que l’équipe s’est déplacée sur de nombreux sites emblématiques pour voir les impacts de la grimpe sur place.

Les sites sous restrictions ou fermés augmentent | © The Future Of Climbing
Le tournage met ainsi en valeur les falaises emblématiques d’Oliana et de Margalef en Espagne, de St-Léger du Ventoux, Buoux et de Fontainebleau en France. L’équipe à visité également plusieurs salles du groupe Arkose, l’Espace Comboire, l’Aulp du Seuil et différentes salles d’escalade locales d’Isère. Et pour finir, l’Italie, qui rencontre des difficultés dans la gestion de ses sites comme à Meschia, un site de bloc aujourd’hui malheureusement fermé, puis dans les magnifiques vallées granitiques du Tessin (Suisse) où la surfréquentation récente pose des questions sur l’avenir.

Cédric Lachat n’hésite pas à tourner en ridicule nos abus | © The Future Of Climbing
Pour une prise de conscience de nos comportements néfastes
Les incivilités minoritaires entachent l’image de toute une communauté, or, plus nous sommes nombreux et plus ces comportements prennent de l’ampleur rappelle le film.
« Encourager la pratique des sports outdoor sur les réseaux sociaux ? Se focaliser sur l’individu et sa performance ? Mais quid de l’histoire du lieu ? Des espèces qui y vivent et des habitudes de vie des locaux ? » nous interroge Éline Le Ménestrel.
Le film présente ainsi les réflexions abordées : « La gestion du site, le surpeuplement, la responsabilité, la coexistence avec les propriétaires fonciers, les communautés voisines, la faune et la flore sont les principaux problèmes à résoudre pour continuer à profiter de l’accès à l’escalade en plein air. »
Le mélange entre l’enquête sociologique et le comique de Cédric fonctionne parfaitement. Ce dernier joue à la perfection le rôle du grimpeur accumulant les comportements néfastes et mettant en péril notre pratique. Musique au pied de la falaise, cris de colère, PQ laissé à la vue de chacun, etc… Cédric Lachat ne se cache pas d’avoir déjà eu ces comportements, comme nous toutes et tous… Sans nous taper sur les doigts, le film préfère nous accompagner vers des comportements plus vertueux.

Le futur c’est maintenant | © The Future Of Climbing
Plus qu’à vous installer confortablement
The Future of Climbing remet en lumière les questions fondamentales de l’escalade en extérieur, quelque peu éclipsées ces dernières années avec la montée de l’escalade en salle. Le film nous rappelle également l’importance de faire vivre et de transmettre la culture de l’escalade si l’on souhaite préserver une pratique authentique et vertueuse de ce sport.
On imagine très bien le film de Guillaume Broust dérivé en une série TV pour rentrer un peu plus en profondeur et explorer d’autres pistes. Notamment sur l’essor des salles d’escalade et le changement d’approche plus consommatrice dans la pratique de notre passion. Guillaume, Cédric, au travail !