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Stefano Ghisolfi répond à toutes vos questions sur « Silence » !

Stefano Ghisolfi a répondu à toutes les questions que l'on se pose sur "Silence" !

Dans la grotte de Hanshelleren à Flatanger, Stefano Ghisolfi travaille actuellement la voie la plus dure du monde : « Silence » 9c. Même si selon ses propos, il est venu sans grandes attentes, il a réalisé de gros progrès en trouvant ses propres méthodes dans la voie et en ayant déjà grimpé toutes les sections intrinsèquement.

Lors de l’une de ses journées de repos, l’Italien s’est prêté au jeu des questions/réponses, et a répondu à toutes les interrogations de ses fans concernant « Silence », le niveau de la voie, le processus de son travail et les projets encore plus durs de la grotte.

Des progrès meilleurs que prévu

Interrogé sur ses progrès dans la voie par rapport à ses attentes, Stefano Ghisolfi répond : « Honnêtement, je ne m’attendais même pas à faire tous les mouvements lors de ce premier trip, ce que j’ai finalement réussi à faire. Donc je grimpe mieux que ce que j’espérais ».

Toutefois, il avoue être surpris par le crux de « Silence » qui n’est pas vraiment là où il imaginait : « Je pensais que la fissure dans le premier crux serait le passage le plus dur de la voie, mais en fait la séquence la plus difficile se situe juste avant ».

En effet, l’Italien a récemment trouvé sa propre méthode, qui lui permet de passer la fissure sans avoir à pivoter autour de son genou, comme l’avait fait Adam Ondra. « Je ne suis pas aussi souple que lui, je ne peux donc pas faire ce mouvement si étrange. Chaque grimpeur a son propre style, j’ai ajusté ma méthode par rapport à mes capacités et à mes qualités. Je préfère donc passer de manière plus physique, en tirant sur de petites arquées, plutôt que de me détruire le genou » explique-t-il.

Pour cela, il contourne par la droite la fissure et se sert de prises qu’Adam Ondra n’avait pas utilisées. Un passage qui est plus dur car plus physique selon le Tchèque, mais toutefois plus conventionnel.

Comparaison des méthodes entre Adam Ondra et Stefano Ghisolfi dans le crux de « Silence » :

Le crux de « Silence » encore plus dur que 8C bloc ?

Concernant la cotation intrinsèque des deux crux, qu’Adam Ondra avait respectivement coté 8C et 8B bloc, Stefano Ghisolfi apporte quelques précisions. Selon lui, le premier crux est encore plus dur que 8C bloc : « Même si je n’ai jamais enchaîné de bloc en 8C, ça me semble beaucoup plus dur, par rapport à tout ce que j’ai pu essayer ».

En revanche, pour lui, le second crux est un peu plus facile que 8B : « Ça se joue sur un mouvement, qui permet d’atteindre l’épaule ». Il explique toutefois qu’il utilise un chausson plus souple que celui qu’Adam Ondra avait utilisé, ce qui lui permet de mieux optimiser sa poussée de pied, rendant ce passage un peu plus facile.

Stefano Ghisolfi dans le second crux de « Silence ».

Une connexion en 10a avec « Silence » existe sûrement !

« La première chose que j’ai remarquée quand je suis arrivé à Flatanger, c’est que « Silence » n’est qu’une petite partie de la grotte » explique Stefano. « J’ai donc imaginé une voie dans ma tête, qui serait une connexion de toutes les voies dures de Flatanger ». 

Cette gigantesque voie (qui serait encore plus dure que le projet imaginé par Seb Bouin) consisterait à débuter dans la première longeur de « Thor’s Hammer » 9a/+, puis enchaîner par « Silence » avant d’arriver dans le crux de « Move » 9b/+ pour terminer par la deuxième longueur de « Thor’s Hammer » cotée 9a+.

Cette connexion extrême serait potentiellement plus dure que 9c+ selon Stefano Ghisolfi et pourrait valoir 10a. « Actuellement, c’est impensable de relier toutes ses voies entre elles, mais peut-être que dans 20 ans, quelqu’un enchaînera aisément « Silence » et tentera alors de connecter toutes les sections que je viens de citer. Ça sera peut-être le premier 10a de l’Histoire, mais pour l’instant, c’est dur à dire. »

D’ailleurs, concernant les limites humaines, il rajoute : « Il ne faut pas oublier que nous sommes juste au début de l’Histoire de l’escalade ». Comme le rappelle si bien Stefano, il y a trente ans, la cotation maximale était de 9a. « Certes, aujourd’hui, 9c semble être la limite mais peut-être que dans 20 ans ou même dans 10 ans, il y aura quelqu’un capable de grimper du 9c+ ou même du 10a ».

La grotte de Flatanger, temple mondial des voies extrêmes

« Silence » vaut-elle vraiment 9c ?

C’est la question que les internautes ont le plus posé à Stefano : « Silence » vaut-elle vraiment 9c ? Est-elle plus facile ? Plus dure ? Qu’en pense l’Italien, après avoir travaillé cette ligne pendant plus de trois semaines ?

Il faut dire que Stefano Ghisolfi est l’un des grimpeurs les plus légitimes dès qu’il s’agit de cotation. En effet, il compte à son carnet de croix près d’une cinquantaine de voies dans le neuvième degré, dont sept 9b et trois 9b+ (« Change », « Perfecto Mundo » et « Bibliographie »). Il est d’ailleurs le seul grimpeur sur terre avec Adam Ondra à avoir clippé le relais de trois 9b+, ce qui en fait un prétendant sérieux au 9c.

« Pour l’instant « Silence » me semble plus dure que ces trois 9b+. Je ne peux encore pas confirmer la cotation de 9c comme je n’ai pas encore grimpé la voie, mais elle pourrait être 9c effectivement. Je dois me donner à 100% pour faire certains des mouvements. Les relier entre eux requiert de nombreuses compétences, il faut par exemple apprendre à coincer ses mains et ses pieds dans une fissure, ce qui fait de « Silence » un vrai 9c. » déclare-t-il.

Stefano Ghisoldi dans les derniers mouvements de « Silence ».

Et si Stefano avait dû choisir le nom de la voie ?

Eh bien il l’aurait appelée « Scream », qui signifie « cri » en anglais. « Qu’on se le dise, « Silence » est un nom étrange pour une voie qui te fait crier autant » rigole Ghisolfi.

Preuve en est, il est très rare d’entendre l’Italien crier pendant qu’il grimpe. Or dans « Silence » il l’avoue, la voie est si dure qu’il ne peut s’empêcher de crier dans les mouvements les plus difficiles.

Un entraînement spécifique pour enchaîner la voie l’année prochaine ?

La fin du trip de Stefano en Norvège approche bientôt. Plus motivé que jamais, il confie qu’il s’entraînera spécifiquement pour « Silence » durant toute l’année (chose qu’il n’avait pas faite pour ce premier trip), afin de revenir sur place l’été prochain bien préparé.

« Maintenant que je connais ma méthode dans la voie, maintenant que je sais à quoi m’attendre, je vais pouvoir cibler des points bien précis sur lesquels m’entraîner ».


La vidéo complète de l’interview

Publié le : 15 septembre 2022 par Nicolas Mattuzzi

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