Tanguy Merard, inarrêtable, vient à bout de Biographie après 3 ans de travail
Chris Sharma en 2001, Adam Ondra en 2014, Margo Hayes en 2017, ou encore Seb Bouin en 2020, on ne compte plus les très forts grimpeurs à être venus à bout de « Biographie », et c’est maintenant au tour de Tanguy Merard d’enchaîner cette célèbre voie de Céuse.
Il y a quelques jours, le jeune Nimois partage sur ses réseaux sa réalisation de « Biographie », une voie considérée comme le premier 9a+ au monde. Le grimpeur de 19 ans n’en est pas à son premier 9a+, en validant déjà cette année deux autres voies de cotation similaire: « Les yeux plus gros que les Roubignoles » à Russan ainsi que « Supercrackinette » à Saint Léger.
« Biographie » semble tout de même lui avoir posé plus de difficultés dans la mesure où elle est le résultat de pas moins de 3 ans de travail.
Il revient sur ce processus couronné de succès :
Pendant le confinement, un pote à moi, Diego Fourbet, m’a parlé de Biographie en me disant qu’il avait déjà essayé et qu’il comptait l’essayer après le confinement. Je me suis mis en tête d’essayer avec lui, je me suis donc entraîné comme un acharné pendant 2 mois spécifiquement pour Biographie et j’ai regardé des dizaines de fois la vidéo de Sharma en m’étirant.
Il réalise ses premiers essais en 2020 aux côtés de Jean-Elie Crestin-Billet qui travaillait également la voie. Il se heurte alors à l’un des objectifs les plus ambitieux de sa carrière de jeune grimpeur.
À l’été 2020, je suis arrivé très en forme mais je ne m’étais jamais attaqué à un projet de cette envergure et j’étais très impatient d’essayer la voie. J’étais tellement impatient qu’à ma deuxième montée, je mettais déjà des essais pour tenter l’enchaînement : je n’étais donc pas très calé et je n’avais pas du tout optimisé les méthodes.
À ma troisième séance je suis tombé au crux du haut, au croisé, et je suis tombé sur ce mouvement tout l’été.
L’été suivant, en 2021, un travail de vacances dans un restaurant l’empêche de multiplier les tentatives et de travailler sérieusement ce projet exigeant. Il explique avoir réalisé des runs satisfaisants mais sans parvenir à passer le crux.
En 2022 j’ai beaucoup essayé et je me suis acharné de mai à novembre, le premier jour de la saison j’ai passé le crux pour la première fois et je suis tombé dans les derniers mouvements pour aller au bac final. J’étais trop heureux d’avancer dans le projet après tant de temps.
J’y suis retourné une semaine après mais je ne bougeais plus dans la voie, j’arrivais au crux éclaté et je n’avais aucune chance d’enchaîner, c’était vraiment dur de ne pas comprendre pourquoi d’un jour à l’autre j’avais un tel écart dans la voie.
J’y suis retourné en fin d’été, j’ai repassé le pas de bloc et je suis tombé à un mouvement de la fin. Quatre jours après je n’évoluais plus tellement dans la voie et je me suis acharné jusqu’en novembre sans grand succès.
La persévérance lui permettra d’enchainer la voie en ce mois d’avril 2023, mais non sans difficultés supplémentaires.
Juste avant d’y retourner cette année, j’étais impatient mais en même temps pas sûr de mes capacités à enchaîner la voie car je n’étais pas très en forme.
À mon premier run j’ai galéré à passer la première partie de la voie où c’était facile d’habitude et je suis arrivé explosé au pas de bloc. Saoulé d’être aussi nul, je remonte à la corde pour refaire le pas de bloc mais je n’y arrive pas : je redescends.
Je songe alors à aller voir une autre voie mais je me motive tout de même à remettre un autre run. Je me sens un peu mieux, j’optimise beaucoup plus mes repos. Je pars dans le crux surexcité, prêt à en découdre, j’arrive à mettre une rage et une intention comme je n’en ai jamais mis. Je sors mon plus gros combat et ça paye. J’arrive au bac sans trop savoir ce que je fais là et je grimpe les derniers mètres sans soucis. Je suis redescendu heureux, sous le choc puis j’ai embrassé les collègues et j’ai savouré la croix.
Cette victoire n’a fait qu’attiser davantage sa soif de falaise. Il continue à vouloir compléter sa liste de croix dans le 9ème degré et envisage même un 9b : « Rastaman Vibration », également à Céuse. Il compte lui consacrer son été pour éventuellement valider son premier 9b.
Il achève l’entretien sur des remerciements : « Merci à tous ceux qui m’ont aidé dans ce projet, ziki la testo à l’assurage (une future légende), mes coachs, Mélissa, les potos, le pas déconnant J-E, Pelorson, mes sponsors, ma famille… Croyez en vous et en vos projets »