Siebe Vanhee réussit le premier flash de « Muy Caliente » E9 trad à Pembroke

© Andrea Cossu / Onsen Productions
En début de semaine, le Belge Siebe Vanhee a signé une performance de tout premier plan dans le monde du trad : le premier flash de « Muy Caliente » (E9 6c), une ligne emblématique des Pays de Galles.
Ouverte en 2010 par Tim Emmett, « Muy Caliente » avait été initialement proposée à E10 7a. Avec ses 35 mètres d’escalade exigeante, son style résolument bloc, et surtout un engagement total (parfois l’espace entre les protections dépassent les 10 mètres !), la voie impose autant par son niveau technique (estimé autour de 8a+/8b) que par son engagement. Au fil des répétitions, la cotation s’est stabilisée à E9 6c, mais la réputation de la ligne n’en a pas été diminuée pour autant.
En 2011, James Pearson avait failli créer l’exploit en tombant… sur le dernier mouvement lors de sa tentative flash. Depuis, « Muy Caliente » avait vu défiler quelques-uns des meilleurs de la discipline, sans qu’aucun ne parvienne à la flasher.

© Andrea Cossu / Onsen Productions
Une préparation millimétrée
Arrivé à Pembroke une dizaine de jours avant son ascension, Siebe s’était rapidement plongé dans les classiques du coin, enchaînant plusieurs E8 et E7 à vue ou flash. Mais son véritable objectif restait clair : tenter « Muy Caliente ».
Conscient de l’exigence de la tache, il a soigné sa préparation. Outre quelques vidéos de Hazel Findlay et de James Pearson, il a surtout pu compter sur Ben Heason, répétiteur de la voie, qui a passé près de trois heures à brosser, magnésier et lui transmettre de précieuses indications.
J’ai rarement abordé une tentative flash avec autant de sérieux. Je savais que j’avais les armes pour y arriver, mais sans les conseils de Ben, je n’aurais pas pu réussir !
Siebe Vanhee

© Andrea Cossu / Onsen Productions
Un combat physique et mental
Durant sa tentative, Vanhee a failli tout perdre en milieu de voie, sur un mono main gauche, particulièrement délicat à atteindre.
Obligé de retirer une protection mal placée pour se repositionner, il s’est retrouvé « super daubé », selon ses propres mots, mais a réussi à se refaire dans un repos précaire.

© Andrea Cossu / Onsen Productions
Après quelques minutes, il a retrouvé assez de fraîcheur pour se lancer dans le dernier crux et filer vers le sommet.
Quel soulagement ! Ce flash restera un moment fort de ma carrière de grimpeur !
Siebe Vanhee
Un séjour impressionnant !
« Muy Caliente » n’est pas le seul joyau de son trip gallois. En dix jours, le Belge a compilé une liste de croix impressionnante :
- E8 à vue : « Point Blank », « Mercia Wall », « San Simian »
- E8 flash : « Nothing to Fear », « Do you know where your Children are? »
- E7 à vue : « Boat to Naxos »
- E6/E7 flash : « The Black Lagoon », « Half man », « Half Beast »
Et son séjour n’est pas fini…!
Comprendre les cotations en tradLe principeEn trad, les voies sont cotées avec un système un peu particulier : les E grades. Le E (pour Extreme) donne une idée de la dangerosité globale d’une voie : plus le chiffre monte (E5, E7, E9…), plus l’engagement et le risque en cas de chute sont importants. À côté, on trouve une cotation technique (du type 5c, 6a, 6b…), qui correspond à la difficulté pure d’un pas ou d’une section, comme nos cotations de bloc. Donc E-grade = Difficulté physique + Risque / engagement • Le « E » (E5, E7, E9…) exprime la dangerosité globale (longs espaces entre les points, protections douteuses, conséquences d’une chute, etc.). Actuellement, la cotation maximale s’élève à E12. • Le nombre (5c, 6a, 6b, 6c, 7a, 7b, 7c) décrit la difficulté du crux (≈ intensité d’un pas, proche d’une logique “bloc”). Mais attention : cette cotation ne correspond pas du tout à la cotation que nous connaissons ! Il s’agit d’une échelle de cotation spécifique aux Anglais, nommée British Tech. Pour mieux comprendre• Le British Tech n’est pas notre 6a/6b français : l’échelle est plus aplatie. Correspondances ci-dessous = ordres d’idée pour se repérer.
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