Résumé des finales de la coupe du monde de difficulté à Chamonix!
Chamonix s’est une nouvelle fois enflammé! Chaque année, les spectateurs sont au rendez-vous et c’est grâce à ça que Cham, c’est la coupe du monde où il y a le plus d’ambiance!
Et cette édition 2015 fut un grand cru en terme d’ambiance! Comment ne pas avoir les mains moites quand Romain Desgranges serre les dernières prises en fin de voie? Comment ne pas donner toute sa voix pour encourager une cadette première année venue se hisser en finale d’une coupe du monde senior?
Débriefing de cette finale qui a tenu toutes ses promesses!
Reprenons cette soirée dans l’ordre chronologique des événements. D’abord, ce sont les hommes qui ouvraient le bal. Une voie technique et physique, où il n’est pas facile de trouver un rythme adapté, avec une fin où il faut encore avoir des watts pour serrer les dernières prises et s’envoler vers le bac final.
1er concurrent à s’élancer, Sebastian Halenke fait le show en montant haut, très haut dans la voie. Il chute en allant chercher la dernière prise, après avoir déroulé une grimpe quasi parfaite: de la fluidité et de l’efficacité.
À ce moment, tout le monde se pose des questions… Est-ce que cette voie ne va pas être trop simple pour les 7 autres cadors qui arrivent, le couteau entre les dents? Hé bien non, puisqu’au final, personne ne parviendra à la topper, et c’est finalement l’allemand Halenke qui était bien en forme. Il montera d’ailleurs sur son premier podium, récoltant la médaille de bronze.
Juste après lui, c’est l’homme aux 108 coupes du monde qui s’élance. Après 15 ans passés au top level, Ramon Julian veut prouver qu’il est toujours de la partie. Mais dans la voie, il semble plus en difficulté que son prédécesseur. Il zippe une première fois – la place du Mont-Blanc retient son souffle – puis une seconde fois! Heureusement, l’espagnol est puissant et parvient à lutter contre la gravité. Il arrive lui aussi sur le dernier volume avant la dernière prise et est obligé de jeter: il a le bac dans les mains mais se fait emporter. Il ne le sait pas encore, mais il sera le seul à toucher des doigts cette dernière prise orange.
Zipette de la main pour Gautier Supper, 5ème, alors qu’il s’apprêtait à sortir du gros dévers. Dommage, il semblait avoir trouvé un bon rythme dans cette voie.
Adam Ondra semble un peu moins facile que d’habitude. Pas facile de négocier tous ces placements au milieu de ces nouvelles prises Cheeta qu’il faut apprendre à connaître. Mais le tchèque a de l’expérience et parvient à se hisser non loin du top. Il tente un croisé difficile pour aller chercher le bac, mais ça ne passera pas. Ce sera une médaille d’argent pour cette fois.
Romain Desgranges était comme d’habitude à Chamonix l’homme le plus attendu. Dès son entrée, la foule est en délire. Le temps de se caler dans sa voie et de trouver un rythme approprié, le chamoniard se retrouve à son tour au sommet de la voie. Mais il faut être précis sur ses pieds, car une partie seulement des prises est recouverte de grain, l’autre est lisse. Garder le pied plus bas l’a rendu un peu court pour aller chercher le volume. Sous l’ovation du public, il termine 4ème.
Voici ses impressions, à chaud:
« Je me sentais plutôt bien dans ma grimpe depuis le début du week-end. Cette coupe du monde, c’était l’objectif du début de saison, du coup je suis assez content de mon niveau physique, j’ai pu le prouver lors des qualifs et des demi-finales. Après ce soir, ça se joue sur des petits détails. C’est pas loin, mais dans « pas loin » il y a « pas » et « loin », du coup il faut travailler encore pour être présent jusque dans les derniers mouvs et aller chercher la victoire. J’espère me rattraper la semaine prochaine à Briançon! »
On bascule à gauche du mur, avec des prises plus grosses, des macros. « La voie aux 1000 talons », c’est ainsi que l’on pourrait la surnommer. Il va falloir faire parler la puissance mesdames pour s’extirper du dévers et arriver sur une dernière partie beaucoup plus en sensations, pour traverser et rejoindre le même bac final que dans la voie des hommes.
Et là aussi, l’ambiance était à son comble! Au fur et à mesure que les grimpeuses passaient, le niveau augmentait. C’est d’abord la très polyvalente Aya Onoe qui s’est élancée, capable de faire des finales en coupes du monde de bloc et de diff. C’est malheureusement un peu compliqué pour elle dès qu’il faut claquer les plats en plein dévers. Elle terminera 8ème.
Anak Verhoeven sera l’une des premières à se sortir du dévers. La belge aura passé beaucoup de temps dans le bas de la voie, ne parvenant pas vraiment à rythmer son escalade. Mais dès qu’elle fut lancée, plus rien ne semblait pouvoir l’arrêter! Elle tombera dans la traversée sur les volumes en fin de voie, ce qui lui rapportera la 4ème place.
Surprise pour Jain Kim, qui tombera deux prises plus bas. C’est rare de voir la coréenne forcer comme elle l’a fait ce soir et s’autoriser à prendre quelques risques en engageant des mouvements dynamiques. Sur cette première étape de la saison, elle devra se contenter de la 5ème place.
Notre seule représentante française réalisera à peu près la même prestation que la coréenne. Hélène Janicot tombe juste sous Jain Kim, par manque de lucidité sur cette fin toute en sensation.
Devant, le trio de tête fait rage! Janja Garnbret aura quant à elle bluffé tout le monde. La relève slovène est là. À 16 ans, elle participe à sa première coupe du monde, et d’une manière toute simplement ahurissante! C’est facile, on aurait dit qu’elle était dans sa voie d’échauffement. Elle n’aura pas sourcillé, à se demander si elle a vraiment forcé… Explosion de joie au cœur de Chamonix quand elle clippe le relais, et redescend, le sourire sur le visage. Croyez-moi, retenez bien son nom!
Mina Markovic, qui s’élançait juste après, avait la pression. Après la grâce et la fluidité de sa compatriote, elle veut prouver qu’elle est toujours la leader de cette équipe slovène. Tant bien que mal, elle se hisse à son tour au sommet, et attrape le bac final. Elle remportera donc la compétition suite à ses résultats en qualif.
Enfin, à la troisième place, c’est Jessica Pilz, toute jeune elle aussi, qui complète le podium. Il ne lui aura pas manqué grand chose pour concrétiser, puisqu’elle tombe juste sous le top.
Voilà, Chamonix 2015 c’est fini, et comme chaque année, ce fut une immense réussite. C’est avec des événements de cette ampleur que l’escalade marque de bons points auprès du CIO pour espérer intégrer un jour les Jeux Olympiques.
Mais d’ici là, rendez-vous dans une semaine à peine, pour la deuxième étape de coupe du monde de la saison qui aura lieu à Briançon. Et là aussi, il risque bien de faire très très chaud dans le public…