Résumé complet des finales des championnats d’Europe de difficulté
Cham, une compétition d’envergure, devant un public d’envergure. Et oui, on ne change pas une équipe qui gagne: un lieu mythique, face au mont blanc, pour un championnat d’Europe, quoi de mieux? Une fois de plus, une organisation millimétrée aussi bien dans la gestion des grimpeurs, de la presse ou du public, bref, un évènement très pro, à l’image des autres grands événements de la vallée.
Et pour couronner le tout, la victoire de Romain Desgranges, devant son public! Son premier gros titre international, à la maison, je vous laisse imaginer l’ambiance sur la place du Mont Blanc quand le dernier compétiteur à s’élancer, Ramon Julian, zippera juste en dessous de Romain. Un public en furie, un Romain déchaîné qui a laissé échapper toute sa rage, un grand moment!
Mais revenons un peu plus précisément sur ces finales. Chez les hommes, comme chez les femmes, les voies sont très (trop?) dures, et aucun grimpeur n’en viendra à bout. En effet, au regard de la prestation de certains compétiteurs en demi, les ouvreurs ont légèrement modifié les voies originales de la finale par peur qu’elles soient trop simple. Au final, un poil dur, le tout dans des conditions assez humides, mais le spectacle était tout de même de la partie.
Chez les hommes, Manu Romain est le premier à s’élancer, et on se rend compte rapidement que dès le départ ça attaque fort. Il n’y a aucun moment de répit, à peine le temps de caker sur des mouvements teigneux avec des pieds difficiles à charger. Il chutera dans LE crux de la voie, à l’entrée de la dernière section, et terminera 4ème. L’autrichien Jakob Schubert fera moins bien, une prise en dessous. Après une saison de coupe du monde de bloc, on sent le champion du monde en titre un peu fébrile en rési, avec une autonomie limitée. Mais tout porte à croire que d’ici un mois, le niveau explosera. Jorg Verhoeven grimpe vite et propre, comme à son habitude, et chute sur le même crux que Manu. Il se classe donc devant lui (meilleur résultat en demi). C’est au tour de Romain Desgranges de s’élancer. Tout Chamonix à les yeux rivés sur le mur. Ultra affûté, le chamoniard avance et parvient à se relâcher. Une grimpe rapide, une lecture parfaite, et un superbe combat, lui permettent de passer devant les précédents grimpeurs en venant à bout de ce fameux crux. Et il restera en pôle position jusqu’au bout puisqu’aucun grimpeur ne parviendra à faire une meilleure prestation. Une victoire méritée, qu’il attendait depuis longtemps, fruit d’un entraînement hyper sérieux et intense ces dernières années. Respect monsieur! Le compétiteur suivant à s’élancer n’est autre que le suisse, Cédric Lachat, de retour aux affaires. Et là vous nous croirez ou non lors de la lecture, le suisse a super bien lu la voie….. des filles!! Et si, c’est possible! Pourtant il était bien indiqué au pied des voies, « hommes » et « femmes ». Il ne se rendra compte de son erreur que quelques secondes avant la fin de la lecture. Quand vient son tour pour grimper, il utilisera ses 40 secondes de manière optimale pour lire la voie au mieux avant de s’élancer… Hélas ce ne sera pas suffisant, malgré une grimpe puissante, il terminera dernier de la finale, à quelques prises de ses adversaires. Belle perf tout de même! Magnus Midtboe et l’incroyable espoir russe Dimitry Fakiryanov, ne passeront pas le crux de la voie, et Ramon Julian se laissera emporté par une zipette au même endroit, mais son classement en demi finale le propulse en seconde position, devant Jorg Verhoeven.
1. Romain Desgranges
2. Ramon Julian
3. Jorg Verhoeven
Chez les femmes, comme on vous le disait plus haut, même profil de voie que chez les hommes, avec une section très dure après le réta final qui laissera la plupart des grimpeuses sur le carreau. La Belge Mathilde Brumagne réalise un beau run, mais prend un balan qu’elle ne retiendra pas et chute dans le toit. Charlotte Durif, pas hyper entraînée cette année à cause de son stage de fin d’étude aux Etats Unis ces derniers mois, nous régale tout de même d’une jolie prestation. Elle terminera 5ème en chutant juste au dessus de Mathilde. C’est au tour de Maja Vidmar de s’élancer. D’une fluidité et d’une technique hors pair, la slovène semble randonner les différents pas dur qui ont fait grimacer les précédentes grimpeuses. Elle sort du toit tranquillement et explosera quelques mouvements plus loin dans le plus gros crux de la voie.La jeune russe Dinara Fakhritdinova réalisera un run parfait. Malgré une grosse zipette dans le début qui a faillit lui coûter très cher, elle se reconcentre et avale les mouvements les uns après les autres. Arrivée au ceux qui a crucifier Maja, la jeune russe n’hésite pas, relance et tient les prises. Elle continuera d’avancer sur quelques mouvements dans la dernière section avant d’exploser. Et tout comme Romain Desgranges, aucune autre grimpeuse ne parviendra par la suite à faire une meilleur prestation. Elle remporte donc également son premier gros titre international, et certainement pas le dernier vu la qualité de cette grimpeuse. Evgenia Malamid chutera à l’entrée du toit en prenant un balan, de même pour la jeune autrichienne que tout le monde attendait, Magdalena Rock. Peut-être un peu trop de pression sur ses épaules, ce qui l’aura conduit à enchaîner les erreurs, et à chuter un peu prématurément. Mina Markovic, qui était la seule avec Magdalena a avoir sorti la demi, chutera dans le même passage que sa compatriote Maja, et se classera donc 2ème. Idem pour Hélène Janicot, qui prend donc une belle 3ème place (grâce au classement des demi).
1. Dinara Fkhritdinova
2. Mina Markovic
3. Hélène Janicot
La soirée se terminera par un feu d’artifice, suivi du DJ de la compétition aux platines sur la place du Mont Blanc. Encore bravo à l’organisation, aux grimpeurs pour le spectacle, et au public de Chamonix, unique! Et à l’année prochaine!
- Résumé par Marion Thomas et Charles Loury