Sachi Amma et Mina Markovic décrochent l’or à Imst

 Si pour beaucoup c’est les vacances en cette période, c’est loin de l’être pour nos grimpeurs internationaux! En effet, ce week-end avait lieu la deuxième coupe du Monde de difficulté de la saison. C’est sur l’imposant mur extérieur d’Imst, en Autriche, que se déroulait la compétition. Et on peut dire que les représentants de notre pays ont su tirer leur épingle du jeu, puisque sur les six français envoyés, quatre sont qualifiés pour les finales. Petite déception pour Manu Romain, qui échoue à une petite place de ces finales.

On commence avec les hommes puisque c’est eux qui ont ouvert le bal hier soir. Une voie longue et difficile à lire, coté 8c. L’ouvreur l’a annoncé, les prises sont petites et il est très dur de comprendre les mouvements dans le toit. Mais si la lecture a été bien faite, alors ça ne devrait pas être si dur. Une voie de finale qui offre donc peu de place à l’erreur.

Le premier grimpeur à s’engager n’est autre que le Chambérien Gautier Supper. Il grimpe rapidement, comme à son habitude. Il s’offre une jolie lolotte à l’entrée du toit, mais chute quelques mouvements après, ne sachant trop comment se placer au milieu de tous ces volumes triangulaires. 
C’est Magnus Midtboe qui suit. Il grimpe posément, en se relâchant souvent les bras. Le Norvégien livre une belle bataille dans le toit, mais tombe quelques mètres avant de sortir de celui-ci, suite à un manque de précision pour aller chercher une petite prise main gauche. 
Deuxième français à entrer dans cette finale, c’est au tour de Thomas Ballet. Il gère son début de voie en ayant une grimpe très fluide et dynamique et en soufflant bien. Il perd tout de même pas mal d’énergie juste avant d’attaquer le toit, en voulant croiser là où les autres ont relancé. Il se bagarre bien ensuite, mais le Lyonnais se précipite un peu trop, sa main gauche zippe en envoyant le mouvement suivant. 
Jakob Schubert entre dans la place, sous les applaudissements du public, ou plutôt de son public. L’Autrichien, qui joue à domicile, semble un peu tendu en débutant son ascension. Mais très vite, il se libère de toute pression, s’offrant deux coincements de genoux dans le fameux toit. Il gère et semble comprendre tous les mouvements. Il se repose un long moment, sur une bonne inversée. Avant de continuer, Jakob se retourne et chauffe le public, profitant à fond de sa finale. Mais l’enfant du pays chutera quelques mouvements plus loin, en fin de voie, malgré une lolotte qui ne suffira pas pour tenir la prise suivante. Il s’empare donc incontestablement de la tête du classement provisoire. 
Grosse déception pour notre dernier Français à se présenter dans ces finales messieurs. Romain Desgranges est très concentré au pied du mur. Il grimpe bien, avance et passe le toit sans encombre, mais chute en jetant sur une prise un peu loin, ne prenant pas une petite prise intermédiaire qui a permis à Jakob de réussir le mouvement. Mais à son retour sur terre, le Chamoniard est accueilli par le juge de la voie. Ce dernier lui explique qu’il a mis son pied gauche sur une plaquette en début de voie. C’est donc malgré une belle prestation qui lui aurait permis d’obtenir la quatrième place de la compétition, que Romain se voit rétrogradé à la huitième place. 
Belle performance de Hyunbin Min, qui, après avoir bien géré son début de voie, mettra le feu au public en s’offrant un repos total, étant seulement tenu par ses deux genoux sous le premier volume triangulaire. Après s’être bien relâché, il chute au rétablissement. 
Avant-dernier grimpeur à s’élancer, Sachi Amma avancera bien. Il comprend chacun des mouvements et les enchaîne sans trop de difficultés. Il tombe au même endroit que Jakob. Le classement de la demi-finale les départageant, c’est le Japonais qui prend la première place provisoire. 
Enfin, Ramon Julian nous offrira une grimpe tout en puissance. Il se met en difficulté dans le toit, n’étant pas aussi fluide que ses concurrents, mais grâce à une force impressionnante, il s’en sort. Quand on le voit se balader sans les pieds, en blocage d’une main, dans un 8c bien tassé, on se rend compte du talent de l’Espagnol. Il chutera sur le même mouvement dynamique que Romain.

