Première féminine pour Amandine Loury avec « La chiquette du Graal », mythique 8b+ à Buoux
Buoux, falaise historique du sud de la France, n’est pas connue pour ses cotations faciles, bien au contraire. Souvent très à doigts, les répétitions extrêmes se font rares et sont souvent saluées par la communauté de l’escalade. D’ailleurs, vous n’êtes pas sans savoir que « Le bombé bleu » est toujours en projet à Buoux et n’a pour l’heure connu aucune ascension malgré de nombreux très forts grimpeurs à l’avoir essayé ! Mais revenons-en à ce qui nous intéresse aujourd’hui, l’énorme performance d’Amandine Loury qui réalise la première féminine d’un mythe, « la chiquette du graal » à Buoux.
« La Chiquette c’est un véritable mythe à Buoux! Un magnifique bombé orange perché en haut du célèbre secteur de la vire du Spectre, avec tous ses monodoigts qui distendent les tendons et arrachent la peau. Le tout dans un style ultra physique dans lequel il faut tracter vraiment fort sur les monos et où chaque essai fait mal! »
Avouez que dit comme ça, ça ne donne pas tellement envie, mais comme le dit Amandine, cette ligne est un mythe. Depuis toute petite, elle entend parler de la Chiquette équipée par Graou (Bruno Clément) au printemps 1993 et réalisée par lui même l’automne suivant. Pour les fins connaisseurs, des images de cette voie étaient sorties dans le film « Zhaa » (2000), et le rêve avait alors commencé pour Amandine. « L’enchaîner, ce fût une consécration et ça m’a vraiment touchée, d’autant plus qu’il s’agit de la première féminine, plus de 30 ans après son équipement… »
Retour dans le passé
Il y a deux ans, Amandine osait poser pour la première fois les doigts dans la Chiquette. Verdict pour elle? Elle réussissait alors tous les mouvements dès la première montée mais ne tentait pas l’enchaînement derrière tellement ça tirait fort sur les doigts. « J’ai alors vite compris que je ne pourrai faire qu’une montée ou deux max par séance. Du coup c’était un peu dur mentalement. Je montais à la vire que quand j’étais prête mentalement à me faire mal et à tout donner physiquement. »
Mal au corps, mal aux doigts, mal à la peau… mais cette voie est tellement mythique qu’on est prêt à tout accepter pour tenter de l’enchaîner.
Dès sa 3ème séance, Amandine réussit de beaux essais en chutant à l’avant dernier mouvement dur qui consiste à aller chercher un mono très loin à partir d’un double trou en fourchette. « À partir de ce moment là je me suis dit que c’était possible de la faire. »
Mais parallèlement la pression est venue jouer les troubles fêtes: cette voie est un mythe, et en l’enchaînant elle deviendrait la première femme à dompter cette ligne ultra physique et très traumatisante avec sa petite dizaine de monodoigts dans le dévers et ses toutes petites prises de pied.
« J’ai dû tomber 7 fois à ce fameux mouvement. » Puis une année passe, deux nouvelles séances isolées mais sans succès.
De nouveau une année s’écoule et nous voilà en septembre 2024. Le 25 Amandine fait une montée de calage et un run à muerte où elle monte haut en donnant tout ce qu’elle a. Et la semaine suivante, le mercredi 2 octobre elle enchaîne enfin le graal.
« Tellement contente et fière d’avoir enchaîné la Chiquette du graal! Cette voie me tenait vraiment à cœur, non pas de par sa cotation, qui n’est « que 8b+ » (mais bien tassé quand même), mais de par son côté historique et sa réputation. Un grand merci à Stef Candé pour avoir immortalisé en photo ce moment magique pour moi, ainsi qu’à Jean Luc Jeunet pour la logistique et les séances d’assurage sur la vire. Et merci La Sportiva et Rock Empire, vous êtes au top! »
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