C’est donc Sachi Amma qui s’offre la première place de la compétition, devant Jakob Schubert. Ramon Julian monte sur la troisième marche du podium. 

C’est au tour des femmes de venir s’amuser sur la voie en 8b+ concoctée par les ouvreurs. Une longue dalle tout en placement en début de voie, suivie d’une longue diagonale, du toit jusqu’à la prise finale. La voie semble très longue et il faudra être très attentif à chacun de ses mouvements.

Jessica Pilz, la première à s’élancer n’a que 16 ans. Tout comme Jakob Schubert, elle grimpe à domicile. C’est seulement sa quatrième compétition chez les séniors et la voilà en finale d’une coupe du Monde! Imaginez un peu dans quelques années… Elle prend le temps de grimper proprement, mais un changement de main un peu aléatoire avant d’aller chercher une prise en début de toit aura raison d’elle.
Seule Française de la compétition, mais non des moindres, Hélène Janicot arrive très concentrée, démarre son chrono et se lance dans sa finale. Elle grimpera très proprement et enchaîne là où est tombée Jessica. Elle se bat pour sortir du toit, mais tombe quelques mouvements plus loin.
Une sacrée prétendante à la victoire entre ensuite. Jain Kim grimpera comme à son habitude, posément et tout en souplesse. Elle se fait une petite frayeur au même endroit que Jessica, où elle manque de chuter. Mais le plus gros problème ne vient pas de là: il ne lui reste qu’une minute lorsqu’elle débute le toit. Sentant le temps s’écouler, elle accélère, dépasse Hélène, mais la Coréenne se fait arrêter par le temps quelques prises plus loin. Dommage, elle semblait encore pouvoir continuer.
Evgenia Malamid suivra. Elle cherche à ne pas faire d’erreur, mais arrive un peu fatiguée devant le toit. La Russe chutera juste au-dessus de Jessica.
C’est sa compatriote qui s’élance ensuite. Dinara Fakhritdinova grimpera rapidement et très proprement. Elle s’octroie un long repos en sortie de toit alors qu’il ne lui reste qu’une trentaine de secondes. Elle chutera sur le même mouvement que notre Française. Mais là encore, elle sera attrapée par le juge en descendant. En effet, en se reposant avant le toit, la Russe a malencontreusement posé son pied droit sur une plaquette, tout comme Romain Desgranges! Un comble pour nos deux champions d’Europe en titre! Tout comme le Chamoniard, elle se retrouve elle aussi à la huitième place.
C’est au tour de la Japonaise Momoka Oda et elle n’est pas venu faire de la figuration! Les mouvements un peu aléatoires ne lui font pas peur et elle avance sur un bon rythme. Les passages durs sont gérés parfaitement. Elle arrive à quelques prises de la fin, mais sentant l’acide lactique lui paralyser les bras, elle jettera pour toucher une des dernières prises. Momoka prend donc largement la tête du classement provisoire.
Magdalena Rock fera une belle prestation. L’Autrichienne perd elle aussi de l’énergie juste avant le toit, mais s’en sortira grâce à un talon gauche, qu’elle ira poser plus haut que les oreilles. Elle regagnera le sol suite à une zipette juste avant le rétablissement.
La dernière grimpeuse de la soirée n’est autre que la favorite Mina Markovic. Ses gestes sont rapides mais précis. Elle semble encore très lucide en sortant du toit. La Slovène fait beaucoup travailler ses jambes. Elle chute en fin de voie, au même endroit que Momoka. 

Suite à une meilleure demi-finale, c’est Mina Markovic qui empoche l’or, devant Momoka Oda et Jain Kim.

Ce fut encore un beau spectacle comme chaque année à Imst même si aucun grimpeur n’est parvenu à sortir la voie qui lui était proposée. Malgré deux grimpeurs qui se retrouvent déclassés suite à une erreur involontaire de leur part et une grimpeuse arrêtée par le temps, ces finales, hautes en rebondissement, auront été un agréable moment pour les grimpeurs mais aussi pour le public. La bataille semble lancée entre Ramon et Sachi et Jain et Mina. Les prochaines coupes du Monde promettent de sacrées bagarres